L'objectif de la caméra le regardait d'un œil accusateur. Il leva les yeux vers elle. Et sourit avant de disparaître au détour du couloir. Il l'avait trouvé jolie. Pas jolie comme une poupée de chaire. Pas jolie comme une demoiselle de conte de fée ou comme un ange. Non. Juste jolie. Elle avait les yeux affolés mais, les épaules lâches comme du chewing-gum. Tout ce corps mou et pitoyable, quelque part, il avait trouvé ça terriblement affolant. Une sensation de papillonnement qui lui bouffait le creux de la poitrine, comme si son thorax voulait imploser. Ca lui remontait jusqu'à la gorge, jusqu'aux lèvres. Ca le faisait sourire bêtement et lui donnait envie de rire comme un con. Le cocktail chimique dans son sang se mélangeait difficilement avec ses nouvelles lubies. Il la regardait avec une envie dévorante, qui lui cramait les tripes comme une vieille clope incandescente. Une envie puissante. Une envie récalcitrante et pugnace Mais, une envie de quoi ?
De jouer.
Il avait évité les gardiens. S'était collé contre un mur et avait lancé des yeux complices aux caméras de surveillance, comme une provocation à la sécurité. Cela faisait quelques minutes qu'il lui collait au train. Il savait où elle allait. Il lui suffisait de faire le tour. Il y avait cette plaque qui coulissait et disparaissait comme un mirage. Il lui avait suffit, une fois, de la pousser comme une porte de saloon et Ben s'était retrouvé au bout du couloir. Cette immense bâtisse était engorgée de veines invisibles par lesquels les virus de son acabit pouvaient passer sans que le système immunitaire ne vienne emmerder ses délires.
Il entendait ses pas se rapprocher et son estomac se gonflait d'une excitation puérile. Comme s'il jouait à cache-cache. Il attendit patiemment, la tête baissée et l'oreille attentive. Et alors qu'elle passa si près de lui à presque lui frôler le bras, Ben bondit comme un fauve.
Il lui attrapa le bras et la fit tourner contre lui. Une fraction de seconde avait suffit. Ses gestes étaient maîtrisés. Il savait ce qu'il faisait. Ce n'était pas la première fois. Ben était contre elle, contre son dos. Sa main lui tenait fermement le bras et sa force manquerait de lui briser un os. Son autre main lui plaquait la joue contre la brique froide. Tout son corps faisait obstacle à ses mouvements. Elle lui semblait si frêle, à présent qu'elle était entre ses pattes.
Cht cht cht. Pas besoin de crier... lui murmura-t-il à l'oreille tandis qu'il lui ramenait quelques mèches derrière. Si t'es sage et gentil, j'le serai aussi. Okay, mon ange ?
Il l'empêchait de voir son visage. De tourner ou de bouger. A présent qu'il la voyait d'aussi près, il pouvait sentir son odeur. Comme s'il venait de découvrir un territoire inexploré. C'était la Virginie. C'était noir, c'était beau. Doucement, le visage de Bel vint se frotter à la texture de sa crinière folle, avec une lenteur précautionneuse. Presque maladroite.
Tu seras sage et gentil, hein...? miaula-t-il comme un chaton.
◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘ ◘
Message envoyé le : Lun 9 Mai - 17:01
Maria Fernandez
Je ne suis pas folle...
Ca ne faisait pas longtemps qu'elle était arrivée à l'asile. Un petit mois, même si, sans repères temporels, ce temps lui semblait bien plus long. Un mois à s'isoler, éviter de croiser les regards, se recroqueviller sur elle-même, se taire. Et penser. Penser au passé, penser au présent. Mais jamais à l'avenir. Non, elle ne voyait pas d'avenir autre que le présent. Elle n'en voyait plus. Il n'y en avait plus. Rien d'autre que ce présent morne et au fond de démence violente, parfumé au métal rouillé, à la moisissure et aux produits chimiques. Un quotidien lourd à son moral déjà bien entaché, quoi qu'elle ait trouvé quelques maigres sources de réconforts dans une discussion avec un détenu se faisant appeler le Sphynx, et dans ses sorties sereines au jardin où personne ne va jamais, à une exception près. Un quotidien qui finissait par la dévorer petit à petit.
Et ce jour-là, c'était un jour comme les autres. Un gardien plus bienveillant que les autres - le même que celui qui lui avait parlé du jardin et qui lui avait obtenu des gants de jardinage - lui avait de nouveau suggéré d'aller à la salle de divertissement, histoire de ne pas rester prostrée dans sa cellule. Harley n'était pas là, sans doute en consultation, et la jeune femme se retrouvait seule dans la cage grisâtre, aussi avait-il jugé bon, une fois de plus, de l'inciter à sortir de sa bulle. Elle était donc une fois de plus allée avec lui jusqu'à la salle de divertissement où il l'avait laissée devant la porte pour que son entrée ne soit pas trop remarquée. Elle avait une fois de plus regardé par la fenêtre. Et elle était une fois de plus repartie seule sans entrer, effrayée parce que la salle n'était pas vide et que tous les occupants étaient des hommes inconnus. Elle marchait rapidement dans le couloir, voulant faire comme les autres fois et aller attendre devant sa cellule qu'un gardien passe et l'y renferme, puisqu'on lui avait dit que les détenus masculins n'avaient pas le droit d'aller dans le couloir des cellules des femmes, et réciproquement.
Elle marchait rapidement donc, et le regard rivé au sol, comme toujours, aussi n'aperçut-elle même pas le mouvement de la main qui la saisie au bras pour la tirer avec une force brutale et la plaquer contre un mur dans un petit renfoncement qu'elle n'avait jamais remarqué. Tout alla très vite: la sensation d'une pression sur son bras gauche, son équilibre mis à mal, le couloir qui disparaît pour faire place à un mur vu de trop près, et une pression lourde et chaude dans son dos. Elle n'a que le temps d'échapper un hoquet de terreur qu'une voix dans son dos la fait taire:
"Cht cht cht. Pas besoin de crier... Si t'es sage et gentil, j'le serai aussi. Okay, mon ange ?"
La voix était basse, grave, mais en rien rassurante en dépit des propos qui aurait pu le sembler. Et avant qu'elle ait pu essayer d'analyser la situation, une autre s'était imposée à son esprit. Le mur gris était devenu celui blanc de sa chambre, la voix inconnue sonnait soudain avec des accents familiers, et le visage de son agresseur, bien que dissimulé à ses yeux, lui était désormais connu. D'une voix aussi faible que paniquée, elle supplia:
"Daniel, je t'en prie... pas ça..."
Etrangement, c'est d'entendre sa propre voix qui la rappela à la raison, dissipant l'illusion créée par son esprit torturé pour la replacer dans la réalité. Ce n'était pas sa chambre, elle était à l'asile. Ce n'était pas Daniel, mais un homme inconnu. La honte de la confusion fut rapidement chassée par la peur ravivée quand la voix s'éleva à nouveau, féline, provenant de ses cheveux, non loin de sa nuque à l'oreille:
"Tu seras sage et gentil, hein...? "
Sage et gentil? Qu'attendait-il d'elle exactement? La peur faisait battre son cœur à la vitesse de celui d'un rongeur affolé, affolement renforcé par la difficulté à bien respirer due à sa position. Elle essaya de dégager un bras, en vain, la pression était trop forte. Tremblante, la voix mal assurée, elle demanda:
"Monsieur, s'il vous plait... je... je ne vous connais pas... Si je vous ai offensé... ou si j'ai mal agi... ce n'était pas volontaire... Je m'excuse... alors... s'il vous plait..."
Messages : 222 Date d'inscription : 13/03/2016Métier/Occupation : Ancienne étudiante en lettres
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Message envoyé le : Mar 10 Mai - 2:11
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Imaginer une seule seconde que Ben ait pu échapper à ce souffle de suppliciée était mal le connaître. Ce prénom - ce Daniel - résonnait comme une vieille blague à son esprit. C'est-y pas mignon ? Benjamin n'était pas le premier à être venu lui rendre visite, à cette pauvre gamine. Sur le coup, il eut une envie de se moquer d'elle. De rire et de rire et de la pointer du doigt. Tu vois, ma petite, que t'as un soucis. T'attires les gars comme moi ! Faut pas traîner son boule n'importe où, ma belle. Mais, il songea que cette information lui aurait sans douté été utile plus tard. Jamais ne se dévoiler au premier rendez-vous. Ce serait indécent et particulièrement inélégant.
Il ricana.
Sa petite voix parvenait à lui comme le chant d'une sirène. Il était tombé sur une perle. Arkham n'en avait pourtant pas tant à offrir. Benjamin les adorait. Elles étaient là parce que leur mari ne voulaient plus d'elles ou parce qu'elles avaient tenté de s'opposer à un politicien ou n'importe quel connard friqué. L'hystérie. L'excuse millénaire. Un vieux flic venait chez vous et annonçait que vous en aurez pour perpet'. Hop hop. Direction l'asile. Est-ce que c'était légal de jeter une aussi jolie chose dans une fosse septique ? Benjamin n'en était pas sûr. La force de son étau se desserra. Il lui riait au creux de l'oreille et prit une voix de fausset.
"Non, s'il vous plait", "Monsieur, arrêtez, je veux paas...", "Désolééé, je voulais paaas...!" Cette fois, il leva le visage et éclata de rire. T'es sérieuse, mon chou ? Tu t'excuses ? Tu crois quoi ? Que j'vais te lâcher parce que tu minaudes des "siouplait, j'voulais pas, m'sieur" ? Dans quel putain de plan d'existence, ça a déjà marché, ce truc ?
Sa main resserra son bras et le tira d'avantage, son épaule de plus en plus torve. Il enfouit son nez dans le creux de sa nuque. Un parfum de savon fleurit. Des effluves qu'il connaissait et lui rappelait un goût de liberté. La plage, le sable, les balades en forêts. Un prénom s'imposa à son esprit. Il sourit et aurait voulu mordre dans sa peau. Comme un vampire.
'Faut jamais supplier des gars comme moi. Sa voix devenait de plus en plus essoufflée. De plus en plus basse et vibrante. Jamais, bichette. Ca les excite. A balle.
L'une de ses mains lâcha son visage. Et avec une odieuse lenteur, parcouru le chemin de ses hanches pour glisser sur sa cuisse. Son visage restait à fouiller les odeurs dans sa nuque et sous ses cheveux. Il ajouta, d'une voix lointaine :
A balle... Il ricana.
La seule excitation qui animait en réalité Benjamin était celle du jeu. Il contrôlait ses gestes mais profitait de sa sensualité comme on vole un baiser à une fille qui nous plait bien. Sans réelle intention de menace. Juste, beaucoup de taquinerie. De sa joue, il effleurait son épaule et inspirait de grandes goulées sereines. Il y avait dans sa démarche, quelque chose de l'ordre d'un braquage. Celui de son intimité ou de son affection. Il arrêta de frotter son visage contre le duvet de son épaule et posa son menton dessus. Pouffa de rire, sans la lâcher et la regarda à travers ses mèches de cheveux.
Tu sais c'qui m'fait débander sec, moi, dans ce genre de situation ?
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Message envoyé le : Mar 10 Mai - 7:48
Maria Fernandez
Je ne suis pas folle...
Il devait y avoir une erreur. Il y avait forcément une erreur. L'inconnu ne pouvait pas vraiment chercher à lui faire ce genre de mal alors qu'ils ne s'étaient jamais rencontrés, qu'elle n'avait pas pu l'offenser. Il devait la confondre avec une autre, ou avoir mal interprété quelque chose qu'elle aurait fait sans y penser vraiment. Il n'avait pas de raison de vouloir la punir ainsi, et elle espérait sincèrement que ses paroles le lui feraient comprendre. Espoir ravivé en sentant sa poigne se desserrer un peu, avant d'être piétiné sans ménagement par sa voix moqueuse:
"Non, s'il vous plait", "Monsieur, arrêtez, je veux paas...", "Désolééé, je voulais paaas...!" T'es sérieuse, mon chou ? Tu t'excuses ? Tu crois quoi ? Que j'vais te lâcher parce que tu minaudes des "siouplait, j'voulais pas, m'sieur" ? Dans quel putain de plan d'existence, ça a déjà marché, ce truc ?
Elle se figea en entendant ces mots, lèvres entrouvertes et légèrement tremblantes. Il n'avait pas l'intention de s'arrêter, alors qu'il avait bien entendu ce qu'elle lui avait expliqué... Elle ne comprenait pas la raison de son geste, on n'agressait pas quelqu'un pour rien! Du moins, dans sa grande innocence, le pensait-elle... Il se fit plus pressant, plus douloureux pour elle, lui arrachant un faible gémissement retenu aussi bien que possible pour elle en raison de l'angle de son bras. De sa voix étouffée de femme aux allures d'enfant, elle souffla:
"Vous me faites mal... s'il vous plait..."
Avant d'être coupée net par des paroles qui la glacèrent, bien qu'elle ne fut pas capable d'en saisir le sens précisément.
"Faut jamais supplier des gars comme moi. Jamais, bichette. Ca les excite. A balle."
Silence tendu. Elle repensa à ses premières paroles. Est-ce que ça avait déjà marché, de supplier? Non, Daniel ne s'était pas arrêté pour autant. Sa mère n'était pas restée auprès d'elle après qu'elle l'ait appelée lorsqu'elle était plongée dans le noir le plus absolu qui soit. C'était donc voué à l'échec depuis le début...
Elle sursauta, ou du moins autant que le corps de l'homme contre elle le lui permettait: elle avait senti sa main se poser sur sa hanche et glisser le long de sa cuisse droite. Elle ouvrit la bouche pour implorer l'homme avec un nouveau "pas ça", mais sa voix mourut avant d'avoir quitté sa gorge. C'était inutile. Ca ne ferait que l' "exciter" plus, si elle avait bien compris. L'exciter... Il s'amusait donc? C'était une sorte de jeu? Mais non, ce genre d'acte n'avait rien d'un jeu, il ne pouvait pas le voir de la sorte...
Sa voix basse et suave répéta l'expression que la jeune femme ne comprenait pas, ce "à balle", qui manquait sans doute à son anglais, et partit d'un rire moqueur dont la tonalité n'avait rien d'agréable, alors que cette voix avait des teintes pour l'être. Muscles tendus, surtout au niveau des jambes, poumons comprimés par la masse puissante la pressant contre le mur, poils hérissé par la peur que suscitait chez elle l'inconnu trop proche, elle se voyait dans sa grande impuissance, face à ce nez et cette bouche qui effleuraient la peau de son visage, puis le haut de son épaule. Elle pouvait le sentir, à défaut de bien le voir, poser sa tête sur son épaule, comme on aurait presque pu l'attendre dans un instant de complicité tendre, sauf qu'ici, il n'y avait ni complicité ni tendresse, mais moquerie et violence. Son rire, toujours aussi inquiétant pour Maria, s'éleva de nouveau lentement, suivi par une nouvelle question de l'inconnu:
"Tu sais c'qui m'fait débander sec, moi, dans ce genre de situation ?"
Nouveau silence, gêné ce coup-ci. Pas par le contenu de la question, non. Parce qu'elle ne la comprenait pas. Elle parlait un bon anglais, elle était presque bilingue, mais il s'agissait d'un vocabulaire qu'elle n'avait jamais entendu, donc jamais appris, ni dans la langue de Shakespeare ni dans celle de Molière. Que signifiait "débander sec"? Pas la moindre idée. Elle aurait donc pu tout simplement répondre "non" à la question, puisque si elle ne la comprenait pas, il était à parier qu'elle n'en avait pas la réponse. Mais et si la question pouvait l'aider? Et puis, et si répondre "non" allait irriter l'inconnu? Elle ne comprenait pas la question, elle ne pouvait donc en saisir les sous-entendus ou l'importance potentielle. Mais se moquerait-il plus encore si elle avouait ne pas comprendre? Cela dit, il vallait mieux une moquerie qui la libère qu'un mot doux qui la contraint encore plus. Un peu honteuse, la voix aux accents d'excuse, elle répond: "Je suis désolée Monsieur... je ne comprend pas votre question... Je... ne maîtrise pas tout de l'anglais..."
Sa voix était toujours plus étouffée, et l'air lui manquait au point de lui faire un peu tourner la tête. Très faiblement, plus de l'ordre du murmure que du parlé, elle demande:
"J'ai du mal à respirer... Est-ce que vous voulez bien... vous décaler... juste un peu, s'il vous plait Monsieur...?"
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Message envoyé le : Sam 18 Juin - 11:31
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Il souriait. Benjamin n'écoutait que d'une oreille inattentive les complaintes désespérées de la petite. Tout du moins, s'en nourrissait-il avec beaucoup d'amusement. Ses réactions lui semblaient familières. D'une étrange sensation de retour aux sources. Qui l'avait déjà supplié avec une voix aussi juvénile ? Benjamin se souvenait de noms que le temps avait aidé à oublier. Ca le faisait rire. Sa petite Mary, son adorable petit chat, aussi avait commencé avec ce timbre de voix venu du fond d'un paradis abîmé. Aujourd'hui, sans doute, ne le considérerait-elle plus qu'avec lassitude. La réponse de Maria le fit pouffer.
Il la regarda une longue seconde et se redressa un peu plus contre son épaule. Pour mieux la regarder. Pour mieux voir si elle se moquait de lui. Benjamin eut le doute qu'elle ne fusse l'une de ces tarées à jouer les sainte-nitouches avant de révéler être des catins satanistes. Ca aurait été dommage. En se penchant au bord de son épaule, le visage de la jeune femme lui apparaissait vitreux et tout tremblant. On aurait dit un shaker. Elle donnerait presque envie de la consoler, cette petite pute ! La fascination traversa son visage, sans aucune réponse à donner qu'un sourire à son égard. Il toisa son visage. Il avait envie de la bouffer. C'était quoi, ce petit bonbon sur patte ? Maria était un piège à con dans cet Enfer. Dans ces conditions, Benjamin voulait bien être le con.
Le ton attendrit et infantilisant, il lui adressa toute sa complaisance.
Ah bon...? Ehe, c'est vrai que t'as un petit accent. C'est mignon. Ca vient d'où ? Ses doigts continuaient de se promener sur sa jambe avec une odieuse impudeur.
Après s'être jeté sur elle comme un lion sur un morceau de charcuterie, Benjamin ne pouvait s'empêcher de trouver la situation divertissante. Et incroyablement sensuelle. Il songea que ça venait sans doute de ces grands yeux de lapins qui commençaient à rougir. Ou de la douceur qu'il volait à chaque effleurement. La caméra était témoin de la scène. Quelque part, ce petit jeu était-il nourri par la certitude d'avoir un public friand, derrière un écran. Benjamin ignora bien les réclamations à peine soufflées de Maria. Elle comprendra très vite qu'il serait dangereux qu'elle tourne de l'oeil dans une situation pareille. Ne sois pas aussi prévisible, ma pov'fille !
Benjamin, pourtant, sans s'en rendre compte, libéra une petite place à Maria pour mieux se frotter à son dos. Il lâcha son bras et avec le sien, maintenant libre, il enroula rapidement - pourrait-on vraiment parler de douceur ? - son bassin, la maintenant plus près de lui que du mur. Il ricana. Encore.
(Désolé pour le retard D8 Ca casse pas des briques mais, j'espère que ça te conviendra quand même. Comme d'hab' si il y a besoin d'éditer, n'hésite pas à me MP ♥ Encore désolééé !)
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Message envoyé le : Sam 2 Juil - 10:06
Maria Fernandez
Je ne suis pas folle...
Avait-elle seulement la moindre chance d'être sauvée, seule dans le silence du couloir désert, coupé seulement par le rire de son agresseur et le bruit de leurs tissus frottant les uns contre les autres. Elle était prise au piège, une souris face à un chat, ou plutôt, un rongeur venu d'un autre continent face à un prédateur d'un genre inconnu, et dont les méthodes de chasse semblent incompréhensibles. Comme sa dernière phrase. Elle le sent se redresser un peu plus contre elle, quand elle pose la question. Son regard, coincé contre le mur, le voit apparaître à demi pour l'observer plus qu'il ne l'avait fait jusque là. Que cherchait-il ? Que voulait-il voir ? Vérifier ? Cherchait-il finalement à ce qu'elle connaisse son visage pour qu'elle tremble chaque fois qu'elle le croiserait dans un couloir ? Espérait-il qu'elle se plaindrait, pour pouvoir nier et la faire passer pour plus folle qu'on ne la croit déjà ? Mais pourquoi lui faire ça à elle ? Elle ne le connaissait pas, elle en était certaine, sa voix ne lui disait absolument rien, et maintenant qu'elle le voyait, son visage non plus. Elle n'avait sans doute pas déjà pu l'offenser, elle était là depuis si peu de temps... D'ailleurs, il ne semblait pas vraiment fâché. Non, au contraire. Léger, moqueur, amusé. Son visage était même fendu d'un sourire comme on en ferait à un enfant. Ou peut-être plutôt comme en ferait un enfant. Et ce constat l'effrayait encore plus ; s'il n'usait pas de violence physique à proprement parler (coups, griffures et autres violences du genre de ce qu'elle avait pu subir avec Daniel), qui la considérerait comme victime d'agression ? Elle se souvenait d'avoir lu parfois dans le journal le matin des histoires de femmes ayant porté plainte pour viol, mais qui, faute de traces de coups, n'avaient jamais reçu le procès qu'elles demandaient. Sa mère elle-même disait parfois que ces femmes avaient inventé leur histoire pour se faire plaindre et gagner de l'argent. Elle l'avait plus ou moins crue à l'époque, mais maintenant qu'elle était confrontée à cette situation, elle se rendait compte de l'enfer que ces victimes oubliées devaient avoir vécu. L'esprit plein de cette triste réflexion, elle sursaute un peu en entendant la voix masculine s'élever à nouveau, complaisante, presque compatissante :
« Ah bon...? Ehe, c'est vrai que t'as un petit accent. C'est mignon. Ça vient d'où ? »
Est-ce qu'il étai vraiment en train de lui faire la conversation comme si la situation était la plus normale au monde ? Est-ce qu'elle était vraiment censée répondre à cette question dans de telles conditions ? Effrayée, à demi étouffée, toujours plus salie par cette main qui avait décidé de faire sienne sa cuisse, elle n'avait pas envie de répondre à la question. Cependant, la peur d'énerver l'assaillant suffisait à l'empêcher de refuser de répondre, quoi que ses habitudes polies l'en auraient sans doute empêchée sans l'influence de la peur ; ignorer la question de quelqu'un lui semblait être un manque de respect flagrant, chose dont elle avait toujours été incapable. Mais la douleur et le manque d'air rendaient la réponse difficile à formuler, faisant monter le stresse en elle jusqu'à se sentir décollée du mur, ses poumons libérés se remplissant instinctivement à raz-bord de l'air frais et sale du couloir. Une libération qui entraîne une nouvelle annexion, puisqu'elle sent le bras puissant de l'inconnu la serrer contre lui en s'enroulant au niveau de ses hanches, plaquant le bas de son dos au bassin du mystérieux envahisseur. Au milieu de la panique, elle se demanda s'il l'avait fait pour répondre à sa demande d'air, à sa plainte quand à son étouffement. Elle avait cru qu'il l'ignorait, puisqu'il en avait ri, mais finalement, avait-il décidé de la laisser respirer ? Elle n'était pas réellement libre, il ne l'avait pas relâchée, ne la laissait pas partir sans plus lui faire de mal, et s'excusait encore moins. Malgré ça, elle se sentait obligée de le remercier s'il avait bel et bien modifié la position pour la laisser respirer convenablement. Une obligation poussée par une éducation stricte, une politesse extrême, et la crainte toujours bien présente de froisser l'inconnu et de devenir la proie de sa fureur. Toujours tremblante, sa jambe assaillie de sa main bougeant instinctivement un peu de gauche à droite comme pour chercher à fuir ce contact qu'on lui imposait, elle prononça d'une petite voix tremblotante, presque chuchotée, mais sincère :
« M... Merci Monsieur... »
Elle inspira à nouveau, cherchant à reprendre une respiration plus équilibrée, avant de répondre, toujours aussi bas comme si elle craignait une oreille extérieure, un témoin attiré par sa voix et qui, plutôt que de l'aider elle, soutiendrait l'assaillant :
« Je suis française... Monsieur... C'est la première fois que je viens... En Amérique... »
Parce qu'elle était certaine que l'île où on l'avait emmenée était située en Amérique. Elle avait pris l'avion puis le bateau, la totalité des détenus et membres du personnel parlaient anglais et le climat n'était pas celui de l'Australie. Si elle se trompait ? Eh bien, sans doute se moquerait-il encore plus d'elle... Mais ça n'était pas le genre d'erreur qui peur rendre agressif, n'est-ce pas ?
Ainsi coincée contre lui, Maria sentait son dos brûler. Bien sûr, c'était sa propre chaleur qu'elle sentait, mais la panique lui donnait l'illusion que c'était celle de cet homme aussi doucereux que menaçant qui s'infiltrait pour la toucher plus encore que ne le faisait déjà sa main, une illusion propice à augmenter son effroi. Elle devait trouver un moyen de sortir de là, le convaincre de la lâcher. Le supplier encore ? Il avait dit clairement que c'était une mauvaise idée. Le menacer ? Impensable pour elle, comment le pourrait-elle ? Une vague idée lui vient, idée pourtant simple mais qui lui semble déjà frôler la menace honteuse et inacceptable :
« Monsieur si vous... Si vous me lâchez, je vous promets que je ne dirai rien... A personne... Quelqu'un pourrait passer... Vous voir... Vous auriez des ennuis... »
N'en parler à personne ? Elle serait de toutes façons bien incapable d'en parler à qui que ce soit, même s'il refuse de la lâcher, même s'il la blesse. Elle le sait d'expérience. Mais peut-être que lui, non... Ce petit mensonge lui semble déjà énorme. Et la « menace » du risque que quelqu'un passe lui semble déjà trop agressive. Aussi cette fois-ci, c'est elle qui cherche le regard de son agresseur, prête à s'excuser si elle y voit naître une colère violente.
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