C'est un petit appartement de 35 mètres carrés, au troisième et dernier étage d'un petit immeuble étroit à la façade de briques noires et peu chaleureuse. Deux fenêtres par étage, une porte épaisse, quasi-blindée, au sommet de trois marches en pierres érodées. Il a choisit l'appartement donnant sur la cour intérieure, au lieu de celui avec vue sur la rue, pour des raisons évidentes. Il se compose d'une petite salle à manger, d'une kitchenette, d'une chambre et d'une salle de bain. Le parquet est vieux et les murs recouverts d'un papier peint morne aux motifs vaguement hypnotiques, mais c'est propre et bien rangé. Il faut dire qu'il y a peu de meubles. Juste le nécessaire. Un canapé en cuir, une petite télé, une bibliothèque un peu clairsemée, un lit en métal, des chaises du même type, un grand casier de sport à code qui sert d'armoire ou de penderie... Aucun tableau ou aucune photo sur les murs. Dans cet appartement, qui laisse clairement transparaître l'ancien militaire célibataire, deux objets détonent. Le premier est une commode en bois clair dans la chambre, face au lit, à côté d'un miroir à pied pliable. Impeccablement rangée, elle est d'un style plus fin et plus léger, presque féminin. Le deuxième: une machine à café rutilante dernière génération trônant sur le plan de travail du bar, qui fait la jonction entre la cuisine et la salle à manger. Avec les lourds et épais rideaux aux fenêtres occultant la lumière du jour, cet appartement ne pourrait certainement pas être qualifié de douillet ou d'accueillant, même s'il y règne une atmosphère rassurante. D'ailleurs, pourquoi faire des efforts ? La seule personne qui ait jamais mis les pieds chez Harden est Harden lui-même.