Biographie Alfred Pennyworth, fidèle majordome du multimillionnaire Bruce Wayne, était seul au manoir en cette soirée en tout point semblable à toutes les autres nuits sombres et froides qui étaient si caractéristiques à la ville de Gotham. Son maitre, à la fois meilleur ami et fils adoptif était sorti comme à son habitude, officiellement en train de régler quelques affaires urgentes dans les bureaux de son entreprise, officieusement s’occupant d’affaires tout aussi urgentes quelque part dans les rues de sa cité. Alors qu’il pénétrait l’imposante bibliothèque du manoir bicentenaire armé tel le chevalier de la poussière d’un plumeau en plumes d’autruche, l’ancien agent des services secret britannique se surprit à penser combien il appréciait cette vie presque simple de majordome ou sa mission la plus dangereuse était d’empêcher l’asthme de s’installer dans les bronches des résidents de la bâtisse. Il sourit devant la comparaison, mais en réalité c’était un peu plus compliqué que cela. Bien qu’à la retraite il ne lui avait pas encore été donne d’avoir le luxe d’oublier la formation de combattant aguerri de sa jeunesse. Son maître ne lui en laissait pas l’occasion. Mais ce soir, s’il avait de la chance, son ennemi principal serait la couche grisâtre et moutonneuse qui s’était formée sur les étages supérieurs des étagères en bois de hêtre de la bibliothèque.
Du haut de son escabeau, les manches retroussées, il s’activait vivement à la tâche, son visage et ses mains aussi grises que son plumeau (mais étrangement son costume n’avait pas une seule tache) en étaient la preuve. Une grosse boite cartonnée qu’il n’avait jamais remarquée auparavant attira son attention. Elle semblait vieille et crasseuse et avait visiblement été bougée la récemment car le tapis de saleté qui la recouvrait était bien plus épais que sur les livres qui l’entouraient. Le vieil homme en souleva légèrement le couvercle, elle ne semblait contenir que des petites coupures de journaux. Sa curiosité piquée, il décida de descendre le tout pour continuer son investigation plus en profondeur. La boite cartonnée était plus lourde qu’il n’y paraissait au premier abord et Alfred, déséquilibré, manqua de tomber. Il préféra lâcher la caisse qui alla s’écraser dans un bruit sonore suivit d’un nuage noirâtre dont les particules restèrent en suspend quelques minutes avant de se déposer lentement sur le sol. La poussière fit partir le majordome dans une toux rauque et il se dit qu’il était bon pour refaire le l'entretient du parquet.
Il déposa le carton sur la table basse à deux pas de lui et s’assit dans un fauteuil pour en parcourir le contenu. Il y trouva au bas mot des centaines de pages de journaux arrachées ou découpées à la va-vite, certaines bien pliées, d'autres dans le désordre, certaines avaient jaunies, d’autre moisies et d’autre étaient tellement vieilles et abîmées qu’elles semblaient sur le point de se désintégrer. Il commença à les sortir une à une, elles avaient toutes un même sujet commun, les gros titres de certains articles retinrent son attention.
LA TRAGEDIE FRAPPE GOTHAM : MORT VIOLENTE DE THOMAS ET MARTHA WAYNE
La ville de Gotham est en deuil en cette journée du 27 juin. Hier soir aux alentours de 22h notre cite a perdu deux de ses bienfaiteurs les plus chers. Ils laissent derrière eux un orphelin de huit ans, seul témoin du double assassinat de Park Row. L’enfant a été recueilli par Alfred Pennyworth, majordome et ami proche de la famille Wayne et a refusé tout commentaire sur le sujet. S’agirait-il d’un crime prémédité ou d’un simple vol à l’arraché qui a mal tourné ? Les agents de la GCPD sont réticent à nous en dire plus sur l’affaire. Thomas Wayne, chirurgien de renom et homme d’affaire intransigeant et sa femme dont le combat contre la violence aux enfants grâce aux nombreuses œuvres caritatives n’était plus à prouver étaient deux humanistes bienfaiteurs…
La photo qui accompagnait l’article était un cliché sombre et anonyme de la rue, renommée Crime Alley après cette tragédie, prise probablement quelques jours auparavant. Si les policiers avaient été incapables de retrouver la trace du meurtrier de Thomas et Martha Wayne on pouvait leur donner le crédit d’avoir été efficace pour éloigner ces vautours de journalistes. Alfred ce souvenait de ce jour comme si c’était hier. Les yeux rouges et vides du petit Bruce quand il avait enfin pu parvenir jusqu’à lui après avoir joué des coudes et parfois des poings pour se frayer un chemin dans la fouille grouillante de reporters et badauds à la curiosité morbide et avoir du décliner son identité au moins dis fois à tous les policiers présents sur le site enrubanné de bandes jaunes et noires. Son visage dont seules les traînées noires encore présentes sur ses joues étaient la preuve que le garçon avait pleuré, était inexpressif et ne s’était animé qu’une fois que l’ancien agent ne l’ai secoué pour lui faire reprendre ses esprits.
S’en étaient suivit des jours sombres ou le jeune Bruce qui restait désormais enfermé dans son manoir avait des comportements dangereux et autodestructeurs. Avec le temps et les soins d’Alfred il avait fini par cesser de vouloir « tester ses limites ». Les fréquentes visites de James Gordon, le policier travaillant sur l’affaire Wayne et première personne à avoir pris en charge l’enfant le soir du crime, avaient beaucoup aidées le jeune maître à s’ouvrir. Gordon était très vite devenu une figure amicale et loyale dans la vie du jeune Bruce.
Avec les années le garçon se remettait peu à peu du traumatisme meme si les blessures psychologiques ne pourraient jamais cicatriser totalement. Se tenant d’abord à l’écart du monde à l’abri de son manoir. Son attitude pris soudain un tournant à 180 degrés et il voulut avoir le nez partout : dans l’entreprise que ses parents lui avaient léguées, dans la politique de Gotham, il demanda même à son majordome de lui enseigner des techniques de base de combat. Il se mit dans la tête de voyager, suivit des cours dans les universités les plus prestigieuses d’Europe tels que Cambridge ou la Sorbonne pour ensuite se désinscrire après un semestre.
L’enfant était brillant et avait une volonté de fer que l’homme vieillissant ne lui avait jamais connu auparavant. Il apprenait à une vitesse prodigieuse et alors qu’il n’en était qu’au début de son adolescence il raisonnait parfois avec l’intelligence d’un adulte tout en gardant sa vivacité d'enfant.
DIX ANS APRES L’ASSASSINAT DES PARENTS, LA DISPARITION DU FILS
Gotham se souvient encore de la tragédie qui l’a frappée il y a presque dix ans jour pour jour, le meurtre des Wayne, couple le plus influent de la haute société Gothamite. Il semblerait que le malheur n’ai pas fini de faire de cette famille sa victime puisque le fils unique qu’ils avaient laissé derrière eux a été signalé comme disparu par les autorités ce matin. Alfred Pennyworth, gardien légal du jeune héritier de la première fortune de Gotham, a refusé de nous accorder une entrevue…
Le majordome se souvenait encore de l’œil avide des journalistes à l'affût du moindre détail, du moindre indice qu’il pourrait lâcher au sujet de son maître. Et l’ancien agent n’avait aucunement l’intention de satisfaire cette soif malsaine de détails mais même s’il avait voulu, il n’aurait rien pu leur dire. Le jeune homme, dont on avait régulièrement tendance à oublier qu’il n’était qu’un adolescent à cause de sa maturité et de la rigueur physique qu’il s’imposait chaque jour transformant drastiquement son corps encore en pleine croissance, avait tout simplement disparu sans laisser de trace. Gordon, qui était à présent inspecteur, avait décidé de se mettre lui-même sur l’affaire. Mais ses efforts pourtant effrénés furent vains. Bruce Wayne n’avait laissé derrière lui aucune trace ayant pu prouver une fugue, un kidnapping, une agression ou même le pire des scénarios, un assassinat, le garçon s’était volatilisé.
LE RETOUR DU FILS PRODIGUE DE GOTHAM !
Il y a 6 ans l’orphelin le plus connu de notre cité disparaissait sans laisser de trace. L’enquête n’aboutissant nul part, ceux qui suivaient l’affaire de prêt s’était résolu au pire et le jeune Prince de Gotham tombait peu à peu dans l’oubli. Mais lui n’a jamais oublié la ville qui l’a vu naître et revient vers elle 6 ans plus tard. Le jeune Wayne, à présent âgé de vingt-quatre ans est reste flou sur les raison de son départ et de son long silence : « Il me fallait prendre du recul par rapport à ma situation, trouver ma place (...) laisser mes proche dans le noir fut une décision rude mais qui était nécessaire pour mon développement personnel. » Quand à ce qu’il a fait durant ses six années, il n’a pas voulu nous le révéler. Pennyworth, son majordome et ancien représentant légal a simplement avoue n’avoir « jamais douté de [son] maître » et être « rassuré de le voir rentrer sain et sauf et en bonne santé ».
Alfred ne se fiait jamais à ce que les journalistes toujours à l’affût d’un scoop pouvaient raconter dans leurs papiers mais pour une fois ils avaient bien retranscrit ses paroles. Pas une seule fois il avait cru son maître vraiment disparu. Il avait entretenu le manoir, géré quelques affaires, suivit avec beaucoup d’attention les décisions des cadres de la Wayne entreprise en attendant son retour qu’il savait imminent.
Alfred avait été la seule personne en qui il avait assez confiance pour lui avouer tout de ses cinq années d’errance. Il avait voyagé dans le but précis de former son corps et son esprit. Il acquit des techniques de combats les plus diverses, art martiaux, combat de rues, gymnastiques mais aussi chimie, criminologie, les techniques médico-légales, l’art du déguisement ou le ventriloquisme. Il fut le disciple des meilleurs, le français Henri Ducard lui dévoila les secrets de la chasse à l’homme, fut le meilleur élève du ninja Kirigi, excella au corps-à-corps sous la tutelle du Boxer Ted Grant, étudia les techniques de l’assassin David Cain, les moines népalais lui apprirent la médecine traditionnelle. Il fit un bref séjour au sein de la troupe de Giovanni Zatara qui lui enseigna entre autres disciplines l’art d’être un roi de l’évasion et Oliver Quinn fut pendant un temps son maître archer.
Mais Bruce affirmait que sa formation était loin d’être terminée, qu’elle ne serait jamais tant qu’il resterait un souffle dans ses poumons.
Alfred n’avait compris que peu de temps plus tard les raisons pour laquelle son jeune maître avait entraîné son corps et son esprit de la sorte.
UNE OMBRE MYSTÉRIEUSE PLANE AU DESSUS DES RUES DE GOTHAM
Plusieurs témoins terrorisés affirment l’avoir vu. Certains parlent d’un démon ailé, d’autre d’un être mi humain, mi chauve-souris. Légende urbaine ou réalité ? Si les dires sont vrais cet être que certains Gothamites surnomment déjà le Batman ne s’attaquerai qu’a la pègre et œuvrerait du coté de la Police. « La prise d’otage [à la Banque Nationale de Gotham] était en train de dégénérer » a affirmé un policier qui a préféré rester anonyme « on a entendu des coups de feu provenant de la salle des coffres et on a tous cru que les braqueurs avaient descendu les civils (…) mais une fois à l’intérieur les malfrats étaient hors d’état de nuire et on en comptait pas une seule victime. » Un des otages confirme « dans la confusion c’était difficile de vraiment voir ce qu’il se passait mais un géant vêtu en noir et dont le visage était caché est sorti de nulle part dans un bruissement de cape et les a tous mis à terre un a un. » Nous ignorons toujours tout de l’identité de cet homme masqué, s’il est vraiment un homme, mais le Commissaire Gordon a affirmé prendre cette affaire très au sérieux. Justicier ou simplement un fou de plus arpentant nos rues ? Seul l’avenir pourra nous le dire...
Si Alfred s’était en premier lieu opposé aux errances nocturnes de son maître, il avait fini par se faire une raison. Il était l’homme le plus têtu que l’ancien agent avait été donné de rencontrer, peut être même plus que Thomas.
Bruce s’était souvenu de la cave naturelle passant sous les fondations du manoir dans laquelle il était tombé étant enfant et avait décidé de l’aménager dans le plus grand secret. Il y était reste plusieurs heures terrorisé dans le noir pendant que tous les habitants du manoir étaient partis à sa recherche. Ce n’était qu’une fois la nuit bien avancée que Thomas avait tiré son fils de cette crevasse. Si son corps n'avait aucune blessure, au soulagement de toute la maisonnée, Bruce avait en revanche hérité d'un sérieux traumatisme. Son idée de cacher sa véritable identité sous un costume de chauve-souris pour terroriser les criminels qu’il pourchassait était également venue de là. Alfred savait que cette soif de justice étaient due au meurtre irrésolu de ses parents et il espérait qu’une fois le coupable retrouvé, les choses retourneraient à la normale. Il savait maintenant qu’il s’était trompé, la vie de Bruce n’avait jamais été normale.
Batman était vite devenu une légende, le justicier masqué œuvrant la nuit et nettoyant les rues de Gotham. Il commençait à être adulé par les uns et craint par les autres et au milieu de ces deux extrêmes, la police ne savait où donner de la tête. Les actions de Batman étaient illégales, mais il réussissait là ou aucun représentant de justice officiel n’avait réussi auparavant. Les Gothamites commençaient à se sentir un peu plus en sécurité dans les rues de leur ville.
LE PREMIER MEURTRE DE BATMAN ?
Tout Gotham a entendu parler de ce mystérieux criminel œuvrant sous nom de Red Hood qui a terrorisé toute la ville ces dernières semaines. Batman aurait enfin mis fin à ses agissements mais à quel prix ? Le chevalier noir de notre cité qui semblait mettre un point d’honneur à ne faire aucune victime aurait salit son armure auparavant sans tache. Le témoignage de l’inspecteur Bullock est limpide. L’homme chauve-souris aurait délibérément poussé le criminel dans les cuves d’acide de l’usine Ace Chemicals desquelles il ne serait jamais sorti. Notre chevalier Noir renierait-il tous ses principes ? Contre qui sa colère destructrice se tournera-t-elle la prochaine fois ?...
Avec un grognement désapprobateur Alfred mit vite cet article de côté. Son protégé n’avait pas toujours été populaire. Gotham est cruelle, Gotham est ingrate, mais Batman lui reste fidèle. Beaucoup de figures officielles ont tenté de lui mettre encore et toujours des bâtons dans les roues et beaucoup viendraient encore par la suite. Il n’avait pas non plus toujours eu le soutien de la police mais grâce au commissaire Gordon la situation s’était à présent retournée. Bruce disait que la réputation qu’il pouvait avoir lui importait peu, et au contraire, être considéré comme un paria ne faisait que renforcer le mythe planant autour du costume de Batman. Alfred comprenait, mais il aurait aimé que Gotham soit aussi fier de son bienfaiteur qui lui l’était de son maître, ou que Thomas l’aurait été de son fils s'il avait pu le voir a l'oeuvre.
SABOTAGE A HALY’S CIRCUS : DEUX VICTIMES
La troupe itinérante de Haly’s Circus qui s’arrête à Gotham chaque année, a vu son spectacle tourner au cauchemar quand les cordes du couple de trapézistes John et Mary Grayson, ont lâché sous leur poids devant un public horrifié. Les officiels rendus sur place confirment l’hypothèse d’un sabotage mais le mobile reste encore à déterminer. Leur fils, Richard Grayson âgé de 12 ans, aimé de tous et surnommé Boy Wonder qui participait également à la performance se trouvait sur la rampe et a été épargné. Le multimillionnaire Bruce Wayne après avoir appris qu’il n’avait aucune famille vers qui se tourner a annoncé officiellement sa décision d’adopter l’enfant. Des interrogations sont actuellement menées par les autorités pour déterminer le mobile ainsi que l’alibi des principaux suspect. Le porte-parole du GCPD affirme que tout le département est mobilisé dans le seul but de clôturer cette enquête de façon rapide et efficace afin d’offrir au garçon la possibilité de faire son deuil.
L’arrivée du jeune Dick au manoir Wayne n’avait pas été de tout repos. Premièrement parce que cela faisait jaser tout Gotham pour qui la personnalité de playboy désinvolte que se donnait Bruce n’allait pas du tout avec la perspective d’adoption. Mais surtout l’enfant essayait de se relever d’un traumatisme profond et malgré les tragiques points communs entre lui et Bruce, ce dernier était encore jeune et n’avait pas vraiment la fibre paternelle. Il fallut beaucoup de patience au millionnaire, et beaucoup de conseils d’Alfred pour que le jeune Wayne finisse par lier un vrai lien avec son pupille. Bien sûr avoir un enfant entre les quatre murs du manoir n’était pas sans danger pour la double identité de Bruce et Dick finit vite par comprendre qui se cachait derrière le masque du Batman. Cette révélation au lieu de terrifier le garçon lui donna un second souffle, l’espoir de pouvoir un jour venger la mort de ses parents. Il insista pour que Batman fasse de lui son apprenti et le chevalier noir qui se voyait au même âge dans les yeux du jeune garçon ne mit pas longtemps à accepter.
LE CHEVALIER NOIR NE FAIT PLUS CAVALIER SEUL
Le justicier masqué dont la renommée le précède semblerait s’être trouvé un complice dont l’identité est tout aussi mystérieuse. La deuxième figure aperçue par plusieurs témoins serait plus petite, un garçon ou une femme les dires restent incertains. La rédaction espère en savoir plus sur ce Dynamic Duo très bientôt car les questions se bousculent au sujet de ce nouvel individu : sont-ils liés par des liens familiaux ou intimes ? Sont-ils au courant de leurs identités respectives ? Verra-t-on une troisième personne masque s’ajouter au groupe ? Mais Gotham découvre Batman sous un nouveau jour, moins solitaire et plus accessible.
Robin est moins une personne qu’une entité tout comme Batman. Il représente l’insouciance et l’esprit de jeunesse qui manquent au Chevalier noir. Alfred savait que la venue de Robin dans l'existence de Batman lui avait sauvé la vie alors qui commençait à prendre une pente destructrice. Il avait à présent une nouvelle raison de faire attention à sa vie lors de ses missions, et à celle de quelqu’un qui lui était cher. Alfred l’avait même surprit à sourire beaucoup plus souvent derrière son masque. Il faut reconnaître que Maître Dick avait un humour assez particulier et surtout dans les situations les plus inattendues. Puis a Robin s’ajouta Batgirl dont Batman finit vite par deviner l’identité. La fille du Commissaire Gordon, Barbara avait à peu près le même âge que son pupille et décidé de combattre le crime de son plein gré. Elle fit rapidement ses preuves et finit par s’intégrer totalement au groupe.
Mais Dick finit par grandir, et avec l’âge il voulut plus qu’être un simple coéquipier. Il se créa le personnage de Nightwing et décida de devenir lui-même un leader prenant même la tête des Teen Titans pendant un temps. Bruce ne lui avait jamais dit mais il n’avait jamais été aussi fier de lui que quand il avait décidé de voler de ses propres ailes. A Dick s’était succédé Jason. Batman avait surpris le garçon en train d’essayer voler les jantes de la batmobile. Bruce avait recueilli ce gosse des rues comme il avait recueilli le jeune trapéziste quelques années auparavant. Le jeune Todd avait un caractère beaucoup plus nerveux que son prédécesseur, en lui sommeillait une colère grondante qui manquait régulièrement de faire surface. Alfred se souvenait des nombreuses disputes entre le garçon et son mentor. Mais le Chevalier Noir portait de grands espoirs en lui, et le jour où il aurait réussi à apprivoiser la flamme de sa poitrine, il ne doutait pas que l’élève finirait par dépasser le maître.
LE MALHEUR FRAPPE DE NOUVEAU AU MANOIR WAYNE
La mort semble marcher dans les pas de Bruce Wayne puisque le malheur s’abat de nouveau sur le Prince de Gotham. Alors qu’il était en voyage d’affaire avec son pupille, le jeune Jason Todd serait décédé dans des circonstances étranges. Il aurait trouvé la mort en Ethiopie dans l’explosion du hangar d'un camp de réfugié où œuvrait sa mère biologique, Sheila Haywood. La jeune femme serait également décédée dans l’explosion…
Alfred ne voulait pas en lire une ligne de plus. Il savait parfaitement ce qu’il s’était passé ensuite. Bruce avait tenu à rapatrier les deux corps à Gotham et les obsèques avaient été faites en comité réduit dans la plus grande discrétion. Ce que les journaux ne savaient pas en revanche, c’était les circonstances réelles de la mort du jeune Todd. L’explosion qui l’avait achevé avait été causée par le Joker mais le clown ne s’en n’était pas contenté. Il avait d’abord brisé tous les os du corps du garçon à coup de pied de biche. Jason se trouvait en Ethiopie à la recherche de sa mère et avait fini par la retrouver mais à quel prix.
Alfred avait perdu Jason à ce moment-là, mais il avait également cru perdre Bruce. Batman s’était senti responsable de la mort du jeune Robin. S’il était arrivé à temps… S’il n’avait pas été si dur avec lui… S’il l’avait écouté… Si… Si…
Batman succombait à ses anciens démons. Alfred ne le voyait plus pendant plusieurs jours et plusieurs nuits d’affilée, et quand il rentrait c’était toujours dans un état critique. Un jour, se disait le majordome, il sortirait et ne reviendrait plus. Il s’en était fallu de peu pour qu’arrive la fin de Bruce Wayne et de Batman. Mais une fois de plus un jeune garçon avait réussi à se faufiler sous son épaisse carapace et à lui sortir la tête des ténèbres de justesse.
Alfred commença a ranger les coupures de journal dans leur boite sans pouvoir s’empêcher de les trier par ordre chronologique. Il n’avait pas besoin de les lire pour savoir le contenu de tous ces articles : « Batman contre Killer Croc », « L’empoisonneuse empoisonnée », « Le Joker frappe encore », « Selina Kyle démasquée par le Chevalier Noir », « Harlequinades », « Falcone recule devant le Chevalier Noir » et autres Batman versus. La liste était longue. Mais Batman continuait à se battre pour la justice sans sembler se fatiguer ni faillir. Alfred savait qu’il en était en réalité autrement et s’il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter il savait que Batman n’était pas seul même s’il aimait à le penser. Il avait des amis fidèles sur qui compter. Batman n’appartenait plus à Bruce Wayne, il était devenu une idéologie accessible à tous ceux qui partageaient ses idéaux et le majordome savait que le jour où son maître passerait le flambeau il y aurait quelqu’un pour prendre sa suite.
Il remit la boite a sa place sur l’étagère (non sans avoir sérieusement fait jouer de son plumeau) et contempla la vue par la fenêtre après être redescendu de son escabeau. Le manoir Wayne était situé à l’extérieur de la ville un peu en hauteur et de là où il était Alfred pouvait presque deviner la route menant vers l’asile d’Arkham ou étaient enfermés la plupart des criminels désillusionnés captures par la Chauve-Souris. Cet asile, Bruce avait participé à sa réouverture et sa réhabilitation des années plus tôt grâce a une donation généreuse. Depuis malheureusement l’établissement sombrait peu à peu dans la décrépitude à cause entre autre des médecins véreux qui détournaient les fonds de l’hôpital, les dégradations faites par les patients, les méthodes archaïques de certains psychiatres et des officiels de Gotham qui détournaient les yeux de ce qu’il pouvait bien s’y passer.
Alfred se savait observé, il était encore assez vif pour s’en rendre compte. Il se tourna lentement avec un sourire vers celui qui le considérait comme un père de substitution, son meilleur ami et premier mentor, son pilier et en qui il inspirait un profond respect malgré son visage noir de crasse.
« Bonsoir Master Bruce, permettez-moi d’aller faire un brin de toilette, le thé sera prêt dans dix minutes très exactement. »