❝ Grace, Jahan + Dans la nuit en plastique, je tiens ❞Nuit blancheJahan connaît tout le monde. Par quel miracle, personne ne le sait. Il donne l'impression d'être né ici et d'y avoir toujours été un animal de nuit. Comme si Gotham était greffé à son âme, Jahan la connaissait comme le fond de ses poches, mais quand on connaît Jahan, on se dit qu'on ne veut pas connaître le contenu de ses poches. Ce gars, il joue les plaques tournantes, le centre du monde, et le pire dans l'histoire, c'est qu'il avait presque raison. Jahan, c'est le genre de mec qu'on appelle quand on veut se faire une place. Jahan, c'est celui qui te mettra à la place qu'il t'a choisi en te faisant croire que c'est celle que tu as toujours voulue. Peu importe d'où tu viens et ce que tu as pu faire, Jahan trouve la solution à tous les problèmes… mais tout le monde n'est pas près à en payer le prix.
Y'en a, qui tente encore. Qui cherche à lui demander des services, aussi petit soit-il. Des gothamites, des gens de l'extérieur. De tout, de tout âge. Des gens qui ne ressemblent pas à Jahan comme des gens qui essayent d'être son identique. On se retrouve face à lui par des circonstances plus ou moins original, par des gars qui prétendent connaître Collins personnellement ou simplement par réseaux de connaissances. Soit Jahan vous tombait dessus, soit vous cherchiez à le connaître et il fallait être suffisamment intriguant pour qu'il entame les démarches.
Et en ce moment, dans le réseau, on parlait de Waterhouse.
Waterhouse, Waterhouse, Waterhouse. Des bruits de couloir, sur le fil fugace des discussions des soirées de poker, on lâchait doucement le nom de Waterhouse, entre deux volutes de fumée de cigarette. On dit qu'elle veut te rencontrer." Ha oui, pourquoi ? "Tout le monde veut te rencontrer, Jahan." Tout le monde ne me veut pas pour tes raisons à toi. "Elle veut que tu lui montre Gotham et le monde. C'est Pete qui lui a offert un café à l'hotel, tu vois, Pete le comptable de l'Hotel Manson." Il bégaille quand il voit une femme. "Il lui a tout de suite parlé de toi. Il lui a dit d'aller voir Janson, à la librairie, pour qu'il lui parle d'Athanase. Rencontrer Jahan se faisait par le bouche à oreille, s'il ne vous tapait pas dans l'œil le premier. De connaissance en connaissance, jusqu'à attendre le cercle le plus proche et encore, il fallait qu'il accepte de vous voir en retour. " A quoi elle ressemble ? " Un ange qui porte un costume de psy. Elle te veut surement sur son tableau de chasse.
Jahan avait réussi à être intrigué par la dernière option. C'était facile de prétendre que c'était par fierté, mais ça n'en était rien. Jahan, c'était peut-être le genre de gars qui aime avoir la première place du podium, mais c'était le genre de tableau de chasse qui lui avait tapé dans l'œil. Elle était psychiatre ou psychologue, ou aspirante psychiatre… Est-ce que le tableau de chasse en question consisterait à être dans le palmarès des fous ? Ou est-ce que Waterhouse cherchait juste à trouver une compagnie digne de ce nom. Waterhouse avait su rester discrète, mais suffisamment intéresser pour que l'information remonte jusqu'à Jahan. Tout ce que lui disaient les gars étaient évasifs. Parmi eux, aucune connaissance de boulot. Personne n'avait l'air de connaître Waterhouse personnellement, comme une légende de Gotham.
Rencontrer une légende… C'était là que Jahan avait décidé qu'il voulait la rencontrer. Parce que personne ne savait rien d'elle et n'était en mesure de dire d'où elle sortait. Parce qu'elle était une sorte de secret à elle seule. Ils prétendaient l'avoir rencontré via des amis et qu'elle avait des airs de Blanche-Neige. D'autre s'amusait à dire qu'elle n'existait pas. Tu penses qu'elle se ferait à Gotham. " Et moi ? Tu crois que je me suis faits à Gotham ou c'est Gotham qui s'est faites à moi ? " Vu de l'extérieur, la situation avait l'air d'une menace. Une menace pour le statut de Jahan et pourtant, ça l'attirait. Ne rien savoir de Waterhouse, réellement, l'attirait. Pas la moindre idée de son véritable emplois, de son nom. Il savait qu'elle venait de Sydney et qu'elle travaillait actuellement à Arkham. On disait qu'elle ressemblait à un nuage de coton, mais ça s'arrêtait là.
" Débrouillez vous pour prendre contact avec elle. Je veux la voir ici, la semaine prochaine. " Ca avait des relents de complot mafieux. Jahan avait un réseau immense sans réellement les diriger et sans en être le parrain. Surement parce que personne ne savait exactement de quoi il en retournait, s'il était le fils d'un parrain ou s'il travaillait pour l'un d'eux, mais tout le monde s'était plié à son bon vouloir, sans qu'il ait besoin de hausser le ton ou même de sourire.
******
C'était au même bar, à la même heure. Il était presque vingt-deux heures. Une heure tardive, une heure où tout commence. L'heure que Jahan affectionnait particulièrement et à laquelle il fallait être prêt à se plier si tu comptais le garder pour les quelques heures à venir. Une espèce de fief qui se veut élégante et à la pointe de la popularité quand on est dans l'élite de Gotham. Tout sentait le minimalisme étudié et tout le monde parlait de Rothko comme si c'était le dieu de la soirée. Un cadre épuré d'où était diffusé la dernière électro lounge qu'il était de bon ton de connaître. Waterhouse n'était toujours qu'un nom avec une idée préconçu. Il paraît qu'elle ressemblait toujours à Blanche-Neige, qu'elle était toujours psychiatre ou psychologue à Arkham et c'était tout.
Hors, Jahan connaissait tout le monde ici. Tout les membres du bar étaient des habitués où des gens que l'ont invite. Personne ne rentrait par hasard où juste par curiosité. Celui qui se prenait pour le prince de la nuit, portant un costume noir, des pieds à la tête, de la chemise au chaussures, sans prétention, regardait par la fenêtre, sans qu'il ait l'air de se soucier de ce qui l'entourait. C'était comme ça, Jahan n'avait jamais l'air de se préoccuper du monde qui l'entourait. Comme un vieil éléphant qui aurait déjà tout vu du monde, Jahan faisait partie des gars qui ne lèvent les yeux que quand l'intérêt s'en montre digne.
Son regard d'ambre scrutait la fenêtre, sans même savoir ce qui se trouvait derrière son reflet. Il avait la tête ailleurs, perdu dans des réflexions insondable jusqu'à ce que des petits pas s'arrête devant la table sur laquelle trainait un fond de gin fizz dont les glaçons avaient fondu. L'auteur a succès leva les yeux vers elle, le temps d'un battement de cil et reconnu un des serveurs qui avait du diriger l'inconnu directement à sa table. Non, personne ne rentrait par hasard, ici.
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Message envoyé le : Sam 25 Juin - 15:41
Grace Waterhouse
No one's beyond help
Alors que Grace s'évertuait à expliquer au vigile qu'elle possédait bien une recommandation, elle se rendit compte à quel point il lui avait été difficile d'en arriver là. Ce bar pourtant placé dans une des premières artères qu'elle avait visitées avait l'air plus que select et elle commençait à douter de pouvoir y entrer dans une autorisation expresse écrite et signée par le maire, le proprio, ou quelqu'un dans ce goût-là. Elle espérait que ce n'était pas parce qu'il se passait trop de choses vraiment louches dans la salle qu'elle n'arrivait même pas à apercevoir d'ici. Un petit trafic de drogue, ça ne la ferait pas fuir. Elle avait testé, elle aussi, et au final, sa drogue, c'était plutôt le yoga et la méditation, mais elle pouvait comprendre l'attrait des substances et le besoin d'en consommer. Tant qu'on se faisait aider pour en sortir en parallèle, il fallait bien pallier l'urgence. Elle n'avait rien contre l'idée. Seulement, elle n'avait pas très envie de tomber dans un lieu peu recommandable.
Mais Pete ne lui aurait jamais conseillé ce genre d'endroit, ou plutôt de personne, puisqu'elle était là pour rencontrer quelqu'un. Pete était adorable, vieux jeu, timide à s'en étouffer, et des quelques conversations qu'ils avaient eu jusqu'ici Grace l'aimait beaucoup. Il serait un bon ami sur qui compter à Gotham, et elle se chargerait de l'aider en retour. Elle avait remarqué qu'il bégayait particulièrement quand la jeune femme de l'accueil, Amanda, était dans les parages.
Il l'avait renvoyée voir un libraire... Ou plutôt, lire un livre, écrit par une personne qui visiblement était très influente dans le milieu de la nuit à Gotham. Mais le milieu de la nuit respectable, apparemment. Le libraire avait été ravi de lui décrire un homme mystérieux, peut-être un prince caché, et l'avait mise en garde contre ses pouvoirs de séduction malgré ses déclarations répétées qu'elle ne cherchait que quelques bonnes adresses. Elle s'était sentie mal à l'aise face à ce jeune homme caché au fond de sa boutique qui la dévorait du regard comme si elle était la première personne vivante à franchir le seuil depuis une semaine. Pour autant qu'elle sache, c'était possible. Mais elle espérait que son contact de ce soir serait moins étrange.
Elle était encore passée par une ou deux personnes avant qu'on finisse par lui donner le nom de la boîte, et par un dernier qui l'avait autorisée à utiliser son nom pour entrer.
"Il veut te voir." "Comment ça ? Il a entendu parler de moi ?"
Elle avait dû se contenter d'un haussement d'épaules. Tout ça ne l'avait pas franchement mise à l'aise, mais après tout, ce n'était pas non plus une raison de se méfier. Et chaque individu qu'elle croisait était une personne humaine, c'est tout, quelle que soit leur influence, quelles que puissent être leurs pathologies ou leur personnalité. Et elle aimait rencontrer de nouvelles connaissances.
Le vigile finit par la laisser entrer une fois expliquée en détails sa rencontre avec le dernier garçon, Kevin, qui lui avait dit qu'on la laisserait entrer sur son autorisation. Elle trouvait ça un peu excessif pour une simple demande de conseils sur les endroits à voir de la ville, mais elle se garda bien de le dire au vigile et pénétra dans l'antre du fameux Athanase. Avec tout son travail, elle n'avait pas eu le temps de lire le livre, même si elle l'avait acheté sur les conseils de Janson. A son entrée, certains regards la détaillèrent pendant suffisamment longtemps pour qu'elle les remarque et comprenne que les nouveaux venus étaient suffisamment rares ici pour présenter un certain intérêt. Après tout vu la difficulté à rencontrer Athanase (et son succès ! son livre devait lui valoir une belle troupe de fans), c'était compréhensible. Elle s'était habillée sobrement, veste en cuir noir qu'elle avait laissée à l'entrée, T-shirt à une manche noir uni, et une jupe qui lui arrivait au-dessus du genou, noire décorée de motifs argentés qui reflétaient l'éclat de son long collier et de ses boucles d'oreilles qui se perdaient dans les mèches de sa chevelure, argent sur argent. Elle portait toujours ses fichues chaussures à talons, qui commençaient à peine à ne plus lui donner d'ampoules. Ca lui faisait bizarre de porter ici les mêmes chaussures qu'au travail, ce n'était pas dans ses habitudes.
Il était moins le quart, et elle décida de se diriger vers le bar et commanda un cocktail qu'elle n'avait jamais goûté, laissant libre court à son goût pour les boissons bien trop sucrées pour le commun des mortels. Elle avait besoin d'énergie. Elle détailla la pièce en attendant son verre, de ses yeux entourés d'un gracieux trait d'eyeliner tracé d'une main sûre et expérimentée. Le décors lui plaisait. La pièce était grande, même si le fait d'être remplie de monde ne donnait pas cette impression au premier abord, et l'ameublement était simple mais élégant. Elle sirota sa boisson pendant une dizaine de minutes, et au moment de rendre son verre au serveur, lui demanda s'il pouvait lui indiquer qui était Jahan Collins. A son air, on aurait dit qu'elle demandait à voir Palpatine. Il l'amena lui-même à une table où un jeune homme, un peu plus vieux qu'elle, certes bien fait de sa personne et vêtu d'habits de bonne coupe, entièrement noirs, mais qu'elle ne trouvait pas plus effrayant que ça. Le serveur prit congé et l'inconnu resta assis à méditer, sans la regarder au début, puis soudainement il se leva et se mit à la dévisager. Elle prit un air légèrement interrogateur devant l'absence de présentations, mais après tout, c'était elle l'intruse. Elle s'apprêtait à lui tendre la main quand elle l'entendit murmurer.
" C'est presque charmant de ne pas connaître votre nom… "
"Ah, Kevin ne vous a pas dit... ? Pourtant il m'avait assuré que vous vouliez me voir."
Elle lui tendit la main pour qu'il la serre, la sienne était douce au toucher et serrait juste assez pour donner prise à son partenaire, à la suite de divers entraînements dans plusieurs styles de danses qui lui avaient conféré cette poigne particulière que les danseurs partagent avec les instrumentistes.
"Je m'appelle Grace Waterhouse, enchantée."
Elle se surprit à le dévisager à son tour, en essayant de passer au-delà des barrières et de comprendre, entre autres, pourquoi il ne fixait personne dans les yeux, pourquoi il n'avait pas parlé plus tôt, pourquoi... Elle se reprit. Il fallait vraiment qu'elle mette en veille le mode psychiatre.
"Je travaille à Arkham... Ah, je n'aurais peut-être pas dû dire ça. L'hôpital a mauvaise réputation, non ? Mais c'est la vérité. Il n'est pas si désorganisé qu'il peut en avoir l'air de l'extérieur, on peut y faire du bon travail..."
Une fois encore, elle s'arrêta avant de rentrer dans les détails. Son interlocuteur n'avait certainement pas envie de parler de ce genre de chose, à 22h, au milieu d'un bar. Il y avait un temps pour chaque chose. En parlant de ça...
"Je cherchais juste à avoir quelques bonnes adresses en ville, de bars, de boîtes... Et...", elle se retourna vers la sortie comme si le vigile allait soudainement lui foncer dessus pour lui intimer de sortir, "... On m'a conseillé de venir vous demander."
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❝ Grace, Jahan + Dans la nuit en plastique, je tiens ❞Nuit blancheIl regardait sa main tendu, comme s'il elle lui tendait un morceau de pain. Sans réaction ni même affection, il se contentait de l'observer, sans y prêter une attention particulière. Sans être désobligeant, elle n'avait pas l'air d'exister et il ne pensait pas même à justifier sa non-réaction. " Je m'appelle Grace Waterhouse - Waterhouse, répéta t-il en écho, avec un demi sourire qui avait quelque chose de lointain. - Enchantée. - Je ne connaissais que votre nom de famille. Pendant une semaine, on entendait que ça, Waterhouse, Waterhouse… Une légende urbaine que vous n'aviez même provoqué. J'aurais adoré être à votre place."
La couleur de caramel fondu de ses yeux s'éclaira enfin. Waterhouse avait réussi à remuer l'intérêt endormit de l'écrivain, à le pousser à s'agiter et à agripper ce que les autres avaient à lui offrir. Ca lui remuait l'échine, de voir des gens qui avaient l'opportunité de se faire une place avec presque rien comme ça le faisait grincer des dents. Waterhouse, la légende urbaine. Ca sonnait trop bien, mais ça ne sonnait pas comme Collins, la légende urbaine. Une fossette frémit, une fraction de seconde avant de disparaître. C'était comme ça, chez Jahan, des émotions essayaient de sortir et de briser la glace, mais un monstre les tuaient avant d'éclore.
Il recula, à peine, sans soucier de la main qu'elle avait tendue. C'était comme si elle n'avait jamais existé et Jahan avait le don pour faire comme si c'était chose n'avait jamais existé, avec un naturel indécent. Certains avaient bien essayé de combattre ce qui s'apparentait à une mauvaise habitude, mais il n'y avait rien à faire. Plus rare était ceux qui lui faisait remarquer. Sa hanche s'appuyait sur la table à laquelle il était posé alors que Waterhouse embrayait directement sur sa vie privée. Il écoutait, grippant son regard de rapace sur un point fixe de son visage.
" Je travaille à Arkham… Ah, je n'aurais peut-être pas dû dire ça.[/color] - Ca, en revanche, je le savais… les mots se déliaient presque dans un sourire. - L'hôpital a mauvaise réputation, non ? " Il haussa doucement une épaule, en guise de réponse et détourna un malheureux instant le regard. Elle parlait d'Arkham, mais elle se rappela bien vite que son but premier n'avait pas été de venir s'épancher sur son épaule des déboires de son nouveau poste. Dans le fond, ça ne l'aurait pas dérangé.
Sa réaction de souris farouche tira un sourire avide au petit prince qui s'effaça dès qu'elle tournait de nouveau la tête. Oh, il était bien au courant de la raison sa venue. C'était souvent pour cette raison, que les gens venaient… Et il jugea bon qu'il devait l'informer que ce n'était pas la première… et surement pas la dernière. Comme si sa notion du temps était abstraite, il fit un signe à un des serveurs, sans ajouter aucun détail. Jahan prenait toujours la même chose. Du gin. Et quand bien même osait-il certainement fantaisie, les serveurs savaient exactement quoi amener en fonction de l'heure. Il croisa les bras et finalement, daigna répondre à l'intéressé, avec un détachemt qui amusé. " Il va falloir changer de chaussures pour tenir debout à Gotham, … commença t-il en désignant de l'index ses petits pieds, avec un sourire railleur, vous savez que c'est le bassin des requins ? Si vous n'allez pas dans les bons endroits sans préparations, on ne vous retrouve pas. Ils vont dévore, sans laisser aucune trace. On dit la ville du crime, mais le plus sournois, c'est qu'elle est capable de jouer les innocentes… Il n'avait pas regardé Waterhouse dans les yeux, de tout ce temps, mais finalement, il le fit. Il l'observait, intensément, comme s'il cherchait à mesure quelque chose dans son regard. - On a bien fait de vous envoyer entre mes mains… même si jouer les mentors n'est pas dans mes cordes. " Il disait ça, mais Jahan avait toutes les cordes. S'il voulait s'improviser mentor, il en était capable. Encore fallait-il qu'il en ait l'envie… et que la personne soit prête à le faire. Il contourna finalement la table, se glissant contre elle comme un matou contre une jambe et récupéra sa place. Si elle s'attendait à le voir l'inviter, il fallait qu'elle attende. Jahan temporisait les choses avec une attention particulière, dans un ordre qui lui était propre. Les doigts liés sous son menton, il la fixe attentif et se laissa rattraper par la curiosité. " J'espère sincèrement qu'Arkham vous rodera pour vivre ici, même si je pense que vous en avez les épaules. Il suffit de vous muscler. Il recule, cette fois, enfonçant son dos contre le dossier de la chaise et lui désigne la place en face de lui. Un roulement d'épaule et il se rend - Alors comme ça, on a besoin d'amis, Grace… il se mordillait la lèvre et continua, où sont vos anciennes compagnies ? "
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Message envoyé le : Sam 25 Juin - 22:54
Grace Waterhouse
No one's beyond help
Il ignora sa main tendue comme si elle était totalement invisible à ses yeux. Ca ne déboussola pas grace le moins du monde. Elle avait l'habitude à présent de côtoyer des gens qui avaient avec la réalité un rapport très particulier, et elle ne se formalisa pas des manières étranges de son interlocuteur. Elle avait enfin réussi à lâcher son regard et à porter son attention sur la conversation plutôt que sur les tics du jeune homme, comme si elle avait eu la moindre chance de décoder durant les cinq premières minutes de leur rencontre des signes gravés au long de dizaines d'années. Cependant, elle n'arrivait pas à balayer une impression désagréable d'avoir affaire à quelqu'un de faux, faux à en être dangereux. Elle savait pertinemment quand elle se trouvait présentée à une armure de chitine, et la personnalité de son contact était, à n'en pas douter, une protection contre le monde et lui-même. En temps normal, Grace se focalisait sur les points d'appui où poser son pied de biche et commençait à appuyer tout doucement. Là, elle s'interdit de le faire. Elle n'était pas en consultation.
Elle ne cacha donc pas sa surprise quand il lui apprit qu'une petite rumeur courait déjà à son sujet. Qui avait bien pu parler d'elle pour que ça remonte aux oreilles d'un tel type ? Quelqu'un de l'hôtel, peut-être ? Le libraire ? Un des agents de sécurité d'Arkham, qui n'avaient pas leur langue dans leur poche tous les jours ? Dans tous les cas, il devait largement exagéré les répercussions que ces discussions avaient eu sur le milieu du divertissement de la ville. Ca la mettait plutôt mal à l'aise, comme l'oeil soudain vif et les mouvements plus énergiques de la personne en face d'elle. Elle appréciait l'attention des gens, mais seulement quand celle-ci était bienveillante, et elle percevait toujours une sorte de danger chez lui, comme s'il pouvait soudain se transformer du tout au tout et lui sauter à la gorge.
« Ah bon ? Je ne vois pas ce qu'il y aurait eu d'extraordinaire à dire pourtant... Les nouveaux arrivants ne doivent pas manquer, à Gotham... »
Le signe de la main à un serveur lui permit de reprendre une contenance, juste le temps de se préparer à ce qui allait suivre. Il avait remarqué que ses talons la gênaient. La remarque la fit rougir, pour le coup, mais elle pâlit à nouveau en entendant ses recommandations. Elle s'était doutée que la ville était comme il la décrivait, mais c'était autre chose d'entendre quelqu'un le dire. Elle soutint son regard.
« Oh, je peux très bien m'occuper de moi toute seule. Ne vous inquiétez pas, je ne serai pas longtemps dans vos pattes. J'ai juste besoin qu'on me dise quels coins éviter, dans les premiers temps. »
Et après aussi, d'ailleurs, avoir trois ou quatre points de chute lui suffirait amplement et elle n'avait aucune envie d'aller explorer des zones plus dangereuses.
Il la frôla en allant se rasseoir à sa table. Elle se sentait ridicule, debout, perchée sur ses talons, face à lui assis contre le dossier de sa chaise. Son geste l'invitant à s'asseoir à son tour fut un soulagement, alors qu'elle hésitait à en prendre l'initiative. Elle tira le siège opposé et plia les jambes en passant la main derrière ses genoux pour lisser sa jupe avant de s'asseoir, une habitude qu'elle avait prise à Sydney où la chaleur et les fauteuils ne pardonnaient rien aux jupes fuseaux.
La confiance qu'il lui accordait était à la fois rassurante et vaguement angoissante. Mais elle verrait bien ce qu'il en était en réalité. Tant qu'elle ne dépassait pas les limites, elle ne risquait que d'être refoulée à l'entrée d'une boîte ou de passer pour une ringarde d'en un bar. Elle en serait quitte pour quelques remarques désobligeantes. En revanche, quand il lui demanda quelles personnes elle avait eu comme amis auparavant, sa gorge se serra. Elle gardait contact avec ses amis de lycée, bien évidemment. Les autres, aussi. Mais il y avait comme un voile de gêne entre eux depuis ce qui était arrivé à ses petits amis successifs. Peut-être était-ce pour ça qu'elle n'avait jamais vraiment eu de mal à quitter le bercail. Sa famille lui manquait, bien sûr... Mais quelque part, ces nouveaux départs lui offraient la liberté de recommencer à zéro, sans être « la copine de... enfin, l'ancienne copine... Bref, tu vois. » « oh, merde. ».
« A sydney, et en Irlande, essentiellement. »
Elle remit une mèche de cheveux trop courte pour y rester derrière son oreille, un tic qui l'énervait elle-même. En face, on se mordillait la lèvre. Ils avaient un peu l'air de deux ados coincés, vus comme ça.
« Du coup, je ne connais presque personne en ville, en dehors de mes collègues et de l'hôtel où je loge pour l'instant. »
[dis-moi si ça te vaaa sinon je peux rajouter/enlever/modifier bien sûr =3]
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❝ Grace, Jahan + Dans la nuit en plastique, je tiens ❞Nuit blancheLes nouveaux arrivants ne manquaient pas, non. Ceux qui se tournaient vers Jahan, en revanche, étaient plus rare. Ils en avaient l'impulsion folle de se mettre entre ses mains, mais finissaient par se raviser quand il comprenait à quel genre de bonhomme il avait affaire. Mieux valait qu'il se détourne, tant qu'il en avait encore le temps, avant que Jahan ne vous dévore tout cru.
Elle avait quelque chose d'innocent et fragile. Un petit truc faussement naïf qui attisait Jahan, et quand quelque chose attisait Jahan, c'est que le monstre qui dormait en lui était entrain de s'éveiller. Quand on le remarquait, c'était souvent trop tard. Le monstre est déjà derrière toi, prêt à te becter jusqu'à ce qu'il ne reste rien. Rapide et brutal.
J'ai juste besoin qu'on me dise quels coins éviter…
Jahan rit en sourdine, un rire grondant comme un tonnerre, mais qui n'avait rien de drôle. Pourtant, lui, ça l'amusait. Ca l'amusait qu'elle pense aux coins à éviter avant ceux où il valait mieux qu'elle se trouve. L'histoire, c'était de se battre, peu importe le milieu et il était là pour ça.
Elle s'installait en face de lui, obéissante comme une servante. La situation avait l'air complètement dingue. Il n'était qu'auteur et avait pourtant l'air d'avoir la main mise sur tout le lieu et Waterhouse ressemblait à un lapereau qu'on aurait jeter face à un lion démesurément grand. Confortablement installé, il s'imprégnait de son histoire et ce qu'elle avait à lui apprendre. Il était lui même né en Irlande, mais il ne semblait même pas réagir. Pas plus pour Sydney, il se contentait de la regarder comme si elle était entrain de présenter son mémoire de fac. Pourtant, quelque chose en lui pointait les expériences communes. Il avait déménagé, plusieurs fois, mais c'était complètement détachés de ses anciennes connaissances. Dans le fond, personne ne restait bien longtemps avec Jahan, mais là, il avait posé ses bagages à Gotham pour un certain temps. Lentement, il sortit un paquet de cigarette ultrafine à la menthe, comme celle que fume les pétasses qui roucoulent au coin des bars. Il en ficha une entre ses doigts et n'eut pas l'air d'avoir l'intention de l'allumer.
" Au fait vous pouv… Oh et puis on peut se tutoyer. Je n'ai jamais bien supporter les simagrées de bienséances. Nous sommes d'égal à égal… Alors tu peux enlever tes chaussures. Toutes les femmes ont l'escarpin au bout du pieds, il papillonna des cils vers plusieurs demoiselles dont les bouts des orteils retenaient les escarpins plus ou moins élaborés, je ne tiens pas rigueur à ce qui se passe sous la table… " Est-ce que ça voulait dire qu'il tenait rigueur à tout ce qui se voyait ? Il ne répondrait pas, mais la réponse était plus proche du oui.
" Je n'ai pas fait les présentations, ça ne sert jamais à rien, mais je vais te dire ce que tu dois savoir… " Ses façons de se désengager des conversations et d'y revenir avaient quelques choses de fascinant. Complètement instable, Jahan passait d'une émotion à une autre en un claquement de doigt, d'un calme dingue à une nervosité angoissante. C'était délicieux à observer comme complètement effrayant. " Jahan Collins, mais tu peux m'appeler comme ça te chante. Sauf Jany. " Le serveur déposa le gin sans même qu'il ne lui adresse un regard, il esquissa simplement un sourire en fixant Grace. C'avait l'air d'être destiné à elle, mais le serveur savait pertinemment qu'il le remerciait. Jahan bougea sur son fauteuil pour se pencher vers Grace. " Je suis né en Irlande, il y a trente ans, mais j'ai tout claqué. J'ai tout claqué parce que je voulais construire ma vie comme je l'entendais, il écarta une main, comme pour lui présenter tout ce qui les entourait, ma vie ressemble à un film où les héros meurent à la fin, mais je tiens encore debout. Je tiens debout parce que j'ai pas d'attache… " Il balaya son regard sur les tables à côté. On sentait sa sincérité, son détachement vis à vis de tout ce qui l'entourait, comme si tout pouvait se casser la gueule autour de lui sans qu'il ne réagisse. Et pourtant, il avait des fidèles et même des gens assez fous pour croire qu'ils étaient amis avec Jahan. " Est-ce que tu serais prête à tourner le dos à tout les gens que tu as derrière toi, si on te le demandait ? " Il détacha ses mots, lentement, sans la regarder. " Je ne te le demanderais pas…, il reporta de nouveau son attention sur elle et alluma enfin sa cigarette, je veux savoir si on est sur la même longueur d'ondes, alors ne ment pas, ça ne nous apportera rien. Si je veux t'aider… " Il prit le temps de tirer un bouffée de cigarette et pointa deux doigts vers elle. " Je dois savoir jusqu'où je peux t'emmener. "
Il l'observait, à travers la fumée. Sa main repoussa alors le gin vers elle, comme pour l'inviter à y gouter. Il avait des gestes délicats, presque doux. Sa main était légère, caressante, mais trop peu de personnes savaient ce que c'était de toucher Jahan. " Pete bégaye toujours autant ? "
(C'était parfait ! J'espère que la mienne t'ira tout autant <3)
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Message envoyé le : Dim 26 Juin - 15:54
Grace Waterhouse
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Elle ne comprit pas pourquoi elle le faisait rire, mais elle ne s'en formalisa pas. Pourtant, elle n'aimait pas ne pas comprendre les réactions de la personne en face. Elle avait un don pour ça, même quand les expressions sortaient de l'ordinaire, c'était ce qui faisait sa force en tant que psychiatre, mais aussi sa faiblesse, l'impatience de vouloir à tout prix savoir ce qui se passait dans la tête de l'autre. Une curiosité insatiable envers autrui, qu'elle engloutissait dans ses relations avec ses amis, des connaissances, et depuis pas si longtemps que ça, ses patients, des créatures fascinantes qu'elle adorait côtoyer. Elle ne se l'avouait qu'à mots couverts. Elle aimait bien les gens. Point. Elle voulait comprendre pour aider. C'est tout. Et quelque part, c'était vrai. Elle était pétrie de bonnes intentions, sans quoi elle aurait été aussi gracieusement létale que son directeur de thèse, et c'était probablement pour ça qu'il l'avait prise sous son aile, dans l'espoir de la modeler. Son regard se fit vague une fraction de seconde et elle frissonna. Par son détachement, Jahan lui rappelait un peu Alexei. Et d'un autre côté, il n'y avait rien de commun entre les deux hommes. Collins possédait une sensibilité très développée, alors que l'australien – si tant est qu'il se considère comme appartenant à une quelconque nationalité – était purement et simplement un sociopathe de la rare catégorie des personnes en souffrance rendues dangereuses par leurs troubles.
Elle abrégea ses explications en se rendant compte qu'il ne paraissait écouter que d'une oreille, et finit au moment où il sortit un paquet de cigarettes à la menthe dont l'odeur, bien que très ténue, suffisait à écoeurer Grace. Un jour elle réussirait à convaincre sa mère d'arrêter de fumer ces horreurs. Pour une passionnée d'alternatives naturelles, c'était un comble de se détruire la santé à coup de tabac ! Encore un élément que la jeune fille peinait à comprendre. Mais le bien-être de sa mère lui importait plus que son envie de tout savoir sur ses motivations.
Elle fut soulagée qu'il propose lui-même de se tutoyer. Ce serait une gêne de moins entre eux. Après tout, ils étaient deux jeunes adultes, et même s'il semblait être un genre de gérant de casino mafieux, tapi au fond de l'antre de son bar favori, le vouvoyer semblait étrange à Grace depuis le début de leur conversation. Elle préférait être plus naturelle et directe. Cela dit, elle ne retira pas ses chaussures quand il lui proposa. C'était idiot, mais elle se serait sentie exposée. Peut-être un instinct profond... On ne fuit pas pieds nus. Courir en talons, elle pouvait le faire. Mais les bouts de verre qui parsemaient le trottoir dehors interdisaient de se rouler dessus n'importe comment. Ses propres craintes la surprirent. Quelque chose ici la rendait fébrile.
« …Sauf Jany. »
« Oh, okay. C'est compris. »
Elle ne comptait pas spécialement lui donner de surnom, mais si ç'avait de l'importance pour lui de ne pas être appelé ainsi... Elle nota l'information dans une petite case qu'elle avait ouverte en le voyant pour la première fois quelques minutes plus tôt, sous le nom de « Jahan Collins ». Elle avait un dossier semblable pour chaque patient... Et connaissance. C'était comme ça qu'elle se souvenait toujours du thé préféré, du nombre de sucres dans le café, des petites choses qui lui permettaient de faciliter l'existence des gens autour d'elle et la faisaient apprécier par ceux que ces petites attentions touchaient.
A défaut d'être seulement regardé par Jahan, le serveur eut droit à un sourire de Grace et à un petit signe de tête en remerciement. Il avait beau ne pas amener la boisson pour elle, rien n'interdisait d'être polie. Et vu comme son interlocuteur semblait expansif, elle avait le sentiment de devoir compenser. Lorsqu'il se mit à parler de sa vie, elle grava chaque détail dans sa mémoire, en écoutant avec cette attention complète qui rassurait les patients et satisfaisait les amis en quête d'épanchements. Sans jugement, avec une volonté totale de partage qu'on pouvait lire dans ses yeux. Elle exprimait peut-être plus sa personnalité dans ces moments-là que quand c'était à son tour de prendre la parole. Mais ce qu'elle entendait de la part du jeune homme lui fit très légèrement froncer les sourcils, jusqu'à ce qu'une discrète ride d'inquiétude se creuse sur son front. Il semblait avoir de la vie une vision très négative, et presque violente. Il avait dû vivre des heures difficiles, et en avoir encore un bon nombre devant lui... Et naturellement, elle ne pouvait s'empêcher d'espérer pouvoir lui venir en aide si elle le pouvait, d'une manière ou d'une autre, sans y laisser trop de plumes de préférence mais allez savoir. Il avait pourtant l'air d'avoir un bon fond. Comme la plupart des gens, qui n'avaient besoin que d'un encouragement pour le faire ressortir... Mais celui-ci aurait peut-être besoin d'un peu plus.
Elle fut prise par surprise quand il lui demanda ce qu'elle était prête à sacrifier. Elle ne cherchait que quelques heures d'amusement et une ou deux rencontres agréables... De quoi lui parlait-il ?
« Quoi ? Je... … Non. Je veux dire, j'ai une famille, et je ne cherche rien d'incroyable, à part si ce n'est pas possible de boire un verre entre amis à Gotham... J'ai peur de ne pas comprendre. Peut-être qu'on m'a mal orientée en me menant à vous. »
Elle commençait à paniquer. Et s'il était véritablement lié à la mafia ? On l'avait mise en garde... Elle ne voulait rien avoir à faire avec ces gens-là. Mais elle ne put s'empêcher de rire à sa mention de Pete. Jahan avait quelque chose qui la mettait à la fois à l'aise et mal à l'aise, comme si elle devait fuir, mais souhaitait par-dessus tout reste à discuter tranquillement avec lui, comme s'il avait un côté caché dangereux mais qu'on pouvait surmonter juste en l'ignorant, pour profiter de la personnalité agréable du jeune homme et passer un bon moment en oubliant la bête qui rôdait.
« Oh, oui, toujours... Il est tellement gentil. On peut compter sur lui. … Et lui sur nous, j'espère.»
Elle n'avait pas voulu formuler ça comme un test, mais sa voix avait légèrement vacillé à la fin du mot. Il fallait qu'elle se reprenne. Elle avait l'impression d'avoir le tournis, comme si elle avait perdu le contrôle de la conversation de la même manière qu'on perdait le contrôle d'un véhicule. C'était peut-être le cas. Mais elle ne comptait pas se laisser piéger par un inconnu sans se battre. Elle secoua la tête pour détendre les muscles de sa nuque et se clarifier l'esprit, en envoyant voleter quelques mèches argentées autour de son visage.
[<3 perfection. Presque j'écrirais mes posts rien que pour pouvoir lire les tiens.]
Messages : 263 Date d'inscription : 16/06/2016Métier/Occupation : Post-doctorante en psychologie à Arkham
❝ Grace, Jahan + Dans la nuit en plastique, je tiens ❞Nuit blancheGrace avait dans le regard ce que Jahan cherchait dans toutes ses rencontres : l'attention complète. L'impression d'être son seul repère et le repère le plus fiable. D'être la flèche de la boussole qu'on suit, aveuglément parce qu'on a qu'elle comme guide. Elle aurait très bien pu le suivre à reculons, Jahan s'en serait accommodé. Tant qu'il était le centre du monde, il était ravi. Tant qu'il était le seul à mener, il n'y avait pas de problème.
Alors qu'il avait l'air de se foutre du monde extérieur, il se met à battre doucement le rythme de la musique, il avait tout de suite reconnu Paris Pourri, de Orties. Le genre d'electro hype que les animaux de nuit affectionnent particulièrement. La musique faisait partie des choses qui arrivaient à prendre l'attention complète de l'auteur désinvolte. Il y avait des choses à savoir sur Jahan, si on voulait être dans ses petits papiers. Ou si simplement on voulait avoir l'illusion légère que vous étiez captivant. Le visage de Grace trahit ses pensées et même sans savoir ce qu'elle avait en tête, de bien ou de mal, de prévenant ou de cassant, Jahan y sourit, à peine. Il ondula doucement du dos, comme pour se replacer alors que sa position restait identique, mais il aurait aussi pu onduler pour réprimer un frisson d'excitation.
Je ne cherche rien d'incroyable. Il sembla déçue, le temps d'une moue et se mit à battre des cils d'incompréhension. Il entrouvrit les lèvres, près lui dire que c'était dommage, mais ne dévoila rien. Ce n'était pas une raison suffisante pour qu'il se détache d'elle, mais elle semblait l'avoir atteint en plein cœur. Néanmoins, il rajouta finalement à mi-voix " T'as pas peur de t'ennuyer… ?" le timbre parfaitement enfantin, innocent. D'une sincérité presque fragile, il avait trouvé le ton juste. L'intonation idéal pour dévoiler ce qui suffisait du fond de sa pensée et de ses envies. Un savant mélange d'adrénaline adolescente, une curiosité dévorante, mais surtout, ne pas être seul. Accomplir ses rêves accompagnés.
" Peut-être qu'on m'a mal orientée en me menant à vous. - Mille viae ducunt homines per saecula Romam Qui Dominum toto quaerere corde voluut, récita t-il, machinalement dans un sourire, je prendrais soin de toi… Quel que soit tes convictions."
Il dévoila une rangée de dent parfaitement blanche, dangereusement doux. Il frotta du bout de son index l'aile de son nez, comme s'il était entrain de retouché la peinture d'un tableau du Xve siècle. Alors que son poignet s'extrait quelque peu de sa chemise noir, les tatouages qu'il portait avait l'air de danser avec grâce. Etudié et pensé, fait pour se mouvoir élégamment à chaque geste de leur propriétaire.
Il avait parlé de Pete, pour poser les bases d'un réseau social qu'elle ne maitrisait pas encore. Pete en était un infime morceau et pas le plus fameux. Un bon début, certes, mais pas ce qu'il lui fallait. Il reposa ses mains les une contre les autres, la cigarette au bout des doigts. " On peut compter sur lui. … Et lui sur nous, j'espère. " Ca n'avait rien d'une question et pourtant, tout laissant sous entendre qu'elle attendait un consentement. Jahan se penche alors vers Grace, semblable à un rapace qui se pose face à sa proie bloqué entre ses serres. " Je ne laisse tomber personne, tant qu'on ne nous déçoit pas… Chacun doit tenir son rôle pour le prochain, tu comprends ? " Il avait choisit de dire " nous " De l'impliquer dans cette aventure, de la rendre d'office membres d'une épopée dont elle ne savait visiblement rien. Lorsqu'il en parlait, tout ressemblait à une grande famille, un réseau mafieux ou n'importe quoi d'autres où la fidélité primait sur le reste.
Soudain, il tend une main tatoué vers son oreille pour écarter une mèche blonde de son visage, méthodiquement. S'il donnait l'impression de regarder à travers les gens, il regardait en revanche véritablement cette petite mèche sauvage. En prenant soin de ne pas toucher son visage, il la replaça avec les autres et continua l'air de rien. " Arkham te réclame tôt ou j'ai encore du temps pour t'avoir à moi ? Je ne pourrais pas te montrer Gotham en une fois, ce serait gâché ! Et puis… " Il reporta son attention par dessus l'épaule de Grace, le temps d'un coup d'œil et s'avachit un peu contre son avant-bras. " Ta vie ressemble à un début de roman mal fichu, c'est grisant… Tu vis à l'hotel, alors ? T'as le côté rockstar, mais écrasé par ton allure de faon… " Il se mordit un instant la lèvre et plissa les yeux, sans vraiment la regarder. " Le genre de personne qu'on a déjà cassé une fois… mais je te demande pas de me le raconter, ce serait gâché la suite de l'histoire. Ca se passe comment à Arkham ? "
Messages : 24 Date d'inscription : 16/05/2016Métier/Occupation : Auteur à succès
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Message envoyé le : Ven 1 Juil - 8:09
Grace Waterhouse
No one's beyond help
[j'essaye de te répondre mais c'est difficile, mon lapin a décidé de bouffer des mouchoirs pendant ce temps alors je dois planquer toutes les boîtes hors de sa portée]
Alors que Jahan tapait du pied en rythme, Grace avait une manière très différente d'apprécier la musique. Idéalement, seule dans sa chambre, allongée sur son lit, un bon casque sur les oreilles, les yeux fermés, elle se laissait flotter. Elle avait du mal à se concentrer sur autre chose, la musique la happait toute entière ou pas du tout. Elle se disait que c'était probablement parce qu'elle devait l'ignorer lorsqu'elle ne pouvait pas se laisser aller à lui accorder toute son attention, ou plutôt, toutes ses émotions. Elle écoutait pas mal de choses, peu importe le genre tant que les sons résonnaient à un autre niveau que le simple monde physique, lui parlaient et réveillaient sa sensibilité juste pour 3:54 min ou alentours, en tous cas, un délai contrôlé, délimité par le tempo inscrit sur la partition ou la vidéo Youtube. Ainsi, elle pouvait être certaine d'être à nouveau opérationnelle, pas qu'elle redevienne froide et détachée comme elle avait menacée de l'être après la mort de son premier petit ami, mais au moins... Stable. Ouverte, prête à prêter attention aux sentiments des autres sans laisser les siens prendre le pas, sa pire crainte.
Elle détourna légèrement le regard quand Jahan réajusta sa position sur la chaise, inconsciemment, presque involontairement. Il aurait typiquement été le type d'homme qui l'attirait, avant... Avant. Avant qu'elle décide qu'elle était tout à fait satisfaite de sa condition de célibataire forcée, merci bien. Ca valait mieux.
« t'as pas peur de t'ennuyer ? »
Elle laissa échapper un éclat de rire unique, à la fois touchée par la sollicitude du jeune homme, par sa volonté manifeste de partager sa compagnie, et gênée par la proposition que la réponse impliquait, et la critique voilée. Après les émotions de ces dernières semaines, et deux trajets en avion autour du monde, sans compter un nouveau travail en milieu hostile s'il en était, elle ne craignait pas l'ennui. Elle aurait presque pu dire qu'elle le recherchait... Sauf qu'elle était là, dans un bar qu'elle ne connaissait pas, à discuter avec l'ami d'un ami qui faisait pour ce qu'elle en savait peut-être partie de la mafia. Elle ne s'ennuyait pas... Pour l'instant, non.
La citation en latin la fit sourire également. Son contact était plein de surprises. Elle aurait plus imaginé en le voyant un jeune rebelle charismatique mais pas forcément instruit. Après tout, il ne l'était peut-être pas, connaître une phrase en latin ne faisait pas de vous un lettré, mais... Tout de même. Il la surprenait, par sa manière de s'exprimer aussi bien que par le contenu, plus doux et respectueux que ce à quoi elle s'attendait de la part d'un homme déçu. Que pouvait-il bien cacher d'autre ? Une lueur de curiosité s'était allumée dans l'oeil de Grace, un peu différente de celle qu'elle présentait à ses patients qui se rapprochait plus de la simple attention portée aux paroles et aux gestes qu'elle avait déjà mise en place plus tôt avec Jahan, comme avec la plupart de ses interlocuteurs. La curiosité qu'elle ressentait maintenant était un peu plus vive, un peu plus poussée, un peu plus spéciale. Elle se rendit compte qu'elle avait moins peur du jeune homme que quelques minutes avant quand elle s'était demandée s'il ne faisait pas partie de la mafia comme certains le suggéraient. Elle coupa aussitôt court à cette fascination qui devenait dangereuse.
Elle inspira brusquement quand il se pencha vers elle, en se rendant compte qu'elle fixait ses tatouages, ce qui était plutôt malpoli, maintenant qu'elle le réalisait.
« … Tu comprends ? »
Elle pencha légèrement la tête sur le côté en plissant les yeux un instant, comme si elle cherchait à apercevoir le sens de ses paroles.
« … Je ne suis pas sûre, non. »
Elle ne fut pas prise de court lorsqu'il tendit une main pour toucher ses cheveux. C'était un geste dont elle avait l'habitude. Tout le monde voulait toucher ses cheveux depuis qu'elle les avait décolorés, des patients aux infirmières en passant par ses amis. Elle était plutôt fière de ne pas avoir réagi plus que ça en face de Jahan. Mais lui au moins avait eu l’amabilité de ne pas frôler son visage au passage l'air de rien.
Il résuma sa situation de manière tellement drôle qu'elle ne put s'empêcher d'éclater de rire à nouveau, mais cette fois, il s'agissait d'une vrai expression d'amusement joyeux. Elle, une rockstar ! Quelle idée ! Mais dans le fond, il n'avait pas tort, sa situation avait quelque chose de rocambolesque. Et elle voulait bien croire qu'elle avait des airs de faon égaré au milieu d'une ville qui semblait ne demander qu'à dévorer les nouveaux venus tout crus. En revanche, elle retrouva immédiatement son sérieux quand il suggéra qu'elle avait déjà été brisée une fois. Elle détourna et baissa le regard. Tant mieux s'il ne voulait pas savoir. Elle ne voulait pas en parler. Elle ne voulait pas devenir aux yeux de ses nouveaux amis une martyre dès la première rencontre. C'était différent. Elle en avait parlé avec William, elle avait surmonté ça, elle voulait le laisser derrière elle. Mais visiblement, il restait des traces.
« J'avais juste besoin d'un boulot rapidement. Beaucoup de frères et sœurs ! »
C'était la moitié de la vérité, et il le remarquerait, mais puisqu'il ne voulait pas tout apprendre tout de suite...
« Qu'est-ce que tu veux savoir, sur Arkham ? Tant que ça ne trahit pas le secret professionnel, je peux te raconter un peu. Je te devrai bien ça. »
Elle le jaugea du regard en le balayant une fois de la tête au rebord de la table, comme pour vérifier qu'il allait effectivement lui apporter ce qu'elle demandait en échange de son récit. Elle ne voulait pas être ou paraître méfiante, mais elle n'avait pu s'en empêcher, par réflexe, il avait fallu qu'elle vérifie quelque chose dont elle ne connaissait même pas vraiment la teneur. Peut-être avait-elle tenté de deviner si Jahan était digne de confiance ou non. Sans plus y prêter attention, elle se lança dans un petit résumé.
« C'est un peu la panique, mais ce n'est pas à proprement parler mal organisé... On manque de moyens, et le personnel est un peu démoralisé – les agents de sécurité, les infirmières, pas les psychiatres. Sinon, ça va. Disons qu'il y a vraiment moyen de travailler si on le souhaite, donc c'est positif !»
Elle le fixa le temps de déchiffrer son expression. Elle doutait que sa réponse le passionne. Il aurait probablement préféré des anecdotes, des récits de fous furieux en fuite, comme la plupart des gens, comme Pete. Il faut dire que c'était des histoires hautes en couleur, même si Grace trouvait ça un peu morbide de parler ainsi de personnes qui, au final, ne devaient ces comportements qu'à leurs pathologies et en souffraient autant que ceux qui devaient les encadrer.
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