Et si tout n'était qu'une histoire de Karma ? Si la moindre de nos actions engendraient le bien ou le mal pour les années à venir ? Cela voudrait sûrement dire que Gotham verrait naître l'antéchrist et qu'il s'exclamerait en arrivant "Nom de Dieu, c'est comme à la maison mais en mieux !" Même si Jude n'aimait pas spécialement les religions, peu importe laquelle d'ailleurs, il lui arrivait de s'en remettre à la volonté divine quand le sort semblait s'acharner. Peut-être que Merdy avait raison... Peut-être qu'elle finirait en enfer pour tout ce qu'elle avait fait, pour le simple crime d'avoir oser exister. C'est souvent ça les enfants, on s'idéalise un avenir, un futur, souvent basé sur nos rêves brisés et nos ambitions perdues. Et l'adorable bambin devient un horrible chiard qui décide honteusement de suivre sa route et non le chemin tout tracé par papa et maman.
Oh God... Si son père pouvait la voir aujourd'hui, de quelque part, s'il y avait un après, il ne tarirait pas de ces mots d'amour dont il avait le secret. Par mots d'amour, n'entendez là aucune flatteries. Jude avait toujours été une enfant difficile qui refusait de rentrer dans le rang, de se taire quand elle savait avoir raison. Elle avait fugué encore et encore, signe de rébellion ou appel au secoure, jusqu'à Blüdhaven même une fois. L'effrontée espérait une vie plus douce ailleurs, aspirait au bonheur simple et aux petites choses de la vie. Mais même en se tournant dans tout les sens possibles, Jude se heurtait toujours à la méchanceté, au crime, à la corruption de ce monde. Tout était moche, insipide et avait de vieux relents de déjections. Vivre au cœur de Gotham, subir ses mœurs et s'y plier au quotidien, c'était comme marcher éternellement derrière un camion poubelle un matin d'hiver sous la pluie : Inutile, et désappointant.
C'était une de ces journées banales, une de celles où la jeune femme hésitait à se présenter dans un camp ou l'autre de la pègre Gothamite pour y apporter son lot de petites souffrances. Juste histoire de contribuer à la couche de crasse ternie et malodorante qui la couvrait. En fait, elle avait penser tout arrêter. A bout de souffle, de force, à bout de tout. Elle avait songé assise derrière cette rambarde d'immeuble, sur son toit, s'il n'était pas préférable de... Vous voyez ? Choisir l'impacte quinze bons mètres plus bas. Juste pour que ça s'arrête. Mais cette folie était bien souvent tuée dans l'œuf quand l'image de sa mère lui revenait. C'était pour elle qu'elle faisait tout ça, qu'elle subissait autant. Si elle échouait, si elle baissait les bras maintenant, alors tout ça n'aurait servit à rien.
Déambulant sans réel but dans les rues de Gotham, la fraicheur de la nuit naissante venant lui mordre les joues, elle tentait de mettre au point un plan d'action. De trouve l'idée qui ferait la différence. C'est à ce moment là qu'une étrange sensation s'empara d'elle. Bien entendu qu'elle n'était pas seule, les rues étaient encore bien vivantes comme à leur habitude, mais, c'était comme si l'air autour d'elle se faisait plus lourd. Naissait en elle un sentiment fort d'oppression qui lui fit rater un battement de cœur. La malheureuse ne vit pas la calamité s'abattre du ciel. A peine voulu-t-elle prendre le risque de se retourner, qu'on lui enfournait la tête dans un sac en toile de jute. Ses jambes étaient alors saisies à leur tour, et sans aucun ménagement. Jude se débattis comme un pauvre diable. C'était trop tôt, elle n'avait rien fait, on ne pouvait rien lui reprocher cette fois, c'était injuste. Pourtant, il ne pouvait s'agir que du travail. Elle n'était pas repoussante, mais sa dégaine, son physique, elle n'était certainement pas le genre de fille sur laquelle on se retourne. Au contraire, en temps normal, les gens avaient même plutôt tendance à l'oublier très facilement. C'est toutes ces raisons qui la poussait à penser que ces gens n'étaient pas là "'par hasard".
En agitant les bras, ses doigts se posèrent sur ce qu'elle devina la tempe d'un crâne dégarnie. Étouffant un cris de colère entre ses dents serrées, elle sortie les griffes et marqua profondément la chaire qui s'offrait à elle. Un juron. Elle ne reconnaissait pas la voix du type, ce n'était pas ses "correcteurs" habituels, est-ce qu'il s'agissait des hommes du Pingouin cette fois-ci ? Mais dans quel but ? Et pourquoi ?
Par pure vengeance mesquine, le gros bras arma le poing et vint l'abattre droit dans l'estomac de la jeune femme, lui sommant de se tenir tranquille. Son souffle se coupa alors que les phalanges de la brute frappèrent ses côtes endolories. Jude avait l'impression que l'air ne se risquerait jamais plus à pénétrer ses poumons. Si bien qu'elle en avait l'impression d'avoir des vertiges, à moins que ce ne soit la douleur aigue qui émanait de son abdomen et l'empêchait à présent de réfléchir clairement.
On l'a balançait maintenait à l'arrière d'une voiture sans plus de ménagement, quelqu'un montait même à l'arrière avec elle, alors que le moteur gronda rapidement et que le mouvement se fit sentir. Où est-ce qu'elle allait finir cette fois-ci ? Allongée sur la banquette, l'incorrigible tête de mule était bien trop occupée à chercher l'air pour respirer pour pouvoir se débattre et tenter de prendre la fuite. Haletante, elle sentait la morsure moite de son propre sang se dessiner sous son vêtement. Ils avaient fait sauter des points de suture ces idiots... Elle ne manquerait pas de se souvenir de ce coup de poing déloyal. Combien de temps elle avait passé là dessous, elle n'en était pas certaine. Mais le chauffeur roulait comme un sagouin, ça c'était une certitude.
Au bout d'un certain temps, on la tira hors du véhicule, et l'obligeait à suivre l'ordre de marche de ses kidnappeurs. Bientôt, on prenait grand soin de l'assoir sur une chaise et de l'y attacher. D'habitude, on la battait juste à mort, on ne prenait pas cette peine, cette fois c'était sérieux ? Enfin... Plus que d'habitude ? Etrangement, ce fut le moment qu'elle choisi pour se souvenir de cette étrange comparaison qu'elle avait pu offrir à Ed dans leur tendre jeunesse. Sa curiosité, son petit côté je sais-tout, elle l'avait nargué en le comparant au cachalot du guide du voyageur intergalactique. Elle lui avait dit que, aussi gentil qu'il était, un jour lui aussi se heurterait au sol comme un idiot... Si elle avait su. Au contrario, ce sac sur la tête et ses douleurs abdominales, lui évoquait l'image de ce pot de Pétunia qui chutait aux côtés du cachalot, et tout comme lui, Jude pensa "Oh non... Pas encore..."
L'un des types retira le sac de sur sa tête, découvrant son visage exsangue et tiraillé par la douleur. Son visage tordu naviguait au grés de la pièce dans laquelle elle se trouvait, cherchant du regard un repère, quelque chose qui lui permettrait de savoir où elle se trouvait. Sans grand mal, elle reconnu l'une des salles privées de l'Iceberg. Elle entendait même la musique émaner de la grande salle, quand son regard se posa sur lui, son "Patron", Oswald Cobblepot, aussi dit "le Pingouin". Jude le respectait plus qu'elle ne le faisait avec Black Mask, mais il n'était pas une référence, pour la gamine, tout était mieux que Mask. Elle savait la relation qu'il entretenait avec Eddy, et elle avait compté égoïstement là dessus comme une rédemption, une issue de secours à son calvaire. Mais dans le fond... Il n'en était rien. Ses lèvres ses pincèrent, et la jeune femme fini par énoncer d'un ton sarcastique, la voix encore saccadée.
- Franchement ? La vue était plus agréable dans le sac...