Une première balle tirée dans le vide. Des côtes fracturées. Des cuisses qui saignent, mais rien de mortel. Ce ne sont pas les Gothamites, que je vise.
J'ai tué un flic, certes. Mais je ne ressens pas de peine. Peut-être que j'aurais du. Je vise juste, sans bavure. Il suffit d'un coup. Les flics sont sur les dents, je connais assez bien les rues pour rappeler les rats de Gotham sous mes ordres.
Je suis né dans la rue et ça la que je retourne. Être un Wayne ne change rien. Je suis toujours le même. Une racaille, un déchet de Gotham. Je sais où trouver des hommes, même les pires. Il suffit de montrer qu'on peut tuer sans trembler et leur promettre une récompense pour qu'ils bavent et vous suivent sans broncher.
J'ai lancé le premier assaut contre Gotham. Seul. Ils feront le reste. Qu'ils survivent ou pas m'importe assez peu.
Perché en haut des toits de Gotham, je contemple ce que j'ai faits. Des coups de feu donnent la cadence dans la ville du crime. Les sirènes hurlent de douleur, mais j'attends. La ville a connu pire. Il faut qu'ils viennent. L'un, l'autre, les deux. Il me les faut, le canon sur la tempe. Je les veux mort et sanglant. Je m'en fiche de leur fausses excuses, je veux qu'ils payent ce qu'ils m'ont fait ! J'ai poussé Gotham à la folie, à la peur et à l'angoisse, pour eux. J'ai décroché des balles sans me soucier dans qui elles se fichaient, pour les Wayne. J'ai détruit ceux qui se dressaient contre moi, j'ai monté la ville à la peur, une fois de plus, pour qu'ils me retrouvent. Qu'est-ce qu'elle est d'autre, qu'un amoncellement de larmes et de douleurs, de doute façon ? Elle n'a jamais vu autre chose.
Ce soir, Gotham saignera. Ce soir, Gotham pleurera son héros.
On peut en parler d'un héros, ouais. Un gars qui laisse tomber ses gamins. Gamins qu'ils élèvent comme des soldats. Je sens mon sang bouillonner contre mes tempes, mais je reste calme. J'ai appris à canaliser mon énergie, même si j'en tremble. Mon souffle est court, mais ce n'est pas encore le moment. Non, Jason, le temps viendra, mais il faut que tu l'attendes. Je peste contre moi même. J'ai attendu trop longtemps, j'ai ruminé ma peine et ma haine, mais je dois savourer les derniers instants de patience.
La famille vient toujours pour Gotham. Pour la sauver des dangers, mais pour moi, ils n'ont pas bougé un doigt. Ils ont fait la sourde oreille alors que je les attendais. J'ai naïvement espéré les voir, mais je ne me ferais plus avoir. Je caresse le canon du flingue qui trône dans ma main. Je ne dois tirer qu'un seul coup. Un coup qui ne ratera pas et qui assurera ma vengeance, mais est-ce que j'arriverais à n'en tirer qu'un ? Est-ce que je m'abaisserais à les voir ramper comme le Joker m'a fait ? Un frisson désagréable me parcours l'échine. Non, je ne peux pas me réduire à lui ressembler. Je me souviens trop bien du gout de la mort. J'ai un haut le cœur, je tremble de nouveau, mais tout ira bien. Je ne suis plus un môme. Tout sera bientôt réglé.
Sur les toits de Gotham, un casque rouge cachant mon visage, je me délecte de la dernière fois où je pourrais voir le Bat-Signal dans le ciel. Et si je n'avais rien pour me cacher le visage, je ne me serais pas retenue de cracher.
Il y avait longtemps que je n'avais connu une nuit si longue. La mort ne compte pas. La moindre parcelle de mon corps est électrisée. Les sirènes de Gotham sont interminablement longues. Je ne reconnais pas le ronflement sensuel de la batmobile. Mes dents grincent. Dis moi que tu viendras…
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Message envoyé le : Dim 8 Mai - 21:15
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Ultra violenceC'est l'apocalypse. Un chaos sans nom. Un déferlement de violence que je ne comprends pas. Tout s'enchaîne, tout se mêle et si Bruce est occupé dans un des quartiers de la ville, je suis là à courir sur les toits, effleurant la joue de la Faucheuse à chaque saut ou acrobatie que j'effectue au-dessus du vide. Un jour je finirai par tomber ou un gars me collera une balle alors que je fais mon petit numéro, je ne suis pas con, je sais que les statistiques sont contre moi… Mais ce soir, je m'en fous. Ce soir, c'est pas ma dernière tournée, pas ma dernière soirée. Ce soir je suis immortel parce que je le dois. La ville a besoin de moi, Bruce a besoin de moi et je refuse d'échouer une fois de plus. Je n'ai pas le droit. L'air frais de la nuit est comme une caresse sur mes joues et après une roulade sur l'un des toits, je m'immobilise au bord de celui-ci, contemplant avec un pincement au coeur qu'une fois de plus, j'arrive un peu tard. Pas suffisamment pour me sentir impuissant, mais juste ce qu'il faut pour que je me dise que Gotham n'est peut-être vouée qu'à subir le baiser des flammes. Mais ce n'est pas grave. Cette ville a beau avoir tout les défauts du monde, elle est habitée par des héros, des femmes et des hommes qui jamais ne baissent les bras. Les tarés qui veulent la détruire peuvent la raser autant qu'ils le veulent, y'aura toujours des gens bien pour se relever et résister. Et même si il ne devait y avoir que moi pour me dresser au milieu des décombres fumants de cette ville, j'arriverais à bâtir dans la poussière le symbole de notre courage. Personne ne nous vaincra, personne ne nous soumettra. Gotham ne cède pas à la terreur, ni même à la folie. Certains pensent qu'elle sombre dans les méandres d'une démence destructrice… Moi je pense qu'il y a plus à sauver que l'on ne pense. Putain d'idéaliste pense certains, moi j'appelle ça la foi. Celle que l'on place chez les autres et dans le reste de l'humanité. Je ne pense pas que l'homme soit foncièrement mauvais… Je pense juste que certains n'ont pas eu la chance d'y croire et de voir le bien chez les autres.
À la manière d'une amante attentionnée, le vent vient se glisser dans mes cheveux, les réarrangeants à sa manière, celle qui lui plait. Je prends une grande inspiration et prends de l'élan pour sauter à nouveau sur le toit d'en-face. Du bout des doigts je me raccroche de justesse au bord du toit, me hissant à la simple force de mes bras sur celui-ci. Ok… La prochaine fois je ferais peut-être plus attention. Je prendrais plus d'élan. Un souffle glacé vient titiller ma nuque et faire s'hérisser les fins cheveux à sa naissance. Le saut aurait pu être trop court. Je recommence à courir et je sens mon coeur s'affoler dans ma poitrine. Ce n'est pas ça qui est important de toute façon, ni le chaos qui règne en bas ou la justesse de mes acrobaties aériennes. Ce qui compte c'est la cible que je dois attraper. Je bondis une fois de plus, esquive un escalier de secours, m'accroche aux fondations d'un château d'eau et finalement, j'atterris sur la pointe des pieds dans le gravier. Sa silhouette se dessine dans l'obscurité et au loin, j'entends un grondement inquiétant. Un de ceux qui viennent du ciel et qui annonce un orage violent. Je fais un premier pas vers lui et pose une main sur un de mes holsters de cuisse, récupérant de quoi me défendre. J'hausse un sourcil en le voyant, me disant que le rouge de son casque répond étrangement bien au bleu de ma combinaison. Des opposés. Voilà ce que nous sommes. Des adversaires, des rivaux, des inconnus.
Tu me cherchais ? Me voilà. Je suis venu. Pour toi.
D'un mouvement souple du poignet, je fais tourner la matraque entre mes doigts avant d'attirer son attention que je pense pourtant déjà avoir depuis longtemps, d'un sifflement. Un sourire arrogant et insolent se glisse sur mes lèvres alors que nous nous faisons enfin face. Tu voulais de l'attention ? Me voilà. Tu voulais que quelqu'un vienne ? Je suis là. Le vent se lève et je sens l'humidité faire déjà perler quelques gouttes dans mes cheveux. L'orage arrive.
"Laisse-moi deviner… Papa et Maman étaient pas assez là pour toi ? Ta copine t'a plaqué et maintenant tu veux faire chier tout le monde ? Tu sais que j'avais des plans ce soir ?"
Mensonge. Mais est-ce que c'est important ? Non. Il n'a pas à le savoir. À vrai dire, j'allais très certainement enfiler mon costume et faire une patrouille… Mais c'est pour le principe.
"Enfin… C'est plus important. Le nouveau plan de ce soir c'est de te botter le cul et te ramener dans l'asile que t'aurais jamais dû quitter."
Un éclair zèbre le ciel. Je pousse un soupir profond et attend le tonnerre. Il gronde comme la haine qui bat mon cœur de vague lourde. Mon cœur est un poids, mais bientôt, ce sera finit. Bientôt, il sera enfin libre. Je n'aurais plus mal. Merci, peut-être, pour cette délivrance.
Il est là, derrière. Son pas est tellement léger. Évidemment. Mon père est un lâche, il n'aurait pas prit la peine de venir. Il préfère l'envoyer lui. Son premier jouet, le parfait. Je n'ose pas me retourner. Pourquoi, bordel ? Pourquoi j'ai mal comme ça. La douleur crispe les trait de mon visage, mais il ne le verra pas. Je n'ai jamais pu lui montrer que j'avais mal, à quel point c'était dur de passer derrière lui et que j'angoissais de ne jamais être aussi bien.
Allez, Jason, bouge !
Je me redresse, en roulant des épaules, quitte à me grandir. Je ne suis plus l'adolescent que tu as quitté, Grayson. Je ressemble plus à Bruce, j'ai le regret de le reconnaître. D'où je suis, je sais que je te dépasse, on est peut-être loin, mais je le sais. J'ai toujours été plus brutal que toi, petite perfection. Tu avais déjà le don, je n'avais que lui pour apprendre et copier. Je regrette de ressembler à Bruce.
La pluie s'abat contre mon casque, légère comme une brume. Je lui fais face. Pourquoi c'est comme ça, Grayson ?
" Laisse-moi deviner… Papa et Maman étaient pas assez là pour toi ? Ta copine t'a plaqué et maintenant tu veux faire chier tout le monde ? Tu sais que j'avais des plans ce soir ? "
Si tu savais. Si tu comprenais seulement. Mes lèvres se serrent, mes mains sur les gâchettes aussi, mais je ne dois pas être imprudent. Je suis le chien fou des Wayne, mais je dois contrôler mes sales réflexes. Ne sois pas nerveux, Jay.
" C'est plus important. Le nouveau plan de ce soir c'est de te botter le cul et te ramener dans l'asile que t'aurais jamais dû quitter. "
J'ai un hoquet de dégout.
" Parle, Nightwing. Parle encore tant que tu peux. Le chat aura ta langue. " Le casque déforme ma voix, tant mieux. J'halète, au bord d'une crise nouvelle, mes épaules se soulèvent furieusement, comme un lion qu'on retient en cage. " Tu n'as aucun courage… Tu n'es pas capable de sauver quelqu'un, alors pourquoi tu viens ici ? Tu prends le temps d'affronter l'ennemi, cette fois ? Qu'est-ce que tu essayes de te prouver, maintenant ? Que tu peux sauver un millier de vie alors que tu en as déjà raté deux autres ?"
Ma voix a des sursauts colériques. Elle s'agite, elle aussi de nouveau adolescente. Je sens mon souffle être trop court pour être canalisé. Non, Jay, c'est pas le moment de faire une crise. Tu sais te canaliser, tu le peux encore ! Je remets mes armes en place.
Dick, on le fera à l'ancienne. Tu te souviens, quand on s'entrainait. Quand tu esquivais mes coups, pratiquement toujours ? J'étais brutal et tu étais souple. Tu étais le grand frère parfait qui reprenait mes gestes, mais moi, je voulais t'avoir et t'arriver à la cheville. Je voulais que tu me remarques Dick. Être aussi bien que toi. Mais ç'a a changé. Je ne suis plus un gosse. Je ne suis plus le deuxième Robin. Je suis unique. Comme un chat, je me courbe, prêt à sauter sur l'oiseau de nuit qu'est mon frère.
Ce soir, Dick, on redevient des gamins. Mais cette fois, je te tuerais.
Ni une ni deux, je me jette sur lui, prêt à lui flanquer un coup d'épaule qui aurait déstabiliser Bruce lui-même. Je saute, et retombe sur lui, le choque fait trembler le sol. Je saurais retenir ses coups, le taper où ça fait mal. Il le sait aussi. Nous avons le même maître. Nous sommes des opposés bien trop propches. C'est pour ça que je te hais. J'aimerais être désolé, Dick.
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Message envoyé le : Lun 9 Mai - 17:42
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Ultra violenceUne première goutte se perd sur ma joue et caresse la courbe de celle-ci comme ma mère pouvait le faire du bout des doigts. Mon coeur se serre et quand la perle de pluie quitte mon menton, ma gorge se serre face à un sentiment de nostalgie que je ne m'explique pas. Pourquoi ressentir la tristesse de retrouver l'être aimé face à cet inconnu ? Peut-être est-ce à cause de sa stature et de sa carrure imposante qui me rappellent celle de Bruce. J'écarquille doucement les yeux, avant de froncer les sourcils. Il a beau être grand et taillé de manière à être capable de briser chacun de mes os… J'ai été entraîné à être plus rapide que les gros dur. Bruce ne voulait pas que je tape fort mais bien. Il ne voulait pas que je sois une montagne de puissance comme lui mais un acrobate agile qu'il est presque impossible de saisir. Bruce voulait que je tape vite et bien tout en étant insaisissable. Un oiseau Richard. Voilà ce que tu dois être. Léger et gracile. Un coup de bec puis un coup d'aile. Ne cherche pas à les faire tomber d'un coup… Laisse-les se fatiguer à tenter de capturer le vent. Une autre goutte glacée termine sur ma peau et rapidement, ce n'est plus une caresse tendre qui effleure ma peau, mais une averse légère qui fait se coller sur ma peau mes cheveux sombres comme les ailes d'un corbeau. J'ai un pincement au coeur que je ne comprends pas quand l'inconnu n'a qu'un hoquet pour moi. Étrange familiarité. Je tique peut-être une seconde avant de me reprendre. Ce n'est pas le moment. Ça n'est jamais le moment pour se laisser distraire. La pluie chante sur son casque et sa voix, elle, ressemble à un crissement d'ongle sur un tableau. Elle est désagréable, dissonante et déformée. Et pourtant, quand il se permet un trait d'humour, c'est un rire qu'il m'arrache.
"Désolé mon chat… Mais t'es pas mon vraiment mon genre.
Bruce serait là, il me dirait de la fermer. Barbara serait là, elle me dirait de la fermer. N'importe qui d'autre serait avec nous sur ce toit, on me dirait de la fermer. Étrangement, j'aimerais que quelqu'un soit là pour me dire la fermer. Juste histoire de calmer cette pointe d'acier qui semble faire douter mon coeur. Quelque chose au fond de mon être me dit que ça ne va pas. Que ce n'est pas normal. La pluie continue de battre mon être et lentement, j'en viens à me dire que je vais devoir tirer ça à mon avantage. Lui est déjà furieux. Ses épaules se soulèvent bien trop vite là où je reste calme. La colère, la patience. L'opposition me rappelle quelque chose. Quelqu'un même. Je reviens presque à l'époque où j'étais celui qui avait la rage de vaincre, puis à celle où je l'ai vu dans le petit crétin qui me remplaçait. Un jeune crétin que je considérais comme mon frère, comme celui que j'aurais dû protéger et à qui j'aurais dû dire plus souvent que je l'aime comme si nous étions frères de sang. Les crissements d'ongles reprennent et cette fois-ci, c'est à mon tour de m'énerver.
"Ta gueule."
C'est un sifflement. Un feulement presque. Il ne sait pas. Il ne sait rien. Il ne sait pas que je les ai pleuré pendant des heures. Il ne comprend pas que j'ai eu l'impression de mourir avec eux. Il ne m'a pas vu m'entraîner encore plus dur. Il n'a pas bandé mes mains blessées, n'a pas constaté l'amertume qui me faisaient briser des os qui auraient pu rester intact. Il n'a pas entendu mes hurlements face à Bruce. Il ne m'a pas vu m'écrouler dans ses bras et chialer comme un gamin au coeur brisé. Il n'a rien vu. Il pense que je suis lâche et que je n'ai fais que me boucher les oreilles en hurlant. Il pense que je suis faible. Pire, il pense que je suis encore le rouge-gorge qui voletait dans l'ombre de la chauve-souris… Sans penser une seconde que face à lui, il a désormais un corbeau prêt à refermer ses serres sur sa gorge et crever ses yeux de son bec. Je ne suis plus Robin, je suis Nightwing. Je montre les dents, ma voix ayant les mêmes accès de colère que la sienne. Nous ne sommes pas si différent. Peut-être, peut-être pas. Ses armes retrouvent ses holsters et je comprends qu'il veut jouer à armes égales. À la loyal. Fort bien. Ma matraque retrouve le holster de ma cuisse et d'un signe de la main, d'un sourire de sale gosse, je lui fais signe d'approcher. Viens. Viens tout contre moi. Viens effleurer le bout de mes doigts. Viens que je te fracasse la mâchoire. Il se courbe, bondit et comme un fauve, comme Bruce, il saute, et son coup d'épaule me coupe le souffle. Je ferme les yeux, jure peut-être entre mes dents et termine au sol, bloqué par sa personne. Putain. On dirait Bruce. La même force. La même carrure. En moins d'une minute, je redeviens un gamin, et j'ai l'impression d'être à l'entraînement, à en chier face aux coups qu'il me retournait. Le temps d'une seconde, je me dis que c'est perdu. Que je vais devoir simplement encaisser et tenter des passes qu'il va esquiver ou parer avec une facilité qui va me décourager. Il continue de pleuvoir autour de nous et en cet instant, j'ai presque l'impression que le ciel lui-même pleure ma défaite. Te laisse pas faire Richard. T'es pas de ce genre-là. T'abandonnes pas, même jamais. Un coup de bec, Richard. De la paume de la main, je lui assène un coup dans la pomme d'Adam, cherchant à le faire suffoquer. Puis un coup d'aile. Mes genoux remontent sur ma poitrine et d'un bond, alors que je me relève au passage, je le repousse, m'échappant plus que je le ne fais reculer. Je me retrouve sur mes deux pieds, et si du pouce j'essuie le coin de mes lèvres, je m'autorise un sourire et une autre remarque acide.
"Pas mal mon chat… Mais va falloir faire mieux si tu veux ma langue… Chaton."
Je me souviens comment il est, parfaitement. Je me rappelle qu'il est sur de lui et pourtant, je le ressens. Je ressens sa peine, je la vois. Je lui ai faits mal. C'est ce que je voulais, mais je ne parviens pas à m'en délecter. Aucun plaisir ne fleurit dans mon cœur, il saigne, à nouveau. Je ne suis pas un monstre, comme on se tue à me le dire. Je ne veux pas être comme lui.
Le coup que je lui ai infligé l'a sonné, mes os ressentent l'impact, mais je m'en contrefous. Mes muscles vibrent du choc de nos corps. Ca fait quatre ans que je ne l'ai pas ressenti contre moi. Je me souviens ressentir la souplesse de son corps quand mes coups l'atteignent, l'incroyable légèreté qu'il possède et pour laquelle je m'émerveillais. Tu n'as pas besoin d'être comme Dick, tu es toi. Il pourrait tuer quelqu'un, mais il n'oserait pas. Il ne tue pas. Il est fidèle à nos enseignements, mais moi, Dick, je ne suis plus le même. Et si je dois te coller une balle dans la tête, je le ferais. Je n'obéis à personne et je n'obéirais plus à personne. J'ai pris ma liberté, comme tu l'as faits.
J'entends les hélicoptères, plus loin. La lumière nous flash, mais ils n'interviendront pas. Parce qu'il est là. Leur héros prend le contrôle.
Il est au sol, je me relève en reculant. Mes jambes sont souples et nerveuses, il faut que je bouge. Je sens l'excitation monter, comme un jeune animal. Je veux mordre, encore. Je veux l'atteindre et jouer avec lui avant de l'avoir. Je m'accorde un sourire, mais je me souviens que c'est le sourire que nous avions quand nous jouions. Deux petits loups qui se lançaient l'un contre l'autre, où j'avais encore tout à apprendre. Je le revois, corriger la position de ma main, et le rire douloureux qu'il me donnait quand j'atteignais correctement sa mâchoire. Je t'ai eu Dick, je t'ai eu, t'as vu ça Bruce !
Je suis fier, Jason. Je ferme les yeux, mon cœur se pince, mais je n'aurais pas du. Il ne faut jamais fermer les yeux, mais j'ai bien trop mal. Arkham me canalise, d'ordinaire. C'est le coup de trop. On est sentimental, petit poussin ? Hahaha ! J'entends son rire, il m'assomme. Je peine à me concentrer sous la pluie qui s'enrage. Je ne dois pas craquer, non. Je peux pas maintenant, j'ai attendu trop longtemps.
J'ai été imprudent. Discipline toi, Jason ! Je me prends le coup en plein dans la gorge. J'en ai le souffle coupé. Sale fils de… Je me crispe, glisse en arrière et lui donne l'impulsion nécessaire à son saut, comme si je l'aidais, comme avant. J'étais l'assistant de l'acrobate, celui qui permettait son envol.
" Arrête de jouer avec moi… " Je marmonne, dans le casque, déglutissant comme un bœuf pour rétablir ma respiration et mon cœur malade. Je ne veux plus jouer avec toi. La pluie fait scintiller le sol qui devient glissant. Elle s'abat, plus violemment, comme un mère que nous avons contrariée. Personne ne veut qu'on se batte, mais nous ne pouvons pas reculer.
" - Pas mal mon chat… Mais va falloir faire mieux si tu veux ma langue… Chaton. - Ferme ta gueule, Grayson! "
Je hurle dessus, le grincement métallique de casque fait crépiter ma voix comme un feu. J'ai craqué. Je me suis laissé avoir par mon humeur, comme toujours. Ca me fera crever à nouveau, un jour, mais je lui ai montré qu'au fond, j'étais faible. Que je me laisse dominer parce ce qui se passe dans mon cœur et dans ma tête. Contrôle toi, Robin. Voilà pourquoi j'étais mort parce que j'étais trop fou, trop pressé. Ni Dick, ni Bruce n'ont été capables de me canaliser. Est-ce que c'était ma faute ?
Non. Non, ils m'ont abandonné.
" Dommage que tu ne sois plus un Robin, on leur pète si facilement les ailes, mais toi, t'as jamais connu ça, hein ?"
Je l'attends, cette fois si. Je crispe ma jambe, luttant contre le terrain glissant. Comme un félin, j'attends son coup pour le prendre juste. Je l'intercepte. Ton avant-bras, Jay ! Je le retiens, comme si j'avais de nouveau seize ans. La droite, juste là ! Je sais où est ta mâchoire, où elle craquera. Tu me l'as montré toi-même. Je l'atteins, avant qu'il n'ait le temps de me coincer le dos. Je sais qu'un coup de pied serait fatal. J'inspire profondément, en sentant mon gant mordre sa peau.
" Tu sais pas ce que c'est de se faire descendre, de ne plus voler. " Rageux, je lui fais une clef de bras, dans le but de l'étaler au sol. " Ca t'angoisse pas, Birdy, de rester clouer au sol !? "
Je le retiens, à bout de bras. Essoufflé. Je le tiens ? Réellement ? L'orage gronde à nouveau, au loin, mais tout est incroyablement silencieux. Je le regarde. Je me souviens de ses yeux bleus à faire tourner la tête de Gotham et moi, j'ai toujours ce regard de biche qu'on a contrarié. Ma main se serre contre son bras, il lui serait tellement facile de m'attendre, mais je ne sais bouger. Je ne me souvenais pas de son visage ainsi. Il a vieillit, sans moi.
" Tu t'es pas prit assez de coup, Grayson… " Je commence, tout bas, mes doigts crispés. Le vent gronde, balaye ses cheveux. Je veux te voir chialer, avoir peur. Je veux que tu ressentes ce que j'ai vécue. " Tu donnes, mais tu ne t'ai jamais prit un vrai coup… Personne ne t'a abattu, on a toujours été là pour te récupérer. "Ma voix monte, ébranle mon corps, je relâche son bras, mon bondir en arrière. " Il te laissera jamais tombé et toi, tu t'es tiré, comme un lâche ! Tu te tires toujours, t'es pas foutu de rester droit et combattre ! Tu mérites de crever, Grayson ! "
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Message envoyé le : Mar 10 Mai - 11:13
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Ultra violenceIl lui suffit d'un hurlement pour gagner l'affrontement. Un hurlement déformé par son casque et voilà que je baisse les armes. Grayson. C'est le mot du vainqueur. La parade qui fait que je lui laisse une ouverture dans ma garde. Enfin, une ouverture, non je lui ouvre la voie royale. J'écarquille les yeux et je me fige. Grayson. Comment… ? Personne ne sait qui je suis… Et les seules personnes qui ont vent de mon identité sont soit des personnes que je n'affronterais pas sur ce toit, soit mortes. Mon coeur rate un battement, mon souffle se meurt sur mes lèvres et rien ne me vient. Pour la première fois de ma vie, je n'ai pas le moindre trait d'humour à faire, pas la moindre remarque à cracher, pas le moindre sourire à esquisser. Pour la première fois depuis longtemps, je suis muet. Le rouge-gorge ne chante plus. Te laisse pas distraire Richard. Si tu les laisses t'attraper… Ce n'est pas une cage qui t'attendra… Je tente un coup de pied qui est pathétique et aisément paré. Faut pas que je le laisse prendre le dessus. Faut que je me batte. Ici c'est pas un entraînement. C'est pas des coups qu'on échange pour apprendre. Ce n'est pas une cage qu'il va me donner si je continue ainsi. On achève les corbeaux, tu sais… La pluie roule sur mes joues comme des larmes et dans un hurlement, je tente de lui coller un coup dans les reins, qu'il pare à nouveau. Je lève la tête vers lui, et écarquille un peu plus les yeux.
"Non…"
Jason. Je le revois dans ce costume que j'avais porté à une époque. Je me souviens de la moue contrariée qu'il affichait et de ce que je pouvais lire dans son regard. Je me souviens de l'amertume doucereuse que j'y voyais. À l'époque je me disais simplement qu'il avait peur de ne pas faire aussi bien et honnêtement, moi j'avais confiance. Plus je m'entraînais avec lui, plus je me disais que Bruce serait fier de lui et qu'il ferait peut-être même mieux que moi. Plus je parais ses coups, plus je l'encourageais, plus je me disais qu'il serait un meilleur Robin que moi. Fais attention à ta garde, voilà… C'est ça. Je me souviens des sourires que je lui offrais quand je le mettais à terre et de la main que je lui tendais. Eh, tire pas la gueule, petite tête… Tu t'en sors bien. Ce n'était pas lui qui était mauvais, juste moi qui était trop difficile à attraper. C'est marrant, à l'époque je me disais qu'il était comme un gamin qui chassait un oiseau. Et moi, cruel comme jamais, je ne le laissais jamais m'effleurer. Quand j'y repense, je me dis que j'aurais dû le laisser m'attraper, ne serait-ce qu'une fois… Juste pour lui montrer que j'avais confiance en lui et que j'étais fier de lui. J'aurais dû être un meilleur grand frère. J'aurais dû le sauver.
"Ferme ta gueule !"
Je hurle mais j'ai l'impression que la pluie masque tout. Mes cheveux humides collent à mon visage et je tente un autre coup qu'il pare trop simplement. Si tu te laisses emporter Richard… Je ne donne pas cher de ta peau. Tu ne peux pas te permettre de commettre la moindre erreur. Sa main vient saisir ma gorge et j'entrouvre les lèvres, cherchant à voler une goulée d'air humide. La peur commence à épaissir mon sang et engourdir mon être. Ce n'est pas une cage qui t'attendra. Il a raison. Je sais ce que c'est de voler. Pas de perdre mes ailes. Mais j'ai appris à tomber, à me relever. Je serre les dents et lui crache dessus.
"Et toi tu ne sais même pas ce que c'est de voler. Mais sois pas jaloux, je te pousse du toit et tu verras, c'est sympa."
Je devrais me taire. Un cri m'échappe et je sens mon bras se tordre douloureusement. Bien sûr que j'ai peur. Peur de terminer comme mes parents. Brisé au sol. Comme tout les oiseaux je mourrais de perdre mes ailes. D'être cloué au sol. L'orage gronde autour de nous et le vent, la pluie, ne cessent de faire voler mes cheveux, comme si quelqu'un s'amusait à les ébouriffer sans cesse. Une plainte silencieuse traverse mes lèvres. J'en ai pris assez des coups pour savoir que les os brisés et les phalanges meurtris ne font pas tout. Je n'ai pas été chouchouté par Bruce. Il a été le premier à me faire saigner, le premier à me faire demander une pause. Des coups j'en pris. J'en ai pris au point que je me demande encore comment j'ai pu me relever. J'ai souffert. Comme tout le monde. Sauf que contrairement à d'autres, j'ai décidé de me relever, de cracher un bon coup et de murmurer "Quoi ? C'est tout ce que t'as ? Va falloir essayer de faire un peu mieux si tu veux m'impressionner." Si je pose un genou à terre, c'est pour mieux me relever. Je ne suis si tendre, ni faible. Je suis un rapace nocturne. Il hurle. Encore et toujours. Derrière mon masque je l'observe, montrant presque les crocs. J'ai envie d'hurler, de l'insulter… Mais je décide que l'orage gronde suffisamment pour moi. Le ciel exprime la rage qui me donne envie de lui fracturer la mâchoire. Ses doigts quittent ma gorge et au moment où il fait un pas en arrière, je saisis ma chance. Je bondis sur lui, le frappant d'un coup de pied au plexus alors que c'est à mon tour de l'étouffer. Les serres de l'aigle autour du cou du lapin. Pauvre bête. Je ne tente pas d'amortir sa chute, pesant sur lui de tout mon poids. Mon gant cherche à écorcher sa peau alors que c'est à mon tour de le toiser et de hurler.
"Tu ne sais rien ! Absolument rien ! J'ai tout donné pour ça ! J'ai souffert comme un chien juste pour le rendre fier de moi ! Je me suis saigné pour protéger cette ville qui m'a volé un frère !"
Je lève le poing et dans un geste de colère pure, je viens frapper son casque. Je ne devrais pas parler, pas lui avouer ce que j'ai sur le coeur, mais c'est devenu trop dur. Je ne veux plus qu'on me dise que c'est de ma faute. Je m'en veux déjà assez comme ça. Une première larme se mêle à la pluie sur ma joue alors que je fracasse mes phalanges sur son casque une fois de plus.
"Je l'ai pleuré ! Je m'en suis voulu de ne pas l'avoir sauvé ! J'ai pris de coups pour lui, pour eux… Je me suis relevé pour eux ! J'ai souffert pour eux ! Et toi ? Hein ?! Qu'as-tu fait ? Rien !"
La main sur sa gorge se resserre et lentement, j'ai l'impression que tout ceci est bien trop familier. Jay ! Faut parer et pas te laisser faire. C'est pas parce que tu es à terre que tu ne pourras jamais te relever. Au contraire. Tu tomberas pas plus bas… Alors… Donne tout ce que tu as. C'est le moment ou jamais. Je me souviens de la façon dont il tentait de me désarçonner. Je me souviens de la frustration que je lisais dans son regard parce qu'il n'y arrive pas. Puis de mon rire et de mes doigts qui se glissent dans ses cheveux. C'est pas grave si tu y arrives pas tout de suite petite tête… Car si jamais ça t'arrive un soir, je serais là pour venir te tirer de là. Sauf que je ne suis jamais venu. Il a dû être seul. Avoir peur… Et moi… Moi j'étais ailleurs. Le poing brandit, figé dans mon mouvement, je le regarde, contemplant du regard le masque rouge sur lequel la pluie glisse.
Oh si, Dick ! Tu m'as appris à le faire avec Bruce ! Je n'ai jamais eu peur de tomber, puisque tu avais peur pour moi ! Je ne me suis jamais soucié de tomber jusqu'à ce que tu m'abandonnes sous ses coups. Moi, Dick, je sais ce que ça fait de se faire briser les ailes, mais j'ai eu la force de me relever. Je suis trop sentimental pour toi. Tu ne mérites pas que mon cœur saigne encore ta perte. J'aimerais m'en foutre, tout oublier. Que tout ait été un grand cauchemar. Ne pas être un Wayne. J'aurais préféré ne pas revenir que de pleurer votre absence ! J'ai perdu cinq ans de ma vie à être obsédé par votre trahison et je continue à en souffrir. Il faut que tout s'arrête. Je suis trop sentimental et je le paierais.
Il bondit sur moi et son pied m'envoie au sol. J'y glisse sur plusieurs mètres, mais je peux me relever. Ce n'est rien comparé à la mort. Je me soulève, sur les avants bras, avant qu'il ne me renvoi d'un coup violent contre le sol. Mon dos expédie la pluie autour de nous. L'orage tonne de plus belle, accompagnant ma chute. Gotham aurait mal pour moi ?
"Tu ne sais rien ! Absolument rien ! J'ai tout donné pour ça ! J'ai souffert comme un chien juste pour le rendre fier de moi ! Je me suis saigné pour protéger cette ville qui m'a volé un frère !"
Son poing s'abat sur mon casque où son hurlement vibre plus intensément encore. Il frappe encore, et ma douleur se mêle à la mienne. Tu ne t'es pas saigné assez, j'ai envie de lui répliquer, mais la pluie et sa main m'en empêche. Frappe moi, tant que tu le peux encore. J'ai pleuré, des mois, en me réveillant la nuit parce que vous m'aviez trahis. Vous m'avez oublié comme on abandonne un chien sur le bord de la route ! Je sens le casque craqué, sous ses poings. Un peu trop et il le fissurera. Il me tient à la gorge. Donne tout ce que tu as.
Il hésite. Il n'arrive pas à me frapper. J'halète. Sans bruit. Frappe, Grayson. Qu'est-ce que t'attend ? Tu peux m'arrêter encore maintenant, c'est le moment.
"Qui es-tu putain… ?"
Vraiment ? Je lui plante un coup de poing dans la mâchoire, avec assez de force pour l'expédier sur le côté.
" Quoi ? Tu sais pas ? C'est comme ça que Bruce t'a élevé, petit génie ? On sera jamais à sa hauteur, hein ? On est pas les grands détectives qu'il voudrait. On est quoi… Juste des Robin de passage. On se fait jeter, mais ça ne fait rien, on nous remplace vite… "
Je me jette sur lui et lui lance un coup de pied brutal, dans le but de le renvoyer au sol. La pluie s'écarte comme si j'ouvrais un chemin à travers elle. A une bonne distance de lui, j'attends qu'il se relève. J'attends comme un charognard la souffrance l'envahir un peu plus, mes pas me conduisent à roder autour de lui. Il est ma proie, je ne serais plus le petit Robin qu'il connaissait.
" T'en a vraiment aucune idée, Dick… ? Tu crois que j'ai appris à me battre où ? Tu crois pas que je lui ressemble assez comme ça…"
Je porte ma main à mon casque.
" C'est ça que, tu veux savoir ? Tu veux te souvenir de ce que tu as abandonné ? "
Ma main se glisse dans l'attache à la mâchoire et lentement, je le retire de ma tête. J'entends clairement l'orage. Les hélicoptères. Et le vent, le vent qui hurle. Je relâche le casque, brusquement, je n'ai pas la force de le garder en main. Je le dévisage, amèrement blessé. Je ne voulais pas qu'il me revoit, il ne le mérite pas. Mon cœur se bloque, ma lèvre tremble, mais ça ne me retient pas de continuer à hurler après, à m'en faire crever la gorge.
" T'es content, maintenant, t'as eu ce que tu voulais !? Ton pauvre frangin que t'a laissé crevé est revenue ! Ca te soigne le cœur, connard !? "
Je dois m'arrêter, la tristesse tordant mes traits. Je porte la main sur mon corps, courbé par la haine.
" Et ments pas, putain ! Je veux pas croire que tu m'aies pleuré ! Tu resteras le premier et le fils prodige ! "
Je reprends mon flingue, mais ma main tremble, une larme me brule la joue. Je me souviens des larmes qui se mêlait au sang, quand j'ai attendu qu'ils viennent me sauver.
" J'ai envie de te flinguer, maintenant. De plus voir ta sale gueule de jeune premier, de gars trop fier alors que j'étais derrière toi, à vouloir te rattraper. Tu t'es bien foutu de ma gueule. "
Je ne le préviens pas et tire juste, entre ses yeux. Je sais que son casque est pare-balle. Il ne lui arrivera rien, sinon des bleus. Au pire, son crâne souffrira.
" Fais moi face, frangin… Ose, pour une fois voir la défaite en face. "
Il n'avait pas réussi à me sauver et il ne sauverait pas sa vie, cette fois. Je ne détourne pas mon regard, mais les larmes sont chaudes au milieu de cette pluie gelée. Mes cheveux se mettent à leur tour à s'alourdirent, zébré mon visage comme une multitude de cicatrices.
Messages : 151 Date d'inscription : 04/05/2016Métier/Occupation : Tueur à Gage
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Message envoyé le : Jeu 12 Mai - 8:28
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Ultra violenceJe n'y arrive pas. Je n'y arrive pas… Je ne sais pas pourquoi mais je n'y arrive pas. Je ne peux me résoudre à le frapper une fois de plus. Tout ceci me semble bien trop familier et alors que la pluie continue de battre nos corps, j'ai l'impression d'avoir Jay en face de moi. J'ai l'impression d'être revenu quelques années en arrière et d'être en train de m'entraîner avec lui. Je peux revoir sa bouille de gamin avec la rage de vaincre, je peux entendre à nouveau sa voix et mon rire… Il m'a fallut d'un coup de poing pour redevenir le Dick qui avait encore un frangin. Il m'a fallut d'un moment d'hésitation pour redevenir un gamin. J'aimerai que le temps suspende son envol pour moi, mais l'averse ne sa calme pas et lui, lui en profite pour me décocher un coup de poing à la mâchoire qui m'envoie rouler sur le côté. Je roule dans le gravier et crache un peu de sang qui se mêle à l'eau, levant les yeux vers mon adversaire.
"C'est pas possible… C'est pas putain de possible."
Il ne peut pas savoir, il ne peut pas savoir autant de choses… À moins d'avoir été effectivement entraîné par Bruce lui-même…. Et à part moi et Jay… Il n'a jamais eu d'autre Robin. Mais ce n'est pas Jay qui est là, face à moi… Pas vrai ? Je tente de me relever mais d'un coup de pied dans l'estomac, il me cloue une fois de plus au sol, m'envoyant rouler dans la pluie et les graviers. Ce n'est pas Jay… Ça ne peut pas être lui… Non. Je grogne en tentant de me relever mais plus d'une fois, je me dis que je devrais simplement me laisser retomber au sol et fermer les yeux. La pluie elle-même semble vouloir me recouvrir et les gouttes qui roulent dans ma nuque semble me murmurer que c'est un combat que je ne peux pas gagner. Peut-être, mais quand bien même ce serait effectivement le cas, je ne suis pas le genre à abandonner. Donne tout ce que tu as Richard. Toujours. C'est ton devoir de résister et de refuser d'abandonner. Mes doigts s'enfoncent dans le gravier humide et difficilement, je me relève, faisant face à celui qui ouvre la porte à tout les doutes dans mon esprit.
"Tu ne peux pas être Jason… Tu ne peux pas…"
Je crache à nouveau un mélange de salive et de sang dans le gravier, relevant la tête comme si j'essayais de le toiser malgré sa stature. Sa façon de combattre me dit quelque chose, mais Jason ne ferait pas ça. Même si il ne m'appréciait pas autant que je l'aimais, il ne parlerait pas de me briser les ailes. Jay n'est pas ce genre là… Ou alors je me voile la face depuis bien trop longtemps, à refuser de voir quelque chose qui est pourtant sous mes yeux. Mes mèches de cheveux couvrent presque mon visage alors qu'il porte une main à son casque. Je fronce les sourcils et serre les dents, pas franchement prêt à voir ce qui se cache sous ce casque rouge. Je ne veux pas, ne le retire pas, ne confirme pas le doute qui dévore mon coeur. Je ne suis pas encore prêt à voir le visage d'un mort et encore moins à l'affronter. Ne me dis que c'était bien sur toi que je frappais… Me brise pas le coeur. Un éclaire zèbre le ciel, un hélicoptère passe et c'est son visage qu'il me dévoile.
"Jay… ?"
C'est tout ce qui traverse mes lèvres alors que face à moi, il semble revenir à la vie. Mes épaules se détendent et c'est ma posture de combat que je perds alors qu'une première larme vient rouler sur ma joue. C'est marrant. Je comprends pourquoi il pleut désormais. La pluie n'était pas là pour célébrer ma défaite ou la sienne, mais pour pleurer le combat fratricide que nous livrons. Gotham pleure que ses Robins essayent de s'entretuer. Gotham pleure deux frères qui n'auraient jamais dû être séparés. La tristesse qui déforme son visage répond à ma propre détresse. J'aurais voulu te sauver mon frère. Il me hurle dessus et pourtant, moi je vois qu'il souffre. Je n'ai jamais eu qu'à croiser son regard pour savoir qu'il n'allait pas bien. Et c'est pareil ce soir. Les habitudes ont la vie dure, pas vrai ? Il a dû penser plus d'une fois que je ne le voyais pas, que je ne le comprenais pas… Mais c'est faux. Il n'avait pas besoin de pleurer pour que je vois sa tristesse ou sa peine. Tout comme il n'avait pas besoin de me sourire pour que je comprenne qu'il tenait à moi. Mais tout ça semble être d'un passé que nous ne pouvons pas revivre. Je lis la détresse, la peur, la colère dans ses yeux et je ne lui en veux pas. C'est pas ta faute. Je comprends. C'est de la mienne. J'aurais dû te sauver. J'aurais dû faire mieux. J'aurais dû être là. T'imagines même pas à quel point je m'en veux, mon frère.
"Non ça le soigne pas… Que tu sois là ne change rien au fait que j'aurais dû être là pour te sauver Jay…"
Je refuse de voir la main qu'il porte à son arme. Il est en colère, c'est Jay, il a toujours été un peu sanguin. C'est rien, je l'étais à un époque alors je n'arrive pas à lui en vouloir. Je fermer les yeux et expire sentant une goutte rouler sur mes lèvres. Maintenant c'est du bout de son canon qu'il me tient en joue. Et tout ce que je pourrais dire ne pourra pas l'empêcher de tirer. Bien sûr que je t'ai pleuré. Regarde, je te pleure encore aujourd'hui, face à toi, mon coeur dans mes mains, je pleure. Les larmes brûlantes se mêlent aux gouttes glacées qui roulent sur ma peau et pour lui, je ferme les yeux, acceptant mon châtiment. J'écarte à peine les bras pour m'offrir à lui que la détonation retentit. Et j'avoue être surpris qu'il ne tente pas sa chance pour le coeur. C'est entre les deux yeux que la balle se fracasse contre mon masque. Ce dernier se fendille alors que face au choc, je me retrouve à nouveau au sol, complètement sonné. J'entends des sifflements et ma tête me semble lourde. J'ai aussi la nausée et je crois que ce qui coule de mon nez n'est pas des larmes mais du sang. Le masque est peut-être pare-balle mais le choc est toujours là. Jay est vivant putain. Ça devrait être merveilleux mais ça ne l'est pas. Je devrais pleurer de joie, le prendre dans mes bras et lui promettre que maintenant je ne le lâche plus, mais à la place nous avons ça. Je rouvre les yeux et regarde la pluie s'abattre sur moi, pleurer ses enfants qu'elle ne peut ni consoler ou réconcilier. Une fois de plus il me demande de me relever et j'ai un sourire bien amer.
"Pour quoi faire ? Pour te donner le plaisir de m'en coller une autre… ?"
Mais je me relève tout de même. Lentement et difficilement, mais je lui fais face à nouveau. Je le regarde au travers de mon masque fendillée et du revers de la main, j'essuie le mélange de sang, de larmes et de pluie qui poissait ma peau.
"Je ne te combattrais pas Jay… Je peux pas. Alors ouais… J'ai perdu. Je ne suis pas si parfait que ça. Je n'ai jamais été lui et je ne le serais jamais… Je ne peux pas gagner à tout les coups. T'es content ? C'est que tu voulais ? C'est que tu voulais que je te dise ? Que je suis faillible, qu'il m'arrive de commettre des erreurs ?! Hein ?! Bah regarde ! Regarde ! J'ai pas réussis à te protéger ! J'ai pas réussi à te sauver ! Tu l'as t'as putain de preuve ! Je ne suis pas l'enfant prodige ! Je suis juste ton frère, celui qui t'a pleuré pendant des jours, celui qui n'arrive toujours pas à se pardonner de ne pas avoir été là pour te protéger ! Alors vas-y ! Frappe-moi ! Frappe-moi si ça peut au moins te permettre de ne plus être si amer et malheureux mon frère."
Pourquoi t'as mal, putain, Grayson ? Pourquoi c'est maintenant que tu chiales pour moi ? C'est trop tard, alors arrête de chialer et défends toi. " J'aurais du être là pour te sauver Jay… - Ferme là ! Me dis pas ce que t'aurais du faire ! "
Je ne veux pas de vos états d'âme qui ressemble à des excuses, ni de toi, ni de Bruce, parce que je vous pardonnerais pas, je veux pas les entendre. Garde les pour toi. Ni toi ni moi, on a été foutu de demander pardon. On est comme ça, hein ? Trop con. On se réconciliait comme le font les gosses sans avoir à rien dire. On s'est jamais rien pardonné parce que ça passait, parce que c'était rien. On étai juste irresponsable.
Aujourd'hui, nous n'avons plus quatorze ans. La balle part, le masque craque. Au sol, j'attends qu'il se relève. Il me tendait toujours la main, quand il m'envoyait au sol et moi, je tentais toujours cette chance pour prendre le dessus. Ca marchait, parfois, mais moi, je ne te tendrais pas la main, Dick. Je hais ton air sûr de toi, comme inatteignable. Il arrive à me persuader à tous les coups que je ne suis pas assez fort, à me faire douter de mes propres capacités. Alors, encore, je me dis que le fils prodige, c'est lui et que je n'étais résolument qu'un substitue. Juste, le deuxième Robin. Pas plus un frère qu'un fils, non, juste un autre.
Il ne veut pas se battre. Tu te fous de qui, Grayson ? Je l'écoute, se justifier, en tournant en rond sur ce toit, comme une bête en cage. L'orage éclate, rage au rythme de mon cœur. Il veut que je le frappe. Surement veut-il que je lui ôte plus de larme qu'il n'a jamais versé, mais je ne peux pas le faire. Pas s'il ne se défend pas. Ce serait trop simple. Je me jette de nouveau sur lui et renvoie un poing frustré dans le visage. Je lui tombe dessus, bloquant son torse de tout mon poids. Le poing en l'air, près lui remettre une frappe de plus, j'abois de nouveau contre mon frère. " Défends toi, Dick ! Arrête de tout faire tourner dans ton sens ! Tu sais très bien que… que… " Que je ne peux pas te tuer de sang froid, hein. Que ça ne suffira pas. Que ta mort n'excusera rien. Je le sais, je le sens. Te tuer lui ou toi, ça ne me redonnera pas ma vie d'avant, ça ne tuera pas le Joker et ça n'épargnera pas Gotham. La souffrance ne règle pas la souffrance. Je lève mon poing plus haut, tendu, la pluie claquant mes joues. C'est tellement simple de l'abattre sur lui… Trop simple. Je n'aurais qu'à frapper, suffisamment fort et longtemps pour le tuer, mais je ne peux pas. Je lui colle un second poing, les yeux fermés. Je ne peux pas te faire ce que j'ai subi, Dick. Je lève encore mon poing, persuadé que je pourrais continuer. Mon bras tremble, mais je ne peux pas. La pluie froide efface mes larmes, mes yeux brulent, mais je ne sais plus si je pleure. Ma main retombe sur son torse, lourdement, alourdi par la tristesse et l'incertitude. Je devais te tuer, Grayson, mais j'y arrive plus.
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Message envoyé le : Dim 15 Mai - 20:51
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Ultra violenceJe ne veux pas me battre. Pour n'importe qui d'autre, j'aurais la rage de vaincre mais pour lui ? Pour lui je n'arrive pas à serrer les poings. Je n'arrive pas à me dire que je devrais lui rendre coups pour coups et lui faire cracher ses dents. Non, pour lui, je suis faible. Et je l'ai peut-être toujours été. Comme un grand frère le serait. J'avais beau jouer les durs, me faire passer pour celui qui savait, qui était le meilleur, je n'étais que bienveillance et douceur. Derrière tout les entraînements, toutes les boutades et les engueulades… J'essayais simplement de lui faire comprendre que je serais toujours là pour lui, que je serais cette main qu'il pourra toujours saisir. Que même si lui en venait à me haïr, moi je serais là pour l'aimer et lui dire qu'il a toujours une place dans mon coeur et dans mes bras. T'en fais pas petite tête. Je suis là. Voilà les mots qui me reviennent alors que je lui fais face sous la plue. Les gouttes se mêlent à mes larmes et dans son regard, je ne lis pas la haine mais une putain de tristesse. Je ouvre mes bras et mon coeur, mais il n'en veut pas. Non, à la place il hurle avec l'orage et me saute dessus, me plaquant de nouveau au sol. Le choc m'arrache un gémissement de douleur et le goût du sang revient sur ma langue. Une douleur vrille les tympans et pendant une bonne seconde, je n'entends qu'un puissant sifflement à mes oreilles. Le monde se brouille et je ne sens guère plus que la pluie sur ma peau et son poids sur mon torse. Tout ne se résume qu'à ça, mes regrets et ma culpabilité. Mes larmes et son être qui me domine. Les places sont inversées et étrangement, si je devrais avoir peur suite au coup qu'il me file… Je reviens simplement dans le temps. Je me revois à l'époque où j'étais celui qui le mettais au tapis et qui parait tout ces coups en souriant et en l'encourageant. Ce soir ce n'est plus le cas. Ce soir il n'y a que l'orage qui l'encourage. Un premier coup m'atteint à la mâchoire et je n'ai même plus le courage de gémir ou d'encaisser. Je me contente de le prendre pour ce qu'il est. Je ferme les yeux, sentant la douleur vriller un peu plus mon crâne. Je lève les yeux vers lui et croise son regard remplis de rage, je regarde les traits de son visage être déformés par la douleur et la rage et surtout, je le vois brandir son poing, prêt à m'asséner un autre coup. Je ferme les yeux le temps d'une seconde et écoute la pluie s'abattre tout autour de nous. C'est pas les retrouvailles que j'espérais, mais c'est mieux que rien. Au moins il en vie. J'ai encore une chance, celle de prouver que je suis quelqu'un de bien et que je peux rattraper sa main. C'est moment d'absolution, l'instant où je peux laver et panser les plaies de mon âme. Le moment où je peux attraper sa main et lui dire que tout va bien se passer. Que je suis là. Que je le serais toujours. Alors frappe. Vas-y. Donne tout ce que t'as. C'est le moment. Abandonne jamais. Prouve au monde entier que tu vaux mieux que moi. Brise-moi les ailes si ça peut soigner ta rage et ta douleur. Je rouvre difficilement les yeux et au travers de la pluie, je vois le gamin qui souffre et non celui qui parlait de me briser. Je vois ce poing qu'il n'ose pas me foutre dans la gueule, je vois des années de rancoeur dans ses prunelles humides. Je vois mon propre reflet et si j'étais lui je me frapperais. Non je ne me défendrais pas. Je ne pourrais pas. Je ne voudrais pas. J'entrouvre les lèvres et attends son prochain coup qui ne vient pas. Nos regards se croisent et je peine à comprendre. Vas-y frappe. Le vent fait claquer la pluie sur nos corps et si il lève le poing pour moi, je lis dans son regard qu'il ne le fera pas. Il n'a plus l'éclat d'antan. Il n'y a que cette douleur. Je prends une légère inspiration avant de sentir mon coeur se briser quand sa main termine sur ma poitrine. Je ravale un sanglot en regardant la pluie rouler sur ses joues. Tu pleures pas vrai ? C'est rien… Je suis là. Une minute passe avant de je n'arrive à avoir un sourire.
"Eh… T'as vu Jay… ? T'as réussis à me battre…"
Mon rire est si amer qu'il est douloureux à avoir. Je le prends pour un gamin qu'il n'est plus mais ce n'est pas grave… Moi ça me fait du bien. Moi ça me donne l'impression que j'ai pas foutu sa vie en l'air, que j'ai été capable d'être un bon grand frère. Difficilement je porte ma main à sa joue, conservant ce sourire qui me fait chialer. T'as vu ? C'est comme avant. Je t'aime autant qu'avant. Je tiens autant à toi. Même plus.
"Tu vois… ? Je te l'avais dis qu'un jour… Tu serais meilleur que moi et que je serais incapable de te battre…"
Le monde se déchire autour de moi et fasse à cette apocalypse, je ne peux que fermer les yeux. Je dois les fermer le plus fort possible pour ignorer ce qui se passe. Ne pas voir la défaite en face, mais il y a pire, ma faiblesse. Je n'ai pas pu le renier. Je n'ai pas réussi à oublier qu'il était mon frère et, en quelques sortes, le modèle de mon enfance. Si j'avais pu, je me frapperais moi-même. Je voudrais forcer mon frère d'adoption à m'achever, puisque je suis incapable de le faire. Si j'ai réussi à le battre ? J'entends le sourire de sa voix et je revois, dans un songe éveillé, ses yeux se baisser vers moi, ma propre main lui saisir le poignet. Elle est loin, l'époque où nous étions comme des lionceaux sous la coupe du lion. Le contact de sa main m'arrache une grimace douloureuse. Une caresse qui me fait l'impact d'une claque. Ma vie est devenue trop lourde pour moi-même. Trop imposante à supporter… mais tu ne sais rien. Tu ne sais rien de l'enfer que j'ai vécue, Dick. De l'asile, des tortures, de la mort et de l'abandon. Tu n'en sais rien, frangin.
Je ne t'ai pas battu. Pas encore. Pour moi, il ne suffira pas de te mettre au sol. Je n'aurais gagné que lorsque je sentirais mon cœur libre. Mon regard se perd sur son visage. Bien que le vent souffle, nous ébranle et nous agresse, nous ne bougeons pas. Mon esprit se perd… Qu'est-ce que je veux, réellement, Dick ? Je retire lentement mes gants et les laisse nonchalamment tomber à côté. Je n'ai pas grandi, Dick. J'ai vieilli, mais je n'ai pas grandi. Je suis toujours un adolescent qu'on a laissé sans surveillance. Sans repères, je marche à l'aveugle parce que vous êtes maintenant trop loin, je cherche une place que vous m'avez retiré. J'avance lentement mes mains vers son visage, pour prendre du bout des doigts son masque et lui retirer avec délicatesse. Un poids sur mon cœur rend le geste difficile et fébrile. Je rencontre de nouveaux ses yeux d'un bleu trop pur. Il me rappelle ceux de Bruce. Tu m'as toujours rappelé Bruce. A son tour, je le laisse retomber près de nous. Le bout de mes doigts couvert de son sang, j'observe le visage que j'ai amoché.
Alors cette fois, on se fait vraiment face. Les lumières des hélicoptères nous braquent, mais je ne bougerais pas. Ils pourront nous jeter à la face tous les ordres qu'ils veulent, je ne me lèverais pas. Les ailes brassent un peu plus le vent et décollent les mèches collées à mon front, mais nous sommes toujours aussi lourds. L'amertume des retrouvailles, surement… mais j'ai pas envie de jouer les poètes. Je repose le bout de mes doigts sur la mâchoire que j'ai frappé. Une infime pression, à peine plus forte que celle d'un enfant. Est-ce que je regrettais de l'avoir frappé ? Je ne crois pas, mais je ne l'avais pas frappé pour la bonne raison. De rage, je m'étais jeté sur lui, mais ce n'était pas ce qu'il fallait faire. Ce n'est pas ça que je voulais lui faire comprendre.
Je prends une profonde inspiration et du plat de la main, lui donne une claque. Juste une claque, mais une vraie claque. Je le dévisage, comme soulagé de ce geste qui paraissait si insignifiant. J'avais ce besoin de le rappeler à l'ordre, de le punir comme un môme. Comme si un poing n'apporterait plus rien. Je me retiens d'éclater en larmes comme un morveux, de tout lui jeter au visage et combien j'ai mal et que je ne suis plus rien. Il ne mérite pas de le voir. " Ca nous réparera pas… On n'est plus frère." Je me force à ne plus le voir comme tel et à voir lentement partir cette image qui faisait partie de moi. Je me dois de me faire violence et me blesser une dernière fois. Je déglutis, comme si ce que j'avais sur le cœur bloquait le moindre passage à ma gorge. Le son de ma voix assourdi par les hélicoptères, je ferme les yeux et articule la voix basse. " Je suis désolé, Grayson…"
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Message envoyé le : Mar 24 Mai - 12:46
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Les yeux clos je ressasse le passé comme un idiot. Je repense à cette époque où tout était simple. Où je m'entraînais avec Jay, où je lui offrais des rires alors que je parais toutes ses attaques alors que lui ne m'offrait que sa rage de vaincre. Cette époque où je pouvais retrouver Bab's chez elle le soir et simplement la tenir contre mon coeur… Sous cette pluie battante, écrasé par le poids de Jay et du passé, je fantasme et désire cette époque qui a glissé entre mes doigts sans que je ne le remarque. Tout est devenu poussière et je n'ai rien vu…. À quel moment le temps à commencé à filer sans moi ? À quel moment ai-je oublié que rien n'était éternel ? Je ne sais plus. Je ne sais pas. Je n'ai peut-être d'ailleurs jamais su… Quelle importance maintenant ? J'ai déjà tout perdu et en cet instant tout ce qui me reste ce sont des regrets qui ne soignent le coeur de personne. J'ai beau pleurer et m'excuser, la pluie elle-même semble me dire qu'elle ne peut pas tout laver. Si elle peut retirer le sang qui souille ma peau, elle ne peut laver ma culpabilité. Elle ne peut rien pour moi, tout comme je n'ai rien pu faire pour lui. La pluie est aussi impuissante que moi. Tout juste bonne à refroidir mes os et tremper mes joues. Un frisson m'échappe alors que quelque chose tombe au sol dans un bruit mouillé et je rouvre à peine les yeux pour lui, papillonnant presque des cils pour la pluie et lui. Je dois avoir l'air d'une demoiselle à battre des cils ainsi, mais tant pis, c'est lui, il le mérite. Et puis c'est la faute de la pluie, et peut-être un peu de l'amour que je lui porte. Les lèvres entrouvertes et le souffle mourant, je l'observe tendre ses doigts nus tachés de mon sang vers mon visage. Je ne pense pas à bouger, à fuir ou même à sourire. En fait, j'accepte. J'admets que je ne peux pas faire plus, ni même moins. J'accepte d'avoir été con, de ne pas avoir été là et de ne peut-être pas être capable de soigner ses blessures. Ses doigts effleurent mon visage et se font caressant alors que lentement il retire mon masque. Je ferme à nouveau les yeux et quand je les rouvre, on se voit enfin.
Hey Jay. Content de te revoir, mon frère. Tu m'avais manqué putain.
C'est ce que je devrais murmurer… Ce que j'aurais dû dire en le sauvant… Je… Merde. Fais chier. Ma mâchoire se verrouille et les larmes reviennent se mêler à la pluie. Je ne voulais pas ça. J'aurais aimé que tu sois heureux… J'aurais aimé être à ta place et t'éviter tout ça… J'aurais aimé vous sauver… L'envie de revenir caresser sa joue du bout des doigts est tentante mais je reste immobile, soutenant ce regard de biche que je connais tant. C'est marrant, j'ai toujours aimé ses yeux. Je les ai peut-être envié à un moment… Me disant qu'il avait ce côté sauvage qui devait faire fondre des coeurs… Je me suis toujours dis qu'il devait être plus simple de croiser son regard plutôt que le mien… Que lui au moins n'avait pas le même regard que Bruce. Plus rien n'est dit et pendant de longues minutes, j'ai peur de ce qui va peut-être traverser ses lèvres, j'ai peur de ce qu'il tente de lire dans mon regard et au fil de mes battements de coeur, j'ai envie de lui hurler dessus.
Parle-moi putain ! Dis quelque chose ! Me laisse pas ainsi ! J'ai déjà suffisamment souffert de ton silence et de ton absence… Ne me punis pas toi aussi.
Mais rien. Tout ce que j'entends, c'est mon souffle qui se bloque dans ma gorge nouée et les pales de l'hélicoptère qui se tient au dessus de nous. La lumière m'éblouit et je suis obligé de plisser les yeux pour l'observer désormais. L'appareil soulève autant la pluie que ses mèches de cheveux et nous ne bougeons pas. Nous devrions courir et nous enfuir mais non… Nous restons-là…. À attendre. Ses doigts viennent se poser sur ma mâchoire et là je redeviens un gamin au coeur fragile. Je redeviens ce sale gosse qui ne demandait qu'un peu d'attention et qui était emplis d'une putain d'envie de bien faire. Sous ses doigts, face à ses caresses, je redeviens Richard Grayson. Pour lui, sous cette pluie battante, je redeviens ce que je n'aurais jamais dû cesser d'être : son grand frère.
Puis d'une claque, il me ramène à la réalité. D'une claque il me fait sortir de ce mutisme qui était en train de me ronger. Il me fait sortir de ce miasme poisseux qui doucement me faisait glisser dans cette inertie que je ne devrais pas connaître. Enfin je le regarde vraiment. Maintenant, je perçois sa souffrance et surtout je l'entends. Je comprends et je vois son coeur brisé dans ses yeux qui refusent de pleurer. Je recommence à respirer et même si ses mots me tuent, j'ai un sourire pour lui. N'est-ce pas là le rôle d'un grand frère ? Que de continuer à aimer le cadet qui le déteste ? J'ai un autre geste tendre pour lui, un index qui se glisse sous son menton, comme une façon de lui dire que je comprends.
"Ce n'est pas ta faute Jay… Ça l'a jamais été, t'as jamais demandé à subir tout ça. Sois pas désolé."
Mais moi je le suis. Je le suis pour ce qui est arrivé et pour ce qui va suivre. L'hélicoptère continue de gronder au-dessus de nous et après un dernier sourire et soupir, je décide qu'il est temps de me rendre utile. Je prends une grande inspiration et presque théâtralement, je viens poser mes deux mains sur ses épaules.
"Tu sais Jay… Je ne sais pas si Bruce t'as déjà dit ça à l'entraînement… Mais pour savoir si l'on est capable de voler, faut accepter de tomber…"
Un rire glisse d'entre mes lèvres et pour lui j'ai un clin d'oeil. Je suis désolé… Vraiment. Mais il faut qu'on bouge, les retrouvailles attendront qu'on soit en sécurité. Pour l'instant il faut fuir. Et vite.
C'était supposé se terminer. Au mieux, je me prenais une balle d'hélicoptère et j'avais plus qu'à prier pour qu'elle nous traverse en même temps. D'une traite et en plein cœur. Un double assassinat fraternel, ça m'aurait été aussi. Après tout, j'étais bien mort une fois, je m'en relèverais surement une troisième. On s'effondrerait l'un contre l'autre et Bruce pourra nous pleurer encore une fois. Au pire, j'allais calanché comme un con, seul et une bonne fois pour toute. Si le fils adoré mourrait, peut-être qu'il me pleurerait alors un peu.
Avec un peu de chance, ouais. J'étais con de le croire. Je ravale ma rancœur, en suivant un instant des yeux les pâles de l'hélicoptère balayant ma tignasse comme un jour de grande marée. C'est seulement quand Dick décide me prendre les épaules que je baisse les yeux vers lui. Pourquoi il m'emmerdait encore avec Bruce ? A la simple évocation de son nom, je lui dévoilais une canine prête à lui trancher la carotide. Capable de voler !? Tu te fous de ma gueule, grand con !? J'étais déjà tombé, pour qui tu te prenais à jouer les prophètes à deux ronds ?
" Je vais t'apprendre à fermer ta grande gueule, Grayson ! "
Il lui avait suffi de parler pour me donner une nouvelle fois l'envie de lui démolir la gueule pour le simple plaisir de le voir saigner. Barbare et sauvage, oui et s'il avait eu un super pouvoir, il aurait juste été super casse-couille. Fin du débat. J'aime avoir une bonne raison pour te frapper, Dick, mais j'ai jamais réussi à en trouver. Et pour que tu te taises, la seule solution, c'est les poings. Avant même de tenter de le frapper encore, il me prend de vitesse.
" Tombeur… ?"
Le toit me passe sous le nez et je me souviens de la sensation qu'on a quand on est balancé du vide par une botte qui chausse de 45 et que des ailes de chauve souris te font de l'ombre. Sauf que j'ai pas d'ailes pour me dire que je vais pas m'éclater en bas et pas un connard en tenue de plongeur pour me dire qu'il le fait tous les jours sans filet. Bruce, Dick, cordialement, je vous buterais. Dans le fond, je sais où je vais tomber, fils de pute. Je sais très bien où tu me balances et c'est pas la première fois, je te hais pour ce que tu vas faire. J'ai toujours juste le temps d'amortir le choc, étalé entre les sacs poubelles, les miaulements de chats que je me viens de déranger et le charmant jus qui marine au fond de la benne. Je te défonce, fils de pute. Je lève les yeux vers lui, alors qu'il me dégringole dessus.
Viens contre moi, Grayson. Comme une vieille habitude, je le rattrape malgré tout entre un de mes bras et le bord de ma cuisse. Il a de la chance d'avoir fait du cirque pour ne pas me frapper trop brusquement la cuisse. Mais, elle calque, tout de même, en m'arrachant un gémissement plaintif. " Grayson…" Je serre les dents, les deux fermés. J'ai envie de l'étrangler, de l'étriper, de lui faire regretter d'avoir été mon grand frère. Tu vas prendre, Grayson…
D'un geste sec, je l'empoigne par le col pour l'allonger dans les poubelles, qui font un matelas assez confortable, et lui grimpe dessus. Je le bloque, entre mes genoux. J'empoigne sa cuisse pour la garder en place et y remonte mes doigts pour labourer le muscle ferme qui se dessine sous sa tenue. Fils de pute, il avait pas oublié d'être musclé. Ma main s'appuie lourdement à l'intérieur de celle-ci et j'y mets toute ma force pour le maintenir en place. De rage, la main qui retient son col l'envoie se cogner contre les poubelles une nouvelle fois et moi-même, je me laisse entrainer par le coup pour me retrouver nez à nez avec sa belle-gueule. Le torse plaqué au sien, j'halète au bord de ses lèvres. Je lâche son col et remonte mes doigts contre son cou et jusqu'à sa lèvre. Viens tout contre moi, viens lécher le bout de mes doigts. Un ongle s'y plante, puis deux et, avec un sourire hargneux, j'entrouvre ses lèvres. " Ne dis rien, Grayson…" Viens plonger dans l'oubli et le rêve.
Viens sentir le gout de mes lèvres. Je parle, doucement, au bord de sa fine bouche blessée. " Sh, Dicky-Bird… Oublie pas de te taire, playboy…" Accolé à son torse, je lui flanque un coup d'épaule, tremblant de haine avant de reposer mon front contre le sien. Mon souffle brulant ce mélange au sien, humide et prétentieux. Je grogne, au bord de ses lèvres, en louchant sur la goute de sang qui perle sur mon doigt " Si tu souris, je te détruis. Maintenant… " Parle moi d'amour, ouais. Ose seulement me parler d'amour. Je veux tes baisers de velours et te mordre avec plus de violence que tu n'en aurais jamais eu. Et ta peau, tout contre ma peau, tu me rends fou. C'est vraiment, vraiment trop, mais je dois m'en aller, je ne peux plus t'aimer. Je détache mon regard de tes lèvres pour plonger dans tes yeux beaucoup trop bleus, plus insolent même que je ne le serais jamais, je crois. Un rictus mauvais se pause sur mes lèvres, alors qu'encore une fois, je te cogne à l'épaule. La main qui te tenait ta cuisse par pour te bloquer une main.
Tu sais, c'est encore plus fort quand je sens le feu de mon corps qui nous tient, là, jusqu'à l'aurore. Alors, je me pose tout contre toi, une cuisse entre les tiennes. Quasiment alanguit contre son corps plus fuselé que le mien, la main tendu contre ton poignet, j'enrage toujours, doucereux. " Je t'ai toujours détesté, Grayson. " je murmure, pour me persuader que c'est vrai. Je ne veux pas entendre que je te manque, ou que tu m'aimes… Je ne veux pas que tu me regrettes, que tu regrettes que je ne suis plus un Wayne avec toi. Mais… J'ai beau essayer de durcir mon visage, te grogner après, mon cœur saigne encore, alors Dick, doucement, dis moi les mots que j'adore.
Mon nez effleure celui de mon frère, je n'aurais pas réussi à le tuer, hein ? Je me retrouve à jouer au chat et à la souris dans les poubelles par sa propre volonté. Alors, je m'accorde un sourire insolant, un genou contre la hanche du Grayson cloué dans la benne. " Comment je vais faire pour te tordre le cou, maintenant… ? " Je prends un faux air réellement ennuyé par la question. Il était à ma merci, ou presque. Je m'en donnais l'illusion. Le sang continue de couler contre sa lèvre, perlant lentement sur son menton. Sans réfléchir, je papillonne des cils et, lentement, récolte du bout de la langue le ligne de sang qui lui trace du menton et mon geste s'interrompe, contre ses lèvres où, avec une langueur aussi lancinante que douloureuse, je panse sa plaie du bout de la langue. " Je t'ai faits mal, Dicky-Bird… ?" je soupire, brulant, au bord de cette lèvre interdite.
Messages : 151 Date d'inscription : 04/05/2016Métier/Occupation : Tueur à Gage
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Message envoyé le : Mar 31 Mai - 17:08
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Ultra violenceJ'arrive. C'est dans tes bras que j'espère atterrir… Tu sais, comme à l'époque ? Celle où j'avais ma place près de ton coeur. Je viens, je viens dans tes bras, je viens effleurer le bout de tes doigts, juste pour avoir le droit, ne serait-ce qu'une fois, de redevenir ce que j'étais avant pour toi. Alors rattrape-moi. Ne me laisse pas glisser, donne-moi une chance, juste une, et je promets que je serais tout ce que je n'ai pas été par le passé. La chute me semble durer des heures et si tout du long, j'ai l'angoisse au ventre, je ne peux que sourire quand je sens ses bras autour de moi. Je savais que tu me rattraperais, je savais que tu serais là. Je recommence à respirer et me retiens de lui faire remarquer qu'il gémit comme une fille que j'aurais dans mon lit. J'ai envie de lui dire qu'il a le ton plaintif d'une des douceurs aux courbes gracieuses que j'ai connu… J'ai envie de lui dire tant, mais je n'en ai pas le temps. J'aimerais le prendre dans mes bras et lui murmurer "Je savais que t'allais me rattraper…", mais il ne me le permet pas. Au lieu d'un regard tendre et une ébauche de sourire, j'ai le droit à ses doigts autour de mon col et de son poids sur mon corps. Dans un grognement plaintif, je me retrouve sous lui, allongé sur les sacs d'ordures alors qu'il me bloque, de son corps qui a toujours été plus semblable à celui de Bruce qu'au mien. Plus Jason grandissait, plus il lui ressemblait, quoi qu'il en dise. Moi j'étais trop fin, j'étais trop petit et trop agile. Je n'étais pas une chauve-souris mais un trop bel oiseau. Je n'étais pas fort mais rapide. J'avais le sourire et l'insolence mais ni la force, ni la carrure. Alors que Jay… Lui avait tout ce qui me séparait de Bruce. Lui avait la force brut et la musculature sèche. Lui avait les épaules pour être Batman et moi la cambrure de reins aguicheuse. C'est peut-être à cause de ça que j'ai été dur avec lui au début… Parce que je l'enviais et aussi parce que j'avais peur de ne devenir qu'un premier essai raté. Mais ce soir, ça n'a plus d'importance, alors que la pluie se calme à peine, tout ce que je sens, c'est son corps qui écrase le mien et sa façon de me frapper. Un autre grognement m'échappe au même titre qu'un soupir alors que je tente de croiser son regard. Tu penses peut-être que je ne vois pas ce que tu fais ? Plus tu me frappes, plus je sens que tu m'aimes. Chaque coup sonne comme une déclaration d'amour. Et les hurlements que tu pousses ? Des appels à l'aide. Je sais que j'aurais dû être là. Je sais que ça été dur pour toi, mais regarde-moi, maintenant je suis tout à toi, maintenant je suis là pour sécher tes larmes, effleurer le bout de tes doigts et de tes lèvres. Ses doigts restent agrippés à mon col et je murmure doucement, peut-être trop pour qu'il puisse m'entendre. "Retiens-moi." Je bats des cils et fais tomber sur ma joue les perles de pluie qui s'accrochent à mes cils. Ses doigts remontent, d'abord sur mon cou, puis sur mes lèvres. Je retiens mon souffle et le laisse faire. J'observe son sourire et gémis quand ses ongles viennent écorcher ma lippe à la courbe parfaite. Je reste silencieux comme il le demande, ne pointant que le bout de ma langue pour goûter mon sang. Le goût métallique me fait doucement retrousser mes lèvres écorchées pour lui et sagement, comme le beau garçon que je suis, j'accepte d'être celui qui se tait. Nos deux coeur battent l'un contre l'autre et rien ne me prépare à un autre coup qui transpire son amour. Il me cogne et j'ai l'impression d'être embrassé. Il me hurle dessus et j'ai l'impression d'entendre qu'il m'aime. Sa rage n'est qu'un prétexte derrière lequel il se cache. Tu es amer, par ma faute peut-être… Mais furieux ? Non. Tu prétends l'être pour cacher le fait que tu es heureux de me retrouver. Dans tes yeux de biche farouche, je vois que tu es triste et nostalgique. Je vois que tu regrettes un temps que nous pourrions retrouver.
Son front trouve le mien et si mon sang tache une fois de plus ses doigts, je ne souris pas. Non pas parce qu'il me menace, mais simplement parce que je peine à trouver l'envie de rire. Tout ce que tu me dis… C'est si doux à entendre. T'as jamais été du genre à dire ce que t'avais sur le coeur ou en tête… Mais moi, moi je savais t'écouter, je savais lire tes regards qui s'esquivent et tes poings qui se serrent… Même si tu ne l'admettras jamais… J'ai toujours été celui qui était le plus à même de te comprendre… J'étais celui qui avait ton coeur, pas vrai ? Tout contre ses lèvres je soupire, sentant ses doigts toujours labourer l'intérieur de ma cuisse. Alors c'est ça ? C'est ainsi que tout va se terminer ? Je bats une fois de plus des cils et à nouveau, la pluie qui roule sur mes joues comme des larmes. Le sang lui, ne fait que dessiner mes lèvres. Lui est chaud, comme le souffle de Jason sur ma peau. Sa main quitte ma cuisse et c'est désormais mon poignet qu'il vient attraper. D'instinct je cambre presque le dos, étouffant une inquiétude d'un souffle qui vient caresser sa joue. Mon coeur s'affole et tout contre lui, je sens mon corps mouvoir pour lui. Quand sa cuisse se glisse entre les miennes, je les écarte pour lui. Quand il s'approche à nouveau, je suis alanguis pour lui, comme le serait une amante qui chercherait à gagner ses faveurs… Mais moi, je les ai déjà, pas vrai ? Regarde comme je cambre le dos pour toi. Regarde comme je suis à toi. Ses mots deviennent doucereux et là je m'autorise un sourire. Un lumineux et pourtant insolent. Un qui transpire l'envie. Son nez effleure le mien et je me retiens de faire quoi que ce soit. Nos souffles se mêlent et je me dis que je pourrais l'embrasser, qu'il suffirait de remonter le menton pour lui voler un baiser au goût cuivré. Il remonte un genou qu'il pose sur ma hanche et me voilà épinglé. Tu es content ? Le rouge-gorge est tien ? Est-ce cela que tu voulais ? Que je t'appartienne ? Tu aurais dû le dire… Le sang glisse désormais sur mon menton et je retiens mon souffle quand il vient lécher le sillon rouge qui dévale ma gueule d'ange. Un frisson dévale mon échine et le souffle plus court, j'entrouvre les lèvres pour lui quand sa langue vient les effleurer. On dirait un baiser. Ou du moins, l'amorce d'un baiser. Je ris et c'est à mon regard de chercher le sien, à ma main libre de trouver sa nuque. Mes doigts se referment sur les fins cheveux qui s'y trouvent alors que le bout des gants viennent griffer sa peau jusqu'au sang.
"Dans tes rêves."
Je le force presque à m'offrir sa gorge, ayant un autre sourire pour lui. Tu veux me faire mal ? Va falloir faire mieux que ça. Beaucoup mieux que ça. Je ris doucement contre sa lèvre que je ne devrais pas dessiner du regard. C'est interdit mais tentant. Le sang perle sur mes lèvres, les rendant rouges et tentantes. Des lèvres cerises. Veux-tu les embrasser ?
"Tu aboies toujours autant sans jamais mordre…"
Je resserre un peu plus ma prise et je viens poser mes lèvres sur les siennes. Ça aurait pu être plus doux, plus tendre. Mais ça ne l'est pas. Sur ses lèvres je vais fleurir des roses de mon sang. Goûte-le. Tu voulais le faire couler ? Alors maintenant sens-le. Chaud et cuivré sur tes lèvres de velours. Je n'ai jamais compris pourquoi les filles ne le regardaient pas. Ma langue vient caresser ses lèvres avant que mes dents ne viennent les écorcher. Et quand je me recule, j'ai ce sourire qu'il déteste. Ce sourire insolent mais charmeur. Ce sourire qui semble dire que je suis invincible.