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"Prenez vos médicaments" revient à dire : Êtes vous prête à voir la vérité en face ?


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Message envoyé le : Ven 1 Juil - 11:06

Kathérina Barrow
L'Amante religieuse
Grace & Kathérina

       

La matinée ne fut pas franchement agréable. Enfin plutot les  premiers réveils dans cette cellule dégoûtante. Kathérina  y trouvait cependant un certain luxe ; il y avait un lit sur lequel elle pouvait dormir, ainsi que des draps et un oreiller. Lorsque son époux la mettait aux catacombes pendant des jours entiers, elle dormait à même le sol qui était.. irrégulier et terreux. Ce rituel consistait à lui montrait où elle serait en permanence si elle n'était pas son charmant mari et où elle resterait si un jour elle lui causerait du tord. A cet endroit, dans cette « salle » qui s'apparentait davantage à une cellule, Andrew Barrow entretenait son sadisme et sa douleur à travers les violences dégradantes et humiliantes qu'il infligeait à son aimée. Par la suite, il aimait photographier, peindre cette muse démantibulée et ensanglantée. Il trouvait ça d'une beauté frappante et  l'aimait couverte de bleu, le dos lacéré par le martinet et la peau teintée de rouge. Mais parfois, il frappait impulsivement, sans la jeter dans cet endroit sordide. Au salon, dans la chambre à coucher, dans la salle de bain. C'était imprévisible, et le Duc Barrow était bipolaire. Il pouvait très bien l'enlacer, lui jeter de belles paroles sincères et remplie d'amour, l'embrasser avec une douceur déconcertante pour, l'instant d'après la gifler jusqu'à la faire chavirer et la ruer de coups. Malgré ce dur portrait et ce constat alarmant, Andrew regrettait toujours la douleur et la souffrance qu'il infligeait à sa douce. Son amour était sincère, et trop puissant, trop destructeur. Alors, après ses horribles actes, il prenait soin de se faire pardonner, de la chérir, de la couvrir d'éloges, de cadeaux, de l'étouffer avec trop de tendresse. Kathérina était perdue, elle ne savait plus si c'était de sa faute à elle, ou à lui, ou qu'ils étaient tous les deux responsables de cela. Quoi qu'il en soit, tous les deux souffraient de leur amour mais ne pouvaient s'en passer.
Kathérina pensait beaucoup à lui, depuis qu'elle était partie avec ses « amies ». Qu'est-ce qu'il doit souffrir, qu'est-ce qu'il doit m'en vouloir, songeait-elle. Andrew ne lui en voulait pas, il était choqué, profondément. Il était persuadé que son épouse était habitée par une force surnaturelle, un démon ou pire, des démons, qui l'auraient forcé à commettre ce massacre, à avoir tenté de l'assassiner. Il ne croyait pas au Trouble Dissociatif de l'Identité, à la Paranoïa, et encore moins au Syndrome de Cotard qu'elle avait développé au fil des ans. Admettre ces pathologies était admettre qu'il était responsable, et ça, ça il ne voulait surtout pas l'entendre. Mais il était certain qu'il avait détruit la vie de Kathérina, c'était certain, il l'avait poussé à diviser son esprit pour se créer des alliés, à créer ces extrêmes très dangereux. Il l'avait poussé à ne plus pouvoir vivre sans souffrance, à ne pas trouver normal de l'amour sans la violence. Il avait séparé son enveloppe charnelle de son âme, finalement.

Rien qu'à l'idée de savoir la femme de sa vie dans un asile, qui plus est, le pire asile, Andrew fulminait tant il était impuissant et tant il aurait souhaité la retrouver. L'enquête à leur sujet n'étant pas terminé, il était certain qu'il ne pouvait pas lui rendre de visite, et cela le débectait encore plus. Kathérina savait qu'il viendrait un jour la voir, mais.. « la voir » ce n'était plus possible. Elle pensait être morte, vraiment morte. Elle se sentait pourrir de l'intérieur, ses os déjà bien fragiles se cristalliser, sa fine peau se décomposer, ses organes se changer en pierre et ses poumons se remplir de souffre. Son corps tremblait constamment, elle toussait énormément et peinait à tenir sur ses jambes squelettiques, elle qui était pourtant danseuse et qui se devait un certain équilibre. Mais rien à faire, si elle n'était pas morte, elle était du moins en train de mourir, rongée par le SIDA qu'un des partenaires de Bonnie avait du lui transmettre. Elle avait bien fait quelques prises de sang, mais personne ne lui avait communiqué les résultats qui l’intéressaient tout de même. Alors, quand deux gardes vinrent en sa cellule, ils décidèrent de l'affubler de menottes pour limiter ses mouvements et l'emmenèrent au 2ème étage tandis qu'elle, pensait simplement se rendre à l'infirmerie pour voir ses résultats et pour, tant qu'à faire, se faire recoudre quelques plaies profondes. Mais il n'en était rien.
Les deux hommes l'avaient accompagné jusqu'à une salle de « consultation » comme elle disait et lui avaient ouvert la porte sur une femme qui devait certainement être psychiatre. « Si y'a un soucis, hésitez pas, on reste dans le couloir » balança furtivement un des deux types en tournant les talons pour sortir, laissant Kathérina face à la femme à qui elle devrait certainement parler de « ses » actes dont elle n'avait elle même pas connaissance.

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Kathérina Barrow


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Message envoyé le : Ven 1 Juil - 15:50

Grace Waterhouse
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Grace avait lu le dossier pour le moins épicé de la jeune femme, ou plutôt des jeunes femmes, qu'elle était sensée traiter. A Sydney, ce cas serait passé pour un des plus difficiles de l'hôpital, même s'ils avaient leur taux de coupables d'homicides envoyés là à défaut de la prison, et dont certains avaient décidé que leur carrière ne devait pas s'arrêter aux portes de l'asile. Elle eut un frisson en repensant à Violet et le poison qu'elle s'était procuré Dieu seul savait comment pour le plonger dans la tasse de thé qu'elle avait tendue à la jeune thésarde. Heureusement, Grace l'avait vue. Son directeur de thèse aussi, mais il n'avait pas esquissé un geste pour l'empêcher de recevoir le récipient. C'était le moment où elle avait commencé à comprendre que son stage serait long et dangereux.

Aussi n'était-elle pas ravie par ce qu'elle découvrait en parcourant les lignes du dossier qu'elle avait sous les yeux. Elle avait recommandé aux gardes de rester dans les parages, au moins un moment, le temps qu'elle cerne à qui elle avait affaire. De là à ce qu'ils lui obéissent... Ceux d'aujourd'hui ne faisaient pas partie des connaissances que Grace avait déjà charmées à coup de sourires, de cafés offerts ou apportés et de muffins. Mais elle avait un bon contact avec la plupart des gens, et elle espérait que ça suffirait en cas de danger.

Elle prépara la salle de son mieux. Elle ne devait ressembler en rien à la maison où Miss Barrow avait vécu, même un détail pouvait capter son attention. Heureusement, le paysage qu'on pouvait voir par les grandes fenêtres lumineuses différait de celui qui entourait la demeure des époux Barrow, et les murs décrépis n'était ni de la même taille, ni de la même couleur que ceux des photographies qu'elle avait reçues, tirées de la partie du dossier judiciaire qu'on avait bien voulu leur confier en attendant d'entériner définitivement la décision d'interner la demoiselle à Arkham, et surtout, de décider ce qu'on allait faire de son charmant conjoint. Grace connaissait trop bien ce genre de relation. Elle avait vu des amies y sombrer, et des patientes. Plus rarement, des patients, mais ils y avaient leur lot eux aussi. Les relations abusives étaient très courantes, beaucoup trop courantes, même si elles avaient chacune leurs spécificités. Il serait cependant difficile d'attaquer sous cet angle.

En entendant toquer à la porte, Grace prit une grande inspiration. Elle avait pris sa décision. Elle choisissait la méthode la plus directe, c'était celle qui avait le plus de chances de fonctionner. Après tout, la jeune femme qu'elle traitait était décrite comme très intelligente. Elle saurait quoi faire des informations que sa psychiatre s'apprêtait à lui confier, et celle-ci serait à ses côtés pour l'aider à remettre chaque élément à sa place.
Elle se leva lorsqu'elle entendit quelques pas hésitants à sa porte, contourna son bureau et vint à la rencontre de sa patiente avec un sourire doux, chaleureux et rassurant comme elle savait les faire.

"Bonjour, Miss Barrow. Je suis contente de faire votre connaissance. Je m'appelle Grace Waterhouse, je serai votre thérapeute à Arkham."


Elle lui serra doucement la main, en faisant attention à ne pas serrer trop fort et risquer de faire mal à la jeune femme. Elle était très faible, très amaigrie, et le SIDA devait la fatiguer énormément. Selon les dires du médecin, la situation pouvait être récupérée si Kathérina avait de la chance, elle pourrait retrouver une santé suffisante pour mener sa vie quotidienne normalement... Ou pas, si elle supportait mal le traitement.

"Prenez place où vous le souhaitez, vous pouvez prendre le divan, un pouf, ou nous pouvons nous installer au bureau."

Grace Waterhouse


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Message envoyé le : Ven 1 Juil - 18:23

Kathérina Barrow
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Grace & Kathérina

       

La jeune femme n'avait pas l'habitude de parler. Enfin, on ne lui avait pas vraiment laissé le choix, elle était simplement forcée d'écouter mais forcée aussi de se taire, d’acquiescer comme une parfaite Lady. "Et c'est notre rôle de femme que d'être une épouse attentive, une mère minutieuse et une personne réfléchie mais qui garde ses observations pertinentes pour elle pour ne pas faire d'ombre à notre époux. D'ailleurs, si ce dernier t'ordonne quelque chose, il faudra le faire, sans discuter." lui avait un jour dit Alicia. Cette fille était symbole de sagesse et Kathérina ne pouvait s'empêcher d'admirer tant de justesse en elle, tant de précision et de rigueur. Mais elle était tout ce que Lyzbeth détestait ; une femme faible qui se laisse faire, qui vit en fonction des désirs d'un seul et unique homme qui aurait presque droit de vie ou de mort avec elle. En ce qui concernait Andy, il avait tendance à aimer beaucoup Alicia, elle était la parfaite petite ingénue sortie tout droit du XIX ème siècle. Elle était malléable, influençable, intelligente sans trop l'être. Elle était parfaite pour son rang, elle serait parfaite en épouse, parfaite en mère si seulement elle avait pu porter un enfant.
Dans le lot, la seule qui aimait s'exprimer et échanger avec les autres c'était bien évidemment Bonnie, la petite nymphe qui se plaisait dans les bras des vivants.. et des morts. Elle voulait souvent faire parler Kathérina, elle voulait qu'elle s'exprime, qu'elle parle du mal qui la rongeait mais.. rien ne sortait. Kathérina avait beau aimer son amie, elle en avait très peur d'elle, ayant assisté à ses massacres et ses coucheries sordides.  Alors elle ne parlait à personne, elle n'avait de mots que pour son époux, et encore, cela faisait bien quelques mois qu'elle se refusait à émettre ne serait-ce qu'un son.

Or, il semblait qu'aujourd'hui on ne lui laisse pas particulièrement le choix ; elle était bloquée dans cette salle où elle devait papoter et narrer sa vie morose et étrange à une interlocutrice de taille, une psychiatre. Pourtant, ce n'était pas elle qui premièrement attira son attention, mais bien la pièce. Ou plutôt la fenêtre, où on pouvait distinguer l'extérieur, un monde qu'elle avait oublié depuis longtemps déjà. Rien que les rayons de soleil sur sa peau gelée lui faisait mal, rien que la pluie et le vent la faisaient frémir et le contact de ses pieds nus sur un sol naturel.. elle en avait peur, tout du dehors l'effrayait mais l'attirait néanmoins, comme un interdit. Elle détailla les branches des arbres proches de la fenêtre dans son esprit, les feuilles vertes qui s'agitaient au bon vouloir du vent et qui étaient transpercées par le soleil et brillaient, comme des pierres de jade.
Elle entendit soupirer Alicia à côté d'elle qui faisait déjà les cent pas dans la salle en râlant « C'est vraiment inconcevable, comment peut-on accueillir des personnes dans un endroit si.. défraîchit ? Le papier peint, non mais regardez moi ce papier peint ! Il se décolle, il ondule c'est... C'est du mauvais travail, c'est inadmissible. » Kathérina décida d'occulter les plaintes d'Alicia, ou plutôt, on ne lui en laissa pas vraiment le choix.

"Bonjour, Miss Barrow. Je suis contente de faire votre connaissance. Je m'appelle Grace Waterhouse, je serai votre thérapeute à Arkham."
« Miss ». Rien que ce terme aurait fait froncer les sourcils d'Andrew Barrow. « Miss » c'était aussi impoli que « Mademoiselle » pour une femme mariée, bien que jeune. « Miss », ça sous-entendait qu'elle était libre comme l'air, à peine sortie de l'adolescence, qu'elle était peut-être même étudiante, qu'elle sortait avec ses amis et n'avait pas d'homme dans sa vie. « Madame, Madame Barrow » rattrapait bien souvent Andrew lorsqu'on s'adressait à son épouse par la mauvaise appellation. Mais Kathérina n'avait que faire de ça, ce qu'elle entendait seulement c'était le nom de famille « Barrow » qui lui résonnait dans la tête comme une mélodie désagréable. Elle ne savait pas pourquoi, mais ça lui donnait toujours la nausée. La psychiatre serra délicatement la main froide de Kathérina qui s'écarta vivement lorsqu'elle la toucha. Elle ne pu s'empêcher de vérifier aux alentours encore une fois si son époux n'avait pas surprit ce bref contact physique et garda ses mains contre elle, comme pour se protéger de Grace en dépit de son chaleureux sourire, ou bien d'Andrew. Finalement, elle ne savait pas vraiment.

Elle lâcha un discret et fluet « Bonjour » à son interlocutrice qu'elle ne regardait qu'à moitié, suffisamment apeuré et perdue dans cet environnement tout nouveau. «  S'il vous plait.. ce serait mieux... à l'avenir de ne pas tenter de.. contact. Enfin... ne me touchez pas s'il vous plait.» Pour elle, une simple poignée de main était fatale. Elle ne se souvenait que trop bien d'un simple baise main ou d'une caresse amicale sur l'épaule qu'un ami de son époux lui avait fait. Ce n'était que cela, ni lus ni moins, mais Andrew ne l'avait pas envisagé comme cela. Il avait fermement réprimandé sa connaissance et l'avait fait payer très cher à la jeune femme. Cela c'était produit plusieurs fois, pour des banalités. Mais chez le Duc, il n'y avait que lui qui avait le droit de la toucher.

"Prenez place où vous le souhaitez, vous pouvez prendre le divan, un pouf, ou nous pouvons nous installer au bureau."
Kathérina avait l'habitude de l'inconfort d'un endroit ou d'avoir mal rien qu'à s'allonger à cause de ses monstrueuses blessures alors peu importait vraiment où elle se mettrait, il fallait seulement qu'elle y trouve de la chaleur, qu'elle puisse s'asseoir à un endroit où elle ne sentirait pas ses os rentrer dans son assise et où son corps abîmé et malmené pourrait se satisfaire d'un confort quelconque. «  Je vous remercie  » lui dit la jeune femme en s'asseyant sur le divan sans pour autant se mettre à l'aise comme l'aurait fait Lyzbeth. Elle restait droite comme un i, les jambes surtout pas croisées. « Judicieux choix » lui murmura Alicia en s'installant à ses côtés. « Il faut toujours rester digne dans un moment aussi dégradant que celui-ci. En tout cas, les menottes à tes poignets sont très inesthétiques et beaucoup trop grandes pour toi. » Kathérina chuchota un léger « ..arrête s'il te plait » à la si Parfaite Alicia qui soupira, exaspérée par son impolitesse. Cependant, un détail la chiffonnait vraiment. Les gens ici la regardaient, ils la toisaient même. Pourtant... Pourtant elle était bien certaine d'être morte, alors.. était-elle au purgatoire ? « Puis-je vous poser une question ?  » Elle s'interrompit pour réfléchir un instant, pour ne pas dire de choses absurdes face à la supposée extralucide qu'elle avait face à elle. «  Comment se fait-il qu'ici je sois.. visible ? Je veux dire est ce qu'ici nous sommes à une sorte de .. préambule de l'Enfer.. comme un purgatoire ou... quelque chose où je suis bloquée ? »

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Kathérina Barrow


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Message envoyé le : Lun 4 Juil - 12:40

Grace Waterhouse
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La jeune femme réagit violemment à la poignée de main et Grace ferma les yeux un instant, se fustigeant mentalement. Le dossier n'était pas complet, bien sûr. Elle aurait dû faire plus attention avant de tenter un contact physique, elle était pourtant bien placée pour savoir à quel point sa patiente était un cas sensible. Elle s'efforça de balayer le sentiment de culpabilité de sa conscience, commencer la séance ainsi ne serait pas efficace. Elle avait au moins obtenu une réaction claire de la part de son interlocutrice, et une demande claire qui lui donnait espoir quant à la possibilité de faire des progrès rapides sur l'affirmation de soi. Elle noterait de l'inscrire à un groupe de parole organisé par un membre du personnel en qui elle avait confiance et de l'y envoyer lorsque cette personnalité-là ressortait.

« Bien sûr, veuillez m'excuser ! Je vais le noter tout de suite dans votre dossier, comme ça les autres membres du personnel seront au courant aussi et éviteront les contacts physiques. »

Elle lui adressa un sourire rassurant et retourna derrière le bureau, sans s'asseoir, pour sortir un crayon et griffonner rapidement l'information complémentaire dans la marge pendant que l'autre allait s'asseoir sur le divan, plutôt un bon signe si on en croyait les psychanalystes, mais sans non plus s'y allonger. Ce n'était pas nécessaire pour l'instant. Grace ne dédaignait pas l'aide de l'hypnose occasionnellement, mais elle se sentait encore loin de pouvoir parvenir à utiliser cette technique à nouveau après les ravages qu'elle avait faits sans s'en rendre compte sous la direction de son dernier directeur de thèse en date.

Elle releva la tête d'un air interrogateur en entendant sa patiente parler, mais au vu de la direction de son regard elle ne s'adressait pas à elle. Elle se disputait probablement avec elle-même, Grace avait déjà vu ce type de comportement chez des patients atteints de la même pathologie, avec des pensées intrusives incontrôlables. Kathérina Barrow était au final un cas assez classique dans ses symptômes, bien que très prononcé, et la jeune psychiatre se doutait que c'était pour cette raison qu'on la lui avait confiée à elle. Et peut-être parce qu'on les avait vues discuter dans le hall l'autre jour... Ou parce qu'on tenait à lui faire une bonne blague. Difficile pour la nouvelle de savoir ce qui se passait dans les bureaux, ce qui se disait au détour des couloirs, dossiers sous le coude, en chuchotant. Elle était sûre d'une seule chose : les bruits couraient extrêmement vite et les murs avaient des oreilles, à Arkham.

« Puis-je vous poser une question ?  »

Elle referma précautionneusement le carnet et posa le crayon à côté.

« Oui, bien sûr. Je vous écoute. »

Elle lui lança un nouveau sourire encourageant. Si sa patiente se sentait prête à lui faire confiance pour répondre à certaines de ses questions, la relation pourrait se mettre en place sans accrocs. C'était parfait.

«  Comment se fait-il qu'ici je sois.. visible ? Je veux dire est ce qu'ici nous sommes à une sorte de .. préambule de l'Enfer.. comme un purgatoire ou... quelque chose où je suis bloquée ? »

Bien. On allait entrer directement dans le vif du sujet.

« Ah, justement, je comptais vous parler de cela. Je vais vous dire ce que je sais à ce propos, vous n'êtes pas obligée de me croire bien sûr, mais je suis relativement certaine de ce que j'avance. Vous n'êtes pas au Purgatoire. Et vous n'êtes pas bloquée. Nous sommes à Arkham, un hôpital psychiatrique très réputé (elle ne précisa pas quelle était cette réputation) où l'on vous a envoyée pour vous traiter d'un dédoublement de la personnalité – cette personne à qui vous demandiez de se taire tout à l'heure et qui n'est autre que vous-même – et d'un syndrome de Cotard. Dites-moi, Kathérina... Puis-je vous appeler ainsi ? »

Elle avait vu sa patiente tressaillir en entendant son nom de famille prononcé et préférait utiliser un autre substantif.

« … Vous pensez être morte, n'est-ce pas ? Que diriez-vous si je vous apprenais qu'il n'en est rien ?  Que ce que vous ressentez est dû à une maladie et non à la mort elle-même, et que nous pouvons vous soigner ?»

Grace Waterhouse


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Message envoyé le : Lun 4 Juil - 13:31

Kathérina Barrow
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Grace & Kathérina

       

Kathérina ne supportait pas qu'on la touche, ni même qu'on la regarde. Enfin, du moins, avant de se marier elle se fichait pas mal des regards sur elle et des mains; elle en avait l'habitude, son métier faisait qu'elle devait sans cesse se faire toucher et porter, surtout regarder lorsqu'elle se présentait publiquement face à des centaine de personnes. Mais Andrew Barrow l'avait dégoûté de cela et elle fut contrainte d'arrêter sa profession de danseuse puisque sa jalousie à l'égard de son partenaire attitré était à un point ou il aurait pu le faire éliminer, disparaître. Elle fut privée aussi tellement longtemps du regard des autres qu'un simple coup d'oeil la faisait angoisser, elle avait peur d'en être "responsable" et qu'Andrew se mette à nouveau à la battre parce qu'elle aurait "provoqué" cela. Il n'en était évidemment rien.

« Bien sûr, veuillez m'excuser ! Je vais le noter tout de suite dans votre dossier, comme ça les autres membres du personnel seront au courant aussi et éviteront les contacts physiques. »
La jeune femme soupira de soulagement en voyant qu'elle avait comprit. Cela lui éviterait les représailles de son époux, et ce n'était pas plus mal. Elle se sentit d'autant plus bien quand la thérapeute s'écarta d'elle et se concentra sur les notes qu'elle prenait sur son carnet. "J'espère qu'elle transmettra vraiment cette information capitale comme elle le dit." Alicia toisait la psychiatre avec un mauvais oeil, elle n'aimait pas vraiment qu'une personne se mêle de ses affaires, et elle savait que c'était son métier, justement. La bourgeoise donna un coup d'épaule à Kath lorsque celle ci posa une question à la femme en blouse. "Kathérina ! Tu sais très bien que cette personne n'est pas Dieu, elle n'a pas la réponse à tes questions. C'est un démon, tu sais où tu es, ils veulent t'écarter de toi." Quelle ironie, alors que c'était elle qui tentait d'accaparer le corps de la jeune femme, elle était pourtant persuadée que tout le monde désirait les diviser pour qu'il n'en reste plus qu'une finalement. Alicia aimait l'unité, elle aimait la neutralité, elle était intelligente, sans trop l'être. Tous ses jugements étaient basé sur la religion, sur Dieu qui s'amusait à tirer les ficelles de ses pantins. Si elles étaient ici, c'était parce qu'il le souhaitait.
Kathérina était influencée par cela, elle avait elle aussi reçu une éducation religieuse, bien que ses parents ne soient pas vraiment allé jusqu'à la forcer à prier avant d'aller se coucher. Ils lui avaient apprit la vie avec rigueur, mais toléraient qu'elle en profite un peu tout de même. Seulement, elle était persuadée que la vie l'avait quitté.

« Ah, justement, je comptais vous parler de cela. Je vais vous dire ce que je sais à ce propos, vous n'êtes pas obligée de me croire bien sûr, mais je suis relativement certaine de ce que j'avance. Vous n'êtes pas au Purgatoire. Et vous n'êtes pas bloquée. Nous sommes à Arkham, un hôpital psychiatrique très réputé (elle ne précisa pas quelle était cette réputation) où l'on vous a envoyée pour vous traiter d'un dédoublement de la personnalité – cette personne à qui vous demandiez de se taire tout à l'heure et qui n'est autre que vous-même – et d'un syndrome de Cotard. Dites-moi, Kathérina... Puis-je vous appeler ainsi ? »
A l'asile ? Que pouvait-elle bien faire à l'asile ? C'était absurde, et incroyablement incohérent. "C'est une ruse" avança Alicia en regardant Kathérina, tentant de sonder ses réactions. La thérapeute parlait d'une pathologie à laquelle Kathérina et par la même occasion Alicia ne croyaient pas. Les gens dit "fous" étaient en réalité possédés par l'esprit du Malin qui les tourmentait. Le soucis étant qu'elles savaient que Bonnie et Lyzbeth étaient possédées en dépit de leurs terribles vices et donc, que le démon pouvait passer d'un "corps" à un autre. Mais la blondinette était certaine d'être morte, elle s'était vue mourir des coups d'Andrew qui l'avait laissé contre le sol froid de marbre son corps tremblant, et ce dernier n'avait plus tardé à ne plus du tout réagir à quoi que ce sois, sans parler de ses cheveux avaient été imbibé du sang qui sortait de ses profondes plaies.
"Ce que vous avancez là... c'est presque irréaliste. Je veux dire... il n'y a personne dans ma tête et..." elle regarda Alicia "Je la vois comme je vous vois et vous ne pouvez pas me dire qu'elle n'est pas là parce que depuis tout à l'heure elle fait des tonnes de remarques sur la pièce, sur vous et vous l'entendez surement." En réalité, Kathérina n'avait plus qu'elles. Personne n'avait été là quand elle avait besoin d'aide, tout le monde la voyait souffrir et mourir à petit feu et ils avaient gardé cet air indifférent. Lyz, 'Cia et Bonnie avaient été là. Elles l'avaient soigné, elles lui avait fait prendre conscience du calvaire qu'elle menait et de la vie morose qu'Andrew lui infligeait.
"Oui... oui vous pouvez" autorisa-t'elle en relevant son regard vide vers elle. Son prénom ne la dérangeait en rien, c'était les surnoms qui l'insupportait. De même que le toucher et les regards, les surnoms étaient la propriété de son mari. Il était le seul à pouvoir utiliser un diminutif et s'autoriser des familiarités. Puis, la psychiatre continua ses affirmations qui, au fil des mots étaient de plus en plus étranges.

« … Vous pensez être morte, n'est-ce pas ? Que diriez-vous si je vous apprenais qu'il n'en est rien ?  Que ce que vous ressentez est dû à une maladie et non à la mort elle-même, et que nous pouvons vous soigner ?»
Alicia se mit à rire "Alors, premièrement vous doutez de mon existence, mais en plus vous voulez ressusciter les défunts ? C'est vraiment grotesque." Kathérina fronça légèrement les sourcils, et baissa les yeux sur ses menottes. Elle grimaça, elle se voyait continuellement se décomposer et dépérir à vue d'oeil, comme si quelque chose la dévorait en permanence.
"Je ne pense pas être morte. Je suis morte. Je ne sens plus mes organes fonctionner, je n'ai jamais faim, jamais soif, je me décompose. Je sens mon âme tourmentée et convoité, je me suis vue mourir de ses mains et j'ai.." elle s'interrompit brutalement, l'air d'un seul coup terrifiée. Elle rejeta un oeil à droite et à gauche. Elle en avait trop dit, elle venait d'accuser délibérément son époux alors qu'elle s'était jurée de couvrir son âme soeur.

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Kathérina Barrow


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Message envoyé le : Mar 5 Juil - 20:02

Grace Waterhouse
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La jeune femme réagit assez violemment à la suggestion de Grace, à en juger par son expression de défiance. Elle avait l'air douce et faible, mais elle faisait preuve d'une force mentale importante. Si seulement on parvenait à réunir ces différentes facettes de son être brisé, elle s'en sortirait sans aucun doute admirablement à Gotham. Elle avait tout ce qu'il fallait pour, si la psychiatre en jugeait par ce qu'elle voyait à présent et ce qu'elle avait déjà entraperçu lors de leur discussion dans le hall. Mais ces pathologies étaient particulièrement difficiles à traiter et elle doutait d'y arriver, du moins dans un délai raisonnable. Elle prit particulièrement soin de contrôler sa respiration et de ne pas se laisser aller à espérer et à s'emballer pour la patiente qu'elle avait devant elle. Tout viendrait en temps et en heure, et trop de hâte risquait de compromettre la guérison. Elle avait sondé la profondeur de la faille dans l'esprit de Barrow, et elle avait maintenant une meilleure idée d'à quoi s'en tenir. C'était une étape nécessaire, mais pas encore terminée. Il faudrait du temps et plusieurs autres séances pour cerner le trouble et espérer le soulager.

Déjà, elle pouvait être certaine que la jeune femme souffrait également d'hallucinations, visuelles, auditives, et probablement tactiles.

« Non, je ne la vois pas. Je ne l'entends pas non plus. Mais je ne dirais pas pour autant qu'elle est uniquement le produit de votre imagination... Je pense qu'elle fait partie de vous, mais que votre cerveau perçoit ses propres pensées comme un stimuli extérieur. C'est un trouble relativement courant parmi nos patients. »

Sa voix était douce et rassurante, posée et calme. Elle prenait soin de montrer qu'elle savait de quoi elle parlait, mais d'avoir aussi l'air de vouloir expliquer les détails et le cheminement de son raisonnement de manière accessible à sa patiente, et sans l'imposer. Elle savait que Kathérina suivrait sa logique, mais que dans un premier temps il était très probable qu'elle la réfute. Ce n'était pas un problème, Grace était patiente.

"Je ne pense pas être morte. Je suis morte. Je ne sens plus mes organes fonctionner, je n'ai jamais faim, jamais soif, je me décompose. Je sens mon âme tourmentée et convoité, je me suis vue mourir de ses mains et j'ai.."

Elle s'arrêta d'un coup et regarda autour d'elle comme si quelqu'un s'apprêtait à la rabrouer pour ce qu'elle avait dit. Grace poussa un léger soupir. Il lui était toujours difficile de voir ses patients manquer de confiance, en eux, en les autres, souffrir de leur passé qui leur collait à la peau. Elle ne s'y faisait pas. Mais c'était aussi pour ça qu'elle voulait ce poste, qu'elle voulait ce métier, pour pouvoir changer les choses, améliorer des situations, et peut-être, si elle était chanceuse, sauver ce qui pouvait l'être.

« Kathérina, ce qui se dit dans ce bureau est entre vous et moi. Je suis tenue au secret professionnel et je vous fais le serment que je le respecterai. Je ne vous jugerai pas. Vous pouvez parler de tout librement. »

Elle décida de tenter un coup de biais.
« Et vous devez me parler de tout. Des gens tiennent à vous, ils souhaitent que vous alliez mieux, et ça vous aidera de me dire ce que vous avez sur le cœur. Nous avons tous besoin de quelqu'un à qui parler. »

Elle lui sourit à nouveau chaleureusement. Grace avait toujours été la confidente, l'épaule sur qui pleurer. Autant en faire un métier. Ainsi elle pouvait offrir ses compétences sur un plateau à ceux qui en avaient le plus besoin, et Dieu sait que cette jeune femme en avait besoin.
Elle ne chercha pas à convaincre plus avant Kathérina qu'elle n'était pas morte. Cela ne ferait que monter les défenses qu'elle tentait d'abaisser, visiblement érigées par une autre des personnalités qui était présente aux yeux de la jeune femme.

Grace Waterhouse


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Message envoyé le : Mar 5 Juil - 22:29

Kathérina Barrow
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Kathérina avait passé des années aux côtés d'Andrew, et presque autant avec les trois filles qui convoitaient son corps, mais qui passaient simplement pour de fidèles et d'honnêtes amies. Elles la relevaient, elles étaient la seule source de distraction qu'elle avait, le seul lien avec la "vraie vie". Kathérina leur demandait souvent comment cela se passait pour elles à l'extérieur. Qu'y avait-il de beau dehors ? Que faisaient-elles de leur vie ? Avaient-elles une famille ? Bonnie vivait comme bon lui semblait, avec qui elle voulait. Un jour, elle pouvait être folle amoureuse d'un guitariste et partir en tournée avec lui puis, tomber amoureuse d'une groupie et aller vivre avec elle. Pendant trois heures elle traînait sur les plages et sympathisait avec des inconnus, puis se retrouvait dans de charmantes demeures dans les bras d'un homme marié mais atrocement seul. Pas matérialiste, elle avait la capacité de s'en aller sans prévenir, d'occulter ce qu'elle venait de fonder avec ses partenaires et amis d'une journée. Contrairement à Alicia d'ailleurs qui elle, s'acharnait toujours à bâtir inlassablement une vie parfaite, à la contrôler. Alicia était mariée à un homme respectable comme Andrew disait-elle, et elle avait réussi à lui donner un enfant, aussi étonnant que cela puisse paraître. Elle aimait faire remarquer à Kathérina qu'elle réussissait là où la pauvre petite blonde échouait, c'était un vrai plaisir pour elle. Quoi qu'il en soit, la bourgeoise passait aussi ses journées enfermée à jouer à la femme parfaite, la ménagère et la mère de foyer et se tuait à être irréprochable pour son époux qui s'occupait d'elle le soir venu. Lyzbeth était totalement contre ce système de mariage et n'avait jamais comprit comment une femme pouvait passer sa vie pliée en quatre pour satisfaire un homme. L'amazone vivait seule dans un appartement simpliste où elle payait néanmoins un loyer très cher. Elle y ramenait parfois des femmes, sa seule compagnie, pour passer le temps. De manière générale, elle y emmenait Bonnie, de qui elle s'était éprise. Bien sûr, lors de ces discussions, les trois filles se gardaient bien de parler des mauvais aspects de leurs vies respectives.
Bonnie était une éternelle insatisfaite, et c'était bien pour cela qu'elle ne pouvait rester trop longtemps en compagnie d'une personne régulière; il lui fallait changer d'air, une renaissance permanente. Elle voulait vivre la vie à fond, connaître de nouvelles sensations, faire des choses extraordinaires ! Alicia, elle, était tellement concentrée sur cette obsession de la perfection qu'elle oubliait de vivre pour elle, elle n'avait aucune idée de la vie réelle en dehors du factice et souffrait, comme Kathérina, des maltraitances d'un mari insatisfait. Quant à Lyzbeth, cette haine des hommes cachait sa douloureuse histoire avec l'un d'entre eux à qui, physiquement elle avait pu échapper.

« Non, je ne la vois pas. Je ne l'entends pas non plus. Mais je ne dirais pas pour autant qu'elle est uniquement le produit de votre imagination... Je pense qu'elle fait partie de vous, mais que votre cerveau perçoit ses propres pensées comme un stimuli extérieur. C'est un trouble relativement courant parmi nos patients. » déclara la psychiatre qui semblait tout à fait honnête. Alicia faisait partie intégrante d'elle ? Le modèle de perfection qu'elle incarnait serait-elle... un prolongement d'elle même ? Si seulement, songea la jeune femme. En revanche, nier son existence était totalement délirant, elle ne pouvait pas y croire.

"Vous ne pouvez pas me dire ça..." commença-t-elle la gorge serrée et le regard baissé "elle est obligée d'exister... sinon ça veut dire que je suis constamment seule et... qu'elle n'a jamais été là. C'est.. impossible et irréaliste..." Cette idée était insupportable, ce n'était pas possible de créer quelqu'un sans s'en rendre compte, de vivre avec, écouter ses paroles avisées sans qu'elle soit là. Alicia l'avait toujours materné lorsque Kathérina ressentait l'absence de sa mère, elle n'avait jamais pu la laisser tomber, alors accepter les mots de la thérapeute revenait à la rejeter après tous ses efforts, c'était hors de question.

Puis, Kathérina était allée trop loin dans ses paroles emmêlées. Elle avait trop parlé, sa douleur avait décidé de s'exprimer en désignant, en accusant. Andrew Barrow était le responsable, c'était lui qui avait rendu la jeune femme folle. Cet homme fou amoureux avait jugé qu'il fallait couper son épouse de toute relation extérieur pour l'avoir à lui, il avait pensé que les écarts de sa douce auraient cessé suite aux coups et aux tortures qu'il lui infligeait. Il ne voulait pas la savoir malade, il ne voulait pas le croire. Persuadé qu'il s'agissait là de grandes sautes d'humeurs, il en souffrait aussi. Lyzbeth se battait constamment avec lui, elle rendait les coups, les donnait en première, elle se débattait comme Desdémone aurait du le faire face à Otello, elle lui hurlait ce qu'il ne voulait pas entendre.
Bonnie, elle, le charmait, elle l'aguichait, faisait de même avec son cher frère et ses connaissances, partout et n'importe quand. Alors quand le Duc posait ses mains sur elle et répondait à ses caresses, il se retrouvait parfois face à Alicia qui le rejetait, qui avait peur de ses gestes, qui perdait le contrôle face à tout homme.
Et Kathérina, Kathérina était folle amoureuse mais désespérément perdue dans les beaux mots et les violences de son mari. Alors, très récemment, elle avait apprit à accepter les horribles châtiments, elle avait apprit à serrer les dents et à se laisser faire. Avant elle résistait, elle demandait pourquoi, elle suppliait mais Lyzbeth lui avait fait comprendre que c'était encore plus humiliant ainsi. Le Duc Barrow était le maître, il la battait, la violait et dans la minute regrettait, s'excusait et se mettait à genou pour enlacer le cadavre meurtrit qu'il avait martelé de coups. Mais elle, elle ne lui en voulait pas, elle l'aimait et le couvrait toujours "C'est de ma faute si il s'est un peu énervé", "je suis assez maladroite ces derniers temps", ou au pire  des cas "ne vous en faites pas, c'est la première fois que cela se produit". Et surtout, surtout, elle avait peur des représailles.

« Kathérina, ce qui se dit dans ce bureau est entre vous et moi. Je suis tenue au secret professionnel et je vous fais le serment que je le respecterai. Je ne vous jugerai pas. Vous pouvez parler de tout librement. »
La petite chose qu'elle était ne cessait plus de surveiller du coin de l'oeil les alentours, guettant l'arrivée subite mais possible de son époux. "Elle te piège, c'est peut-être un de ses hommes de mains Kathérina" lui murmura Alicia. Rien que cette simple idée la fit frémir et elle eut le réflexe animal et s'enfoncer dans un coin du divan, ses baguettes de jambes repliées sur elle. "Il me l'a interdit.. je n'ai pas eu le droit de parler... pas même aux autorités lorsqu'ils m'ont demandé d'où venaient mes.. marques parce que... il risquait beaucoup si on apprenait ce qu'il passe..." Seulement est-ce qu'Andrew risquait-il autant face à une psychiatre qui, de plus, ne pourrait rien dire aux dîtes autorités ? "..Est-ce que ça se voit ce qu'il me fait Madame..?" demanda la jeune femme qui releva timidement son regard vers elle.
Il fallait qu'elle sache ; cela faisait des années qu'elle cachait ses blessures, qu'elle justifiait par de parfaites excuses sa fatigue, sa maigreur, cette peur qu'on la touche, qu'elle évitait même habilement les regards et les discussions. En revanche elle n'arrivait pas à faire cesser les pensées des gens et leurs rumeurs biens fondées. Les individus, et particulièrement dans le milieu de la noblesse, parlaient beaucoup. A vrai dire, ils n'avaient que cela à faire. Aussi, ils n'étaient pas stupides et avaient remarqué que la jolie danseuse avait déserté la scène et qu'elle ne donnait plus de représentations musicales. Ils avaient aussi vu l'éclat de ses yeux disparaître et son sourire se faire plus rare.
En revanche, au fur et à mesure du temps, la galerie d'art d'Andrew Barrow se remplissait de clichés morbides et violents d'elle dans des états choquants, presque démantibulée, laissée pour morte. "Quel beau travail et quel réalisme !" disaient souvent les habitués de la galerie lorsqu'ils y découvraient les "mises en scène" réalisées par le Duc. C'était une humiliation publique et gratuite, faite au nom de l'Art. Néanmoins, lorsque la police c'était penchée sur ces clichés, ils y avaient trouvé autre chose que du simple esthétisme ; ils avaient vu l'horreur d'une scène de crime, quelque chose qui n'était pas artistique du tout mais qui relevait de la torture. Aussi, certaines photographies furent saisies et ajoutées au dossier bien garnis de Kathérina jusqu'à ce qu'une affaire s'ouvre sur le couple Barrow.

« Et vous devez me parler de tout. Des gens tiennent à vous, ils souhaitent que vous alliez mieux, et ça vous aidera de me dire ce que vous avez sur le cœur. Nous avons tous besoin de quelqu'un à qui parler. »
Kathérina se rongeait les doigts. Elle avait beau s'accrocher au charmant sourire de Grace, s'appuyer sur ses mots rassurants et se dire qu'elle était en sécurité, l'angoisse la dominait et lui nouait les cordes vocales. Elle avait peur d'un retournement de situation, peur que la psychiatre retire un masque et laisse apparaître Andrew qui l'aurait torturé, encore et encore.
"On a.. rarement envie de parler de quelle façon on a été humilié ou.. souillé..." réussit à dire la jeune femme pendant qu'elle se détruisait la peau pour s'auto-punir de parler.
En revanche, Kathérina savait que ce qu'elle avançait était faux. Pas tout, évidemment, mais lorsqu'il s'agissait du passage où elle parlait des gens qui tenaient à elle... c'était beaucoup moins crédible. Kathérina n'avait personne, à part ses parents dont elle n'avait jamais eu connaissance de leur décès. Alors, à part son époux...
"Personne.. personne à part lui ne tient à moi. Cela fait presque une année que mes parents ne sont pas venus me voir, qu'ils ne m'ont pas écrit, pas appelé... ils ne sont même pas venus au procès, ni encore moins ici me voir. Personne ne veut me voir aller mieux à part Andrew... il est le seul à l'extérieur qui veuille mon bien mais..." elle s'interrompit un instant, tremblante d'hésitation puis murmura finalement, comme si il était derrière la porte à écouter "..c'est lui qui cause mon mal." Alicia se leva subitement comme affolée et quitta la salle très vite, comme pour ne pas avoir à subir les conséquences de telles paroles.

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Message envoyé le : Mer 6 Juil - 9:30

Grace Waterhouse
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Kathérina commençait à réagir aux paroles de Grace par autre chose qu'un rejet simple et pur. Elle se questionnait. Elle envisageait la possibilité que la psychiatre ait raison avant de la rejeter. Et elle était suffisamment intelligente pour savoir que ses arguments n'étaient pas très solides. Grace eut un léger sourire triste, compatissant. Elle ne pouvait pas comprendre de l'intérieur le ressenti de sa patiente, n'ayant jamais été totalement seule... Mais elle n'avait jamais non plus souffert d'un dédoublement de la personnalité et ça ne l'empêcherait pas de tenter d'investir le problème comme s'il était sien, de se mettre à la place de la jeune femme pour mieux la guider. L'imagination était une capacité particulièrement forte et effective chez les humains, preuve en était l'efficacité de l'hypnose, et un bon thérapeute maîtrisait la sienne juste assez pour partager le temps d'une séance la vie de celui qu'il essayait de soigner, sans laisser s'échapper ses propres sentiments. C'était un délicat mélange de compassion, de réflexion, de compréhension qu'il fallait mettre en place rapidement et qui devait atteindre un équilibre parfait dès les premières sessions, autrement, on s'exposait à des souffrances énormes en s'approchant trop du ressenti du patient, comme un papillon se brûle les ailes à la flamme d'une bougie.

Mais Grace avait confiance en Kathérina pour qu'elle fasse la moitié du chemin et qu'ainsi elles puissent travailler ensemble à soulager sa douleur, aussi vive fut-elle.

Actuellement, elle était dans le déni, mais elle défendait ses positions faiblement, comme elle avait défendu son mari faiblement lors des assises du procès en cours. Il ne lui restait pas assez de forces. C'était ce qui inquiétait la thérapeute. Il lui faudrait une volonté de fer pour se battre contre ses traumatismes physiques et mentaux et récupérer ce qui lui appartenait : elle-même. Sa vie. Son esprit. Elle devait retrouver des forces. La psychiatre jeta un coup d'oeil au réveil posé sur son bureau. Il était la demie. Le temps passait vite lors de leur séance, usé en hésitations et protestations. Tout cela fatiguait sa cliente. Elle décida qu'il lui faudrait bientôt abréger la séance. Les progrès réalisés étaient déjà conséquents, elle n'en avait pas espéré tant quand on lui avait jeté négligemment sur son bureau un dossier à moitié rempli.

"..Est-ce que ça se voit ce qu'il me fait Madame..?"

Elle soupira, et réfléchir à sa réponse. Il ne fallait pas incriminer Mr Barrow trop vite. Sa femme lui était encore trop attachée. Mais nier que son état de santé faisait peine à voir serait un mensonge et Grace ne mentait pas à ses patients sauf nécessité absolue, et ça n'était encore jamais arrivé, malgré les durs épisodes qu'elle avait connus.

« Ce qui se voit, c'est que vous faites tout votre possible pour être une femme bien, Kathérina. Vous faites énormément d'efforts et c'est louable. Le reste n'est pas votre responsabilité. »

Grace se demanda combien de temps cela faisait que la jeune femme n'avait pas entendu de paroles bienveillantes, de tentatives de la rassurer, venant de quelqu'un d'autre qu'un mari qui venait de la maltraiter. Elle sourit à nouveau à sa patiente. Elle était de si bonne volonté. Elle aurait rendu n'importe quel homme normal heureux. Quel manque de chance qu'elle soit tombée sur un pervers narcissique qu'elle ne pouvait pas satisfaire, peu importe le mal qu'elle se donnait... Et du mal, elle s'en était donné. Son mari lui en avait donné. Ses amis et sa famille aussi, en se détachant d'elle lorsqu'elle était devenue distante. Dans ce genre de cas, personne n'était réellement coupable. Le maltraitant ne pouvait s'empêcher d'agir ainsi, le maltraité n'arrivait pas à se défendre, les proches ne savait pas quoi faire.

"On a.. rarement envie de parler de quelle façon on a été humilié ou.. souillé..."

« Rassurez-vous, je ne vous demande pas de me parler de ce qui s'est passé. Ce qui m'aidera, c'est plutôt de connaître votre ressenti. Il est parfois plus difficile à partager, cela dit, et vous devrez faire des efforts, mais je suis sûre qu'en travaillant ensemble nous pourrons soulager ce qui vous pousse, par exemple, à faire ça. »

Elle désigna de la main la peau maltraitée par la jeune femme, mais lui envoya dans le même temps un sourire rassurant. Elle ne comptait pas la retenir. Elle ne comptait pas lui reprocher de s'auto-mutiler. Elle comptait faire en sorte qu'elle n'en ait plus besoin ni envie. Certains psychiatres étaient partisans de la « méthode dure », et punissaient les comportements à risque dans un souci de sécurité. Mais les études montraient une nette tendance à la récidive dans ces cas-là. Grace avait fait son choix et elle s'appliquait à utiliser d'autres méthodes plus au goût du jour.

Elle baissa les yeux et s'abîma un instant en réflexion quand Kathérina lui avoua avoir conscience qu'Andrew lui faisait du mal, mais revenir vers lui car elle se sentait seule, en substance.
Bien entendu, c'était son mari qui l'avait isolée, mais il était encore trop tôt pour faire cette remarque, la jeune femme avait l'air terrifiée par ses propres paroles et le moment était mal choisi.

« Et vous-même ? Est-ce que vous vous voulez du bien ? Est-ce que vous prenez soin de vous ? Est-ce que vous vous autorisez à faire ça, autrement que par le biais de vos autres personnalités ? Vous n'avez pas besoin de permission, vous savez. C'est naturel et sain de vouloir l'appui des autres, mais vous devez aussi pouvoir compter sur vous-même pour vous aimer. »

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Message envoyé le : Mer 6 Juil - 18:57

Kathérina Barrow
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« Ce qui se voit, c'est que vous faites tout votre possible pour être une femme bien, Kathérina. Vous faites énormément d'efforts et c'est louable. Le reste n'est pas votre responsabilité. »
Etait-ce réel, tout ça, toute cette agitation autour d'elle ou à l'intérieur d'elle ? Elle ne savait plus très bien pourquoi elle était à l'asile avec ses amies criminelles, elle n'était responsable que d'une chose : la violence d'Andrew. Elle portait le lourd fardeau de la culpabilité, le duc avait réussi à lui mettre en tête que c'était de sa faute à elle. Kathérina méritait les coups, elle méritait l'isolement et le mépris. Pourtant, quand il tenait de telles paroles, il ne pouvait s'empêcher par la suite de les contredire, de culpabiliser lui aussi de toute cette violence ; il ne voyait qu'une chose après ses actes, il était le seul à mériter de souffrir. Kathérina était trop douce, trop obéissante pour mériter cette vie, il en avait conscience, tout le monde en avait conscience mais personne jusque là ne l'avait vraiment prise en pitié, à part la mère du Duc et, bien sûr, les filles qui habitaient la jeune femme.
Kathérina était fatiguée de faire des efforts, alors elle avait fini par ne plus en faire, par ne plus participer. Elle avait abandonné, elle avait cessé de se battre contre lui. Andrew avait fini par gagner, il l'avait vidé de toute envie, de tout sentiment positif. Elle était devenue une poupée qu'on exposait fièrement à son bras, qu'on était fier de montrer et de garder pour sa personne.
Alicia c'était quelque peu détournée de la jeune femme lorsqu'elle avait lâché prise. Certes il fallait être soumise à son époux et lui obéir, mais de là à le faire souffrir par tant d'indifférence ! C'était scandaleux. Andrew n'aimait pas ce qu'il avait fait, il se rendait progressivement compte qu'à force de douleur, son épouse était devenue insensible, ou du moins, elle lui faisait payer ses maltraitances de cette façon. Elle ne réagissait plus à ses mots, ne cherchait plus de tendresse de sa part. Elle était comme morte et cela l'horrifiait. Alors, il avait amplifié les coups pour l'entendre vivre, il avait aussi amplifié son amour et était parvenu à lui tirer quelques mots et quelques gémissements. C'était un "progrès".

"Je ne sais plus quoi faire pour que ça s'arrange et qu'il comprenne..." Elle resta dans sa position de repliement, elle savait qu'à n'importe quel moment, la chaleur de la main de son mari pouvait venir se loger dans son dos, broyer ses épaules et son cou, la ramenant à la triste réalité de sa vie luxueuse mais douloureuse. Sa voix suave parcourait ses tympans en lui murmurant des mots brutaux couronnés de belles formules; elle en avait le sang glacé de terreur. Il était là, derrière elle, maintenait ses frêles épaules. Elle se crispa lorsque ce contact se fit et amplifia cette mutilation progressive qu'elle s'infligeait.

« Rassurez-vous, je ne vous demande pas de me parler de ce qui s'est passé. Ce qui m'aidera, c'est plutôt de connaître votre ressenti. Il est parfois plus difficile à partager, cela dit, et vous devrez faire des efforts, mais je suis sûre qu'en travaillant ensemble nous pourrons soulager ce qui vous pousse, par exemple, à faire ça. »

Heureusement pour tout le monde, Kathérina n'avait pas très envie de donner de détails, encore moins de se remémorer ce qui faisait son quotidien dans les bras de son âme soeur. Elle savait que si une enquête s'ouvrait sur son ménage, elle allait devoir témoigner, parler de son long calvaire, et peut-être même détailler ces moments humiliants, ces photos humiliantes et surtout.. entendre son discours se faire démonter par l'agile avocat du Duc qui remettrait tout en question. Elle n'était pas assez forte pour vivre ça, et Andrew ne pourrait jamais imaginer être séparé d'elle. Il resserra son emprise sur les épaules de sa douce qui était paralysée par la terreur. Elle tentait d'écouter tout ce que la psychiatre avait à dire, ses mots pleins de chaleur mais.. un mur c'était dressé entre elles. Kathérina se retira dans le déni, encore une fois. Andrew ne voulait pas connaître sa douleur, alors personne n'avait à écouter cela.

"Je... je ne fais rien de mal c'est juste... J'enlève ce qui est inutile et imparfait.. sous la peau il y en a encore une plus.. pure." Elle usait de l'autophagie pour justifier cette volonté de changement, cette envie de se faire une nouvelle peau, de muer pour renaître. "..ça ne fait pas mal... ça se détache facilement comme je me décompose...". Sa peau s'en allait avec une grande facilité et sans saigner beaucoup et pour cause ; elle était comme déshydratée. Ressentir une douleur constante devait la rassurer puisqu'elle avait pleins contrôle sur les mutilations qu'elle s'infligeait, contrairement aux coups de son époux. Cette façon de continuellement "retirer" l'imparfait était un espoir nouveau pour elle, comme si en arrachant sa peau pour en avoir une nouvelle, sa vie changerait du tout au tout, comme si elle allait pouvoir gommer les plaies, effacer les hématomes.

« Et vous-même ? Est-ce que vous vous voulez du bien ? Est-ce que vous prenez soin de vous ? Est-ce que vous vous autorisez à faire ça, autrement que par le biais de vos autres personnalités ? Vous n'avez pas besoin de permission, vous savez. C'est naturel et sain de vouloir l'appui des autres, mais vous devez aussi pouvoir compter sur vous-même pour vous aimer. "
L'indépendance n'était pas son fort, pour ainsi dire, seulement Bonnie en était totalement capable. Kathérina avait d'abord  été à la charge de ses parents, puis des relations de son père dans la musique, de ses professeurs de danse puis de ses partenaires pour, par la suite, se trouver attachée à un homme qui lui retirait petit à petit le monde qu'elle avait construit. Mais aujourd'hui des gens faisaient face à cet homme et voulaient venir en aide au pauvre petit animal affamé que la jeune femme était devenue. Aujourd'hui, c'était comme si on lui disait « Chaque personne détient le pouvoir dans le monde qu'elle élabore. Tu es le maître cette fois, tu décides. Laisse sortir le chagrin par ses paupières, laisse sortir la douleur, l'angoisse et la culpabilité ». Seulement, la réalité de sa vie était bien loin de cette philosophie utopique.

« Je n'ai pas besoin de prendre soin de moi on.. on a toujours fait ça à ma place. » Elle sentit à nouveau la pression des puissantes mains d'Andrew dominer ses épaules. « J'ai.. j'ai pour habitude d'être sur scène, j'avais des stylistes, des maquilleurs et.. quand j'étais plus petite mes parents prenaient soin de moi en tout point. Puis Andrew a prit le relais.. » En effet, elle ne pouvait rien faire sans lui. Elle avait oublié comment faire des lacets, comment se coiffer et n'avait jamais tenté de se voiler sous du maquillage ; ce rôle était fait par des professionnels ou par le Duc Barrow lui même qui prenait du plaisir à prendre soin de sa douce.. Sa vie était rythmée par lui, elle mangeait quand il l'y autorisait, de même pour boire. Alors, cela arrivait rarement, n'étant pas la première source de préoccupation du Duc.  « Sinon... à part ça je.. je ne sais pas comment faire pour me gérer. Mon corps et mon esprit.. ça ne m'appartient pas... »
Lyzbeth ne le faisait pas non plus, elle ne voyait pas d'intérêt à cela. Pour elle, les artifices comme les beaux habits et les belles parures étaient uniquement fantasme de la gente masculine à laquelle les femmes s'exposaient en pavanant. Lyzbeth ne pavanait pas, elle ne cherchait pas le désir des hommes, et encore moins les regard. Elle se contentait d'un minimum qui lui allait très bien. Bonnie, elle, n'était pas matérialiste, mais elle aimait plaire, et son attitude avait pour principal but la séduction et l'éveil du désir rejeté par Lyzbeth. Alicia était la superficialité même. Atteinte de mysophobie, elle avait pour habitude de désinfecter, de nettoyer de fond en comble tout ce qui était en contact avec les autres. Elle pouvait passer des heures et des heures à se frotter la peau, à se laver les mains pour que toute odeur humaine disparaisse.
« Je n'ai jamais ressenti d'amour pour moi même. J'ai.. je me contente de l'amour de mon mari. Il dit que c'est suffisant. » ajouta-t-elle, sentant l'impatience de son âme sœur qui la tenait toujours aussi fermement.


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Kathérina Barrow


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Message envoyé le : Mer 6 Juil - 20:31

Grace Waterhouse
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Grace vit sa patient se recroqueviller comme si on avait rapproché trop près du feu une feuille de plastique et que celle-ci se rétractait en fumant. Elle avait plein la tête des images de soirées au coin de la cheminée à s'amuser avec ses frangins à jeter les paquets de chips dans les braises pour les entendre crisser. L'effet était particulièrement saisissant pour les jeunes qu'ils étaient, et c'était tout ce que lui évoquait à présent la position et les mouvements de Kathérina : une matière corrodée, sifflant avec virulence comme pour protester contre une agression dont Grace savait qu'elle venait de l'intérieur, comme si la structure même de l'esprit et du corps de la jeune femme reculaient face aux idées qu'elle avançait.
Elle ne pourrait pas aller plus loin lors de cette séance. Elle devait prendre garde à ne pas, dans ses efforts pour être efficace et concise, aller trop vite et blesser Ms. Barrow.

"Je ne sais plus quoi faire pour que ça s'arrange et qu'il comprenne..."

Elle s'accrochait à son époux comme un naufragé à une planche. On parlait souvent des divorces comme d'un naufrage, mais celui-ci était particulièrement pitoyable. Ou plutôt, non. La séparation était si dure parce que la vie de couple avait été un cauchemar. Ca n'avait jamais fonctionné. Mais cette réalisation ferait trop de mal à la jeune femme dans l'immédiat. Grace réalisa soudain que Kathérina était bien plus jeune qu'elle et son instinct maternel se réveilla, lui intimant avec une puissance assourdissante de courir la prendre dans ses bras, la bercer, la rassurer. Mais elle ne pouvait pas. Elle était thérapeute, elle devait apprendre à garder ses distances. Ce serait bien meilleur pour tout le monde, et elle n'aiderait pas sa patiente en la traitant comme une amie ou comme une sœur... Du moins, pour l'instant. Elle devait lui redonner confiance en elle-même, pas en une nouvelle personne sur qui s'appuyer, même si celle-ci était de meilleur conseil que Mr. Barrow.

Lorsque Kathérina évoqua à nouveau sa décomposition et se défendit de traiter son corps ainsi, Grace leva la main pour la rassurer.

« Vous ne faites rien de mal, ce n'était pas un reproche. Votre état de santé laisse effectivement à désirer, mais je vous assure qu'il peut s'arranger si vous laissez nos médecins s'occuper de vous. Ca vaut le coup d'essayer, n'est-ce pas ? Si votre mari vous aime autant, il serait soulagé de vous voir aller mieux, non ? Il ferait n'importe quoi pour ça, vous en êtes sûre ?»

Les questions pouvaient être prises de deux façons, ainsi Grace saurait à quelle vitesse Kathérina pourrait s'en tirer : soit elle se mettait sur la défensive, suggérant qu'elle comprenait les accusations à mots couverts mais aussi qu'elle pouvait en accepter l'idée, soit elle se contentait d'acquiescer, et serait tranquilisée par rapport à l'intervention du personnel médical.
Grace rouvrit le dossier et se mit à prendre des notes à l'intention des aides soignants, de même que quelques rappels importants pour la prochaine fois qu'elles se verraient.

La peau de Ms. Barrow avait besoin de soins urgents, mais son âme aussi. La psychiatre commençait à distinguer une des composantes du problème sous le jour de la dépendance de sa patiente à autrui. Il était difficile, lorsqu'on avait été élevé de manière à ne pas être autonome, de le devenir, Grace le savait. Elle avait soutenu des amis à elle qui ne parvenaient pas à se gérer, à s'auto-discipliner, à faire le ménage, la vaisselle, leurs devoirs. Apprendre à vivre, quand on partait d'aussi loin que la jeune femme qu'elle avait en face d'elle, pouvait sembler terrifiant, mais si la jeune thérapeute avait appris une chose, c'était que surmonter la peur du changement était l'essentiel de la guérison. Après avoir accompli cette étape, le reste n'était que broutilles. Autant faciliter la tâche en présentant les choses de manière anodines.

« Votre mari ne va pas pouvoir vous fournir tout cela pendant un moment. Qu'en diriez-vous pour tenter quelques expériences ? Vous êtes la première responsable de votre corps et de votre esprit, au moins en son absence. Commençons par le corps. Avec l'aide de nos infirmières, vous allez juste vous occuper des règles d'hygiène de base, quelques minutes par jour : une douche, vous brosser les dents seule. Quant à votre esprit, je suis là pour vous aider à y voir plus clair : si vous avez des questions, posez-m'en une maintenant et j'y répondrai de mon mieux. »

Grace Waterhouse


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Message envoyé le : Jeu 7 Juil - 17:02

Kathérina Barrow
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Kathérina et Andrew s'aimaient fortement, encore aujourd'hui. Le Duc se démenait pour corrompre suffisamment les personnes qui se chargeaient de l'affaire, il voulait l'étouffer, comme il avait toujours étouffé leurs malheurs. Malheureusement, les meurtres de son épouse avaient été sur-médiatisés et personne n'avait pu passer à côté de cette histoire. Alors comment faire pour que le duc évite un procès et par la même occasion récupère son épouse ? Kathérina savait pertinemment que dès qu'il en aurait l'autorisation, il viendrait la voir autant qu'il pourrait. C'était assez pathétique, mais dans leur malheur ils s'étaient confortés et n'imaginaient pas leur vie l'un sans l'autre. Souffrir était synonyme parfait d'aimer, s'en était dramatique. Et malgré toutes les épreuves, malgré tout ce qu'il avait bien pu lui faire et malgré ce qu'elle.. enfin Bonnie avait fait, ils n'étaient pas décidés à s'oublier et à se lâcher.
Kathérina ne devait pas s'habituer au calme, elle ne devait surtout pas s’accommoder aux longues journées sans violence et sans douleur que lui offrait l'asile. Les trois filles qui partageaient sa cellule (et accessoirement se disputaient son enveloppe charnelle) n'avaient jamais été violentes avec elle, simplement un peu brutales ou désagréables, alors il fallait que quelqu'un prenne le relais et le Andrew qui se terrait dans son esprit et qui c'était dressé derrière elle le faisait à la perfection. Mais il n'était pas encore assez capable de faire beaucoup de mal et la douleur qu'il lui infligeait était superficielle et manquait de symbolisme. Alors, quand Grace avait évoqué sa progressive mutilation, elle s'était sentie obligée d'expliquer, de justifier comme elle le faisait toujours.

« Vous ne faites rien de mal, ce n'était pas un reproche. Votre état de santé laisse effectivement à désirer, mais je vous assure qu'il peut s'arranger si vous laissez nos médecins s'occuper de vous. Ca vaut le coup d'essayer, n'est-ce pas ? Si votre mari vous aime autant, il serait soulagé de vous voir aller mieux, non ? Il ferait n'importe quoi pour ça, vous en êtes sûre ?»
La gringalette releva les yeux vers la psychiatre et se massa les tempes. Elle se sentait assez mal mais ce n'était pas des sensations..humaines. De son vivant, elle avait connu les crampes, elle avait senti des os se briser, sa peau de dégrafer. Mais en une soirée, toute ses douleurs c'étaient apaisées, tout avait disparut. Elle avait suffoqué une dernière fois, la souffrance avait agrippé des tripes, un ultime cri poussé et plus rien, le néant, l'insensibilité physique. Désormais lorsqu'elle avait mal, c'était quand elle se sentait et se voyait se décomposer. Sa peau semblait s'effriter, elle ne voulait plus recouvrir ce corps rachitique, elle voulait s'offrir à la terre pour alimenter les insectes mangeurs de chair ou les charognards. Parler de santé dans son cas était assez drôle. Elle esquissa un faible sourire.

« Je ne vois pas trop quels... soucis de santé pourrais-je avoir en ce moment mais... si vous avez le pouvoir de résurrection... » Elle perdit son rictus à la seconde même où la thérapeute évoqua Andrew. Le souffle de ce dernier parcourait en un frisson sa nuque, ses mains la saisissant à cet endroit, elle était prise au piège et en otage par ce tyrannique époux. « Oui.. bien entendu il... ce n'est pas parce qu'il a fait... tout ceci qu'il ne veut pas que ça aille. Il... il avait engagé des médecins pour me soigner quand j'allais mal ils.. vivaient au manoir pour me surveiller.. Andrew a toujours été prévoyant, il ne veut pas que je souffre de trop. Seulement... suffisamment » défendit-elle à nouveau. « Tu aurais pu leur tenir ce même discours au procès, n'est-ce pas ? Pourquoi n'as-tu rien dit, ma douce ? » questionna le Duc. Kathérina baissa à nouveau la tête, le regardant du coin de l'oeil, guettant le moindre de ses mouvements.

La question de l'autonomie de la demoiselle fut remise sur le tapis, étant donné qu'elle ne pouvait presque plus rien faire d'elle même ; ses mains tremblaient trop pour se concentrer sur une tache particulière, elle était fatiguée d'être debout et peinait à marcher du à sa maigreur frappante, et ses seules envies étaient de.. se terrer sous son lit pour dormir, en attendant son jugement dernier.
« Votre mari ne va pas pouvoir vous fournir tout cela pendant un moment. » Andrew se mit à rire en entendant ces mots absurde « Oh je vois, on ne me laisse plus prendre de décisions ? C'est regrettable. ». Sa voix était parasite et serrait le cœur de la jeune femme qui restait immobile sous ses doigts fantasmagoriques.

"Qu'en diriez-vous pour tenter quelques expériences ? Vous êtes la première responsable de votre corps et de votre esprit, au moins en son absence. Commençons par le corps. Avec l'aide de nos infirmières, vous allez juste vous occuper des règles d'hygiène de base, quelques minutes par jour : une douche, vous brosser les dents seule. Quant à votre esprit, je suis là pour vous aider à y voir plus clair : si vous avez des questions, posez-m'en une maintenant et j'y répondrai de mon mieux. »
Les paroles de la psychiatre étaient vraiment hilarantes. Kathérina était fragile et faible mais pas incapable et l'idée qu'on s'occupe d'elle comme d'un bébé la répugnait. Elle se mit à rire nerveusement « Merci de vous préoccuper de cela mais je sais.. me brosser les dents et prendre une douche ». Une violente toux lui accrocha la gorge et lui donna la désagréable impression qu'elle devait recracher ses poumons de pierre « Après bon, si ça vous amuse de nous coller des infirmiers à disposition, je tiens à vous rappeler que le massacre dans les rues de Gotham.. c'était un peu nous, alors on va pas prendre le risque de laisser Bonnie s'éprendre d'un infirmier ou d'une infirmière et on va gentiment s'occuper de Kathérina.. et toi... toi tu vas me lâcher la grappe ou je t'arrache la tête ! » se révolta Lyzbeth qui se tourna vers l'Andrew de son imaginaire à qui elle avait adressé ses dernières paroles« Oh non, pas encore toi petite effrontée. » soupira le Duc.



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Message envoyé le : Jeu 7 Juil - 17:43

Grace Waterhouse
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« Je ne vois pas trop quels... soucis de santé pourrais-je avoir en ce moment mais... si vous avez le pouvoir de résurrection... »

« Ou que vous n'êtes pas morte... », insista doucement Grace avec un petit sourire.

Le rapport médical n'était pas encore prêt, les tests prenaient du temps, mais à première vue les médecins se rattachaient à l'hypothèse de maladies sexuellement transmissibles, ainsi que d'autres pathologies physiques non traitées et, potentiellement, certaines substances qui n'avaient rien à faire là, ingurgitées ou injectées par des praticiens peu scrupuleux sous les ordres du mari de la jeune femme. Il avait fait état de tous les efforts et de l'argent qu'il avait dépensé pour sa chère et tendre, et cette insistance, même si elle était de bon goût au milieu d'un procès, avait inquiété l'équipe médicale, d'autant que les médecins privés employés par Mr Barrow refusaient obstinément de coopérer, arguant que le secret professionnel les retenait d'expliquer exactement quels soins ils avaient dispensés auprès de sa femme.
Kathérina mentionna d'ailleurs leur travail :

« Oui.. bien entendu il... ce n'est pas parce qu'il a fait... tout ceci qu'il ne veut pas que ça aille. Il... il avait engagé des médecins pour me soigner quand j'allais mal ils.. vivaient au manoir pour me surveiller.. Andrew a toujours été prévoyant, il ne veut pas que je souffre de trop. Seulement... suffisamment »

Elle tremblait légèrement, et sa nuque était tendue vers l'avant comme pour éviter quelque chose posé derrière son cou. Grace fronça les sourcils et se promit d'éviter au maximum de mentionner le mari dans les prochaines séances. Il était bien trop présent auprès de la jeune femme, et même s'il était un levier sûrement très efficace pour l'encourager, cette méthode comportait trop d'inconvénients pour être utilisée régulièrement. Il fallait la détacher de son compagnon avant de lui faire réaliser qu'il l'avait maltraitée, sinon le choc serait trop violent. Grace prit note de reléguer cette opération à plus tard, et inscrivit dans la marge à côté « Syndrome de Stockholm ? ». Elle devait encore vérifier quelques éléments avant de barrer le point d'interrogation, mais ses doutes seraient probablement vite levés, malheureusement.

Kathérina semblait avoir du mal à respirer la deuxième fois que Grace mentionna son mari. Cela serra le cœur de la jeune psychiatre, mais la première séance devait servir à tester la jeune femme. La thérapeute décida que l'on arrivait déjà à la limite de ce qu'elle pouvait supporter d'entendre dire sur son époux. Il fallait passer à autre chose et la détendre à nouveau. Elle pensait entendre une question, sur Arkham, sur elle, et fut surprise par le revirement de personnalité de Kathérina. Elle comprit néanmoins très vite ce qui se passait. Il était vrai qu'elle ne mettrait pas en danger le personnel si Bonnie risquait de les attaquer... Après tout, tant que Kathérina s'occupait d'elle-même, tout irait pour le mieux. Si elle s'en sentait capable, c'était bon signe pour la suite.

« et toi... toi tu vas me lâcher la grappe ou je t'arrache la tête ! »

Grace sursauta, surprise par le ton qui était soudain monté et s'était fait agressif. La jeune femme s'était retournée et fixait quelque chose dans son dos. La psychiatre rajouta une croix à côté de la mention « Hallucination ? » dans son carnet, qu'elle referma dans le même geste.

« Ms Barrow ? »

Elle se leva et s'approcha de quelques pas de la jeune femme, un bras légèrement levé en guise d'incitation au calme.

« Vous n'en avez pas l'impression, mais nous sommes seules dans cette pièce. Vous énerver ne fera pas disparaître ce que vous voyez. Mais je peux vous enseigner des techniques qui vous aideront à ignorer ces épisodes. Est-ce que vous désirez en savoir plus ? »

On toqua à la porte. Il était l'heure, le garde était revenu chercher sa patiente pour la ramener en cellule.

« Encore quelques minutes, Adam ! »

Elle devait faire plus attention à ne pas décaler l'horaire de ses rendez-vous à l'avenir, mais pour l'instant elle n'en avait pas énormément et pouvait se permettre de faire patienter l'agent dehors le temps de quitter sa cliente sur quelques recommandations.

Grace Waterhouse


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Message envoyé le : Jeu 7 Juil - 22:42

Kathérina Barrow
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Sa relation avec Andrew était venimeuse au point où elle finissait par la trouver normale. Au commencement pourtant, il n'y avait aucun coup, pas même une once de violence. C'était une idylle parfaite qui s'ouvrait à eux et ils n'avaient pas vu la catastrophe arriver. Certains ménages ont d'autres soucis pas moins importants ; la tromperie, le divorce, les désaccords par rapport aux enfants... Chez les Barrow, il n'avait jamais été question de se faire des infidélités, de se dessouder face aux autres et encore moins de se séparer. Andrew avait simplement peur des réactions imprévisibles de sa douce, il avait peur qu'elle lui échappe, il disait bien souvent à ses connaissances qu'elle était « trop bien pour moi ». D'ailleurs, son père détestait l'entendre tenir de tels propos qui le dévalorisait. Il était plutôt de ceux qui prétendaient le contraire, que Kathérina avait de la chance d'être tombée sur un homme si aimant et amoureux que lui qui ne jurait uniquement que par elle. Elle en avait conscience, aussi quand le premier coup l'avait touché, elle n'avait pas remis en question l'amour d'Andrew, elle avait pensé qu'elle avait provoqué cet incident dans la mesure où l'homme s'en voulait terriblement. Au fil des ans, il ajoutait à ses tendresses cette brutalité bestiale, ce besoin de la faire souffrir, de la priver de tout jusqu'à la séquestrer entre leurs murs. Son amour ne pouvait s'exprimait que quand la violence parlait.
La psychiatre remit alors en question, encore une fois, la mort de la fille qui tenait ses jambes contre elle sur le divan. Ce n'était pas bête après tout, comment se faisait-il qu'elle puisse sentir les mains de l'homme à qui elle était attachée (presque littéralement et involontairement) sur elle si elle avait bien quitté son corps ? Mais... elle n'en ressentait plus la chaleur, c'était comme.. imaginer ce contact et.. sa voix.

« Je ne sais pas ce que je préfère comme fait. Est-il mieux pour moi d'être morte des mains de mon mari ou est-il mieux d'être vivante mais d'agoniser en silence ? Qu'est ce que je veux finalement ? Revenir d'entre les morts pour être déshumanisée à nouveau ou rester en vie pour risquer ma vie auprès de celui que j'aime ?»
Comme un piège pour renards, le Duc referma ses serfs sur les épaules décharnées de sa Duchesse; Tu parles trop, ma tendre, siffla-t-il sèchement la faisant sursauter, les dents serrées et les yeux grands ouverts par la douleur qui broyait ses os. De ses mots ressortait clairement plusieurs idées ; la peur de la liberté et d'une vie sans son mari, ou tout simplement la peur de vivre. Et des paroles de l'homme ressortait son envie de dominer et de contrôler pleinement la situation. Seulement, il était face à un mur ; les gens se fichaient pas mal de sa grande influence et de ses liasses de billets ; la populace était friande de rumeurs, d'informations à faire circuler et à déformer. Pour exemple, à la première partie du procès on avait vu la jeune criminelle sans aucun artifice et camouflage ; ses terribles blessures étaient apparentes et témoignaient de sa souffrance. Les personnes qui avaient pu la voir dans les journaux, à la télévision ou bien même de front avaient émit l'hypothèse de violences conjugales qui auraient été susceptibles de la rendre violente. Une fois le téléphone arabe ayant bien fonctionné, certains éléments étaient ressorti exagérés ou totalement... différents. Quand certains affirmaient qu'Andrew Barrow c'était adonné à des tortures et à la déshumanisation de son épouse pour en faire un pantin jusqu'à en être à la limite du crime passionnel, comme il en était presque le cas, d'autres disaient que la fille c'était elle même infligée de telles blessures pour attiser la pitié ou encore que c'était un rituel pendant ses conquêtes d'une nuit. Andrew était dans une position très délicate, maintenant alors que tout l'accusait de ces maltraitances et qu'il n'avait jusqu'à présent rien fait pour dissimuler ça (en témoignent les somptueux et terribles clichés qu'Andrew avait fait de sa douce qui auraient pu être directement prélevés de Snuff Movies si le Duc avait aimé réaliser des films ou courts métrages), ce qu'il redoutait le plus était arrivé. On lui avait retiré la femme de sa vie, cruellement arrachée sans avoir pu lui parler, s'excuser et sans même avoir eu le temps de caresser son visage osseux paniqué qu'il connaissait si bien. Il n'avait qu'une envie, la sortir de n'importe quelle façon de cet asile et partir avec elle n'importe quand et n'importe où. Andrew n'était pas superficiel comme on aurait pu le penser. Il se fichait du titre, de l'honneur familial et de l'argent quand il s'agissait de sa bien aimée. C'était bien cela le soucis pour son père, Dimitri Barrow.

Lyzbeth décida de ne pas se laisser faire par le compagnon envahissant de Kathérina, elle avait protesté impulsivement ; elle ne supportait pas ses mains sur elle, cette emprise intolérable qu'elle repoussait et sur laquelle elle crachait ouvertement. Elle haïssait le Duc, elle haïssait les hommes dans leur globalité. Leur façon de se placer au dessus de la femme la répugnait, ils jouaient au Bons Soldats, cranaient et fanfaronnaient devant ce qu'ils « savaient faire », traitant les femelles comme des reproductrices et des esclaves sous prétextes qu'elles avaient un Utérus. Pour ce Genre, si Utérus il y avait, tu devais être ménagère, mère (à tout prix, pas de places aux infécondes, aux stériles et squelettes sur pattes comme Kathérina ! Il n'y avait aucune utilité à avoir une femme qui ressemblait à une enfant.), et surtout, surtout tu devais te taire pour ne pas voler la vedette à ton mari. Lyzbeth n'aspirait pas à l'égalité des sexes, elle aspirait à ce que la nature faisait progressivement en réduisant de génération en génération le chromosome Y ; la disparition des hommes. Pourtant, Alicia cultivait cette image de la femme asservie du XIXème siècle, c'était bien pour cela qu'elle insupportait la Lesbienne. Néanmoins, contrairement aux femmes aimant d'autres femmes, Lyzbeth avait aimé un homme. Un type qui l'avait ravagé au point où elle n'avait eu que comme seule solution la violence, l'envie de faire exécuter chaque homme. Tous les hommes.

Lyzbeth avait repoussé de ses mots et de ses mains Andrew comme une bonne actrice en scène d'improvisation, seule sur scène ou devant la caméra.
« Ms Barrow ? »

La blonde tourna son visage méconnaissable par la colère vers la psychiatre « Quoi ? Pitié pas encore cette comparaison avec elle ! ». Le rire du Duc reprit, il se moquait ouvertement d'elle. Tu vois, tu es encore à moi, ajouta-t-il. Lyzbeth avait bondit sur ses jambes, comme si elle avait reprit d'un coup des forces mais son corps ne trompait pas, elle était exténuée de dépasser ses limites. La voix de Lyzbeth ne sonnait pas comme la douce et fragile mélodie qui caractérisait les sons des phrases de l'épouse Barrow. Elle était brutale, nette et tranchante. Un poison agréable pour les oreilles, une voix qui dirige, qui ordonne fermement. Elle était révoltée, elle appelait à la résistance ses camarades femmes. L'agressivité était présente, et la tension était palpable entre elle et le corps imaginaire d'Andrew Barrow. « Va te faire foutre, raclure » jura-t-elle les yeux plaqués sur lui.

« Vous n'en avez pas l'impression, mais nous sommes seules dans cette pièce. Vous énerver ne fera pas disparaître ce que vous voyez. Mais je peux vous enseigner des techniques qui vous aideront à ignorer ces épisodes. Est-ce que vous désirez en savoir plus ? » se sentit obligée de préciser la thérapeute, spectatrice de cette triste scène. Lyzbeth tourna à nouveau son visage vers elle, comme si elle venait de prononcer de saintes paroles ou.. au contraire quelque chose de totalement absurde.

« Vous vous fichez de moi ? La seule solution qui se présente actuellement est très simple et on appelle ça botter le cul à un indésirable alors j'avoue que ça m'arrangerais que vous me refiliez quelque chose de tranchant ou.. une arme à feu, un truc qui fait super mal, ouais, ça c'est une bonne façon pour que cet enfoiré arrête de nous harceler ! »
La façon dont Lyzbeth avait chassé Kathérina était perturbante, cette métamorphose l'était tout autant. Il y a cinq minutes, Grace avait en face d'elle une fille perdue, désorientée qui était recroquevillée sur elle même comme un animal sauvage craintif qui avait peur du moindre soupire, du moindre rayon du soleil et d'un coup, Lyzbeth était dressée face à son adversaire principal, elle l'envoyait dans les roses et dominait la salle comme un acteur en pleins monologue dans une pièce qui devait tenir son discours en accrochant le spectateur, y être plongé sans dresser totalement le quatrième mur et ne jamais tourner le dos à son public. Lyzbeth s'apaisa quand elle se rendit compte que le Duc était parti en un battement de cil et d'un coup, elle se rappela pourquoi elle était dans cette salle, pourquoi elle avait accompagné son amie Kathérina à sa consultation. Mais cette dernière ne parlait plus, elle avait pris peur et avait laissé les rênes à Lyz. Cette dernière se tourna à demi vers Mme Waterhouse

« Vous avez une solution miracle contre les parasites qui logent sous la peau, entre le cerveau et l'ossature du crâne ? Kath dit qu'elle a un insecte dans la tête qui veut pas partir. C'est possible ça ? » s'inquieta soudainement l'Andromaque, celle qui combat les hommes, oubliant son altercation avec Barrow. « Vous avez parlé de.. techniques pour « ignorer » ça ? Y'a un système particulier pour se les sortir de la tête définitivement ? ».

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Kathérina Barrow


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Message envoyé le : Ven 8 Juil - 11:09

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« Je ne sais pas ce que je préfère comme fait. Est-il mieux pour moi d'être morte des mains de mon mari ou est-il mieux d'être vivante mais d'agoniser en silence ? Qu'est ce que je veux finalement ? Revenir d'entre les morts pour être déshumanisée à nouveau ou rester en vie pour risquer ma vie auprès de celui que j'aime ?»

Kathérina avait eu l'air légèrement perplexe lorsque Grace l'avait à nouveau reprise, mais après sa tirade, elle se tut d'un coup et sursauta, sans doute à nouveau sous le coup d'une hallucination. Mais si celles-ci lui apportaient ces sensations, c'était sans doute la dernière chose qui raccrochait la jeune femme à la vie... L'esprit humain ne se tordait pas sans raison, il ne tombait pas malade de lui-même dans les cas de traumatismes. Il se pliait aux exigences de la situation, en s'adaptant à l'impossible, à l'extrême. Le changement ne s'effectuait pas sans douleur et les souffrances continuaient en se heurtant à la réalité comme une vague contre un récit.
L'esprit humain était comme l'eau, Grace en était convaincue, elle le ressentait au plus profond de son être. Le vent, un objet jeté à pleine vitesse pouvaient en altérer la surface, des marées noires pouvaient y décimer la vie et on pouvait polluer les lacs au point de les rendre stériles, mais il suffisait toujours d'un peu d'évaporation, d'un peu de pluie, et au fil des saisons et des cycles il était toujours possible de purifier ce qui avait été malmené. La thérapie avait un rôle d'adjuvant.
C'était pour cela que même en voyant Kathérina se débattre avec ses démons, la psychiatre gardait son calme et l'espoir. Elles y arriveraient, s'il leur était donné assez de temps. Mentalement, une petite voix dans un coin de son esprit lui rappela que le duc risquait de parvenir à ses fins, de récupérer sa femme en chair et en os comme il la possédait toujours en esprit. Grace serra le poing. Ca ne se passerait pas comme ça. En tant qu'assignée à la santé de la jeune femme, elle pourrait témoigner au procès si le procureur en ressentait le besoin, et elle ferait en sorte d'apporter suffisamment de preuves avec elle pour dissuader les juges de se rendre coupables d'abandonner Kathérina à son mari, quelle que soit la somme qu'il leur versait. A partir de maintenant, avec l'accord de sa patiente, elle enregistrerait les séances. Elle rouvrit son carnet pour le noter, lorsque sa patiente sauta soudainement sur ses pieds comme une diablesse, toujours en proie à ses visions.

« Va te faire foutre, raclure »

Tant qu'elle en restait aux mots, peu importait, des cris venaient de la totalité des salles de consultation et personne ne posait jamais de question à leurs propos, comme à Sydney. Cela dit, en Australie, ils auraient bien fait de se pencher un peu plus sérieusement sur la question... Un frisson parcourut le dos de Grace, juste le temps d'étouffer la pensée qui lui était venue. « Et si, ici aussi... ? »
La patiente réagit dans un premier temps très violemment à la proposition de Grace :

« Vous vous fichez de moi ? La seule solution qui se présente actuellement est très simple et on appelle ça botter le cul à un indésirable alors j'avoue que ça m'arrangerais que vous me refiliez quelque chose de tranchant ou.. une arme à feu, un truc qui fait super mal, ouais, ça c'est une bonne façon pour que cet enfoiré arrête de nous harceler ! »

Elle semblait être toujours empêtrée dans ses envies de violence qui n'étaient pas sans rappeler celles de Bonnie... La personne qui se tenait devant elle était un tout, c'était évident, chaque personnalité liée à l'autre par leurs ressemblances aussi bien que par leur différences. Elle avait éclaté sous la pression, la complexité habituelle d'un caractère se scindant en alter egos distincts, mais il serait plus aisé de recoller les morceaux qu'on ne pouvait le croire en observant la jeune femme changer du tout au tout de comportement, et même de voix, en une fraction de secondes. C'était impressionnant, mais un œil averti y voyait autant de points positifs sur lesquels travailler que de problèmes à régler.

Tout à coup, la nouvelle venue redevint calme. Elle prit alors intérêt aux paroles que Grace avait prononcé quelques temps plus tôt :

« Vous avez une solution miracle contre les parasites qui logent sous la peau, entre le cerveau et l'ossature du crâne ? Kath dit qu'elle a un insecte dans la tête qui veut pas partir. C'est possible ça ? Vous avez parlé de.. techniques pour « ignorer » ça ? Y'a un système particulier pour se les sortir de la tête définitivement ? ».

Grace sourit.

« La thérapie que nous effectuons vise à cela. Je suis heureuse que vous ayez envie de collaborer. Je vais vous apprendre comment commencer à travailler lorsque que vous êtes seule, mais d'abord, nous devons faire les présentations, il me semble ? Grace Waterhouse, enchantée. »

Elle lui tendit la main, ne l'obligeant pas à la prendre, au cas où elle ne souhaite pas être touchée, comme Kathérina.

Elle s'appliqua ensuite à expliquer à la jeune femme quelles techniques de relaxation et d'auto-hypnose elle pouvait utiliser face à une de ces apparitions.

« Je sais bien que votre premier réflexe serait d'attaquer, mais croyez-moi, vous détendre sera bien plus efficace ! C'est comme ça que vous vous battrez le mieux. Et puis », fit-elle avec un rire, « vous inquiéterez moins les agents de sécurité ! Je ne voudrais pas qu'ils se méprennent et vous placent en cellule d'isolement, ou ce genre de bêtise. »

Grace Waterhouse


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Message envoyé le : Ven 8 Juil - 21:24

Kathérina Barrow
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La Duchesse ne savait pas vraiment ce qu'elle désirait. Elle ne se voyait bien entendu pas rester à Arkham toute sa vie et ses alter-égos partageaient cet avis. Bonnie cherchait un moyen de sortir depuis qu'elle était arrivée ; observatrice, elle avait scruté attentivement les lieux et les couloirs et avait déjà réussi à charmer de ses mots et de son sourire un jeune infirmier qui avait par la suite oublié de fermer la porte de sa cellule. Alors, arriver dehors ne serait pas forcément très difficile pour elle.
Alicia comptait davantage sur son époux ; elle le savait riche et influent, alors elle n'avait qu'à attendre bien sagement qu'on vienne la sortir de cet endroit infâme et répugnant qui ne correspondait en rien à une jeune femme de la Haute comme elle.
Lyzbeth ne comptait pas sur l'extérieur pour lui venir en aide, mais elle savait que Bonnie l'aiderait à s'échapper elle aussi. En tout cas, il ne fallait pas se concentrer sur son comportement pour juger de sa stabilité d'esprit, Lyzbeth était l'impulsion même et sa spontanéité faisait peur, alors c'était elle qu'on garderait le plus à l’œil.
Toutes avaient plus ou moins un plan, hormis Kathérina. Elle ne savait pas ce qui était mieux pour elle actuellement. Tout le monde la disait malade, et tout le monde pouvait l'aider selon les dires de la psychiatre, mais elle se rendait compte que ce n'était pas si simple que cela. La danseuse n'avait jamais fait confiance aux médecins, que ce soit ceux des hôpitaux qu'elle avait fréquenté lorsqu'elle était enfant et adolescente en raison de sa santé fragile, que ceux du Duc Barrow. Ceux là étaient neutres, et ce désintérêt accompagné cette façon d'ignorer la réalité lui faisait froid dans le dos. Pourtant, plusieurs fois ils étaient venus la soigner et la réanimer lorsqu'elle était à deux doigts de mourir ou qu'Andrew l'avait presque brisé en deux comme une brindille, mais ils conservaient ce visage marbré d'indifférence. Une fois, l'un d'entre eux avait simplement jugé bon de lui tapoter la tête et de lui lâcher vulgairement « la prochaine fois, laissez vous faire, cela causera moins de dégâts » et s'en était allé. Ces mots avait anéanti tout espoir qu'un jour quelqu'un lui vienne en aide et crie tout fort que la situation n'était pas normale. Alors, progressivement, elle avait fait taire la voix de la raison qui lui murmurait cela à l'oreille. La situation était devenue banale ; deux personnes qui s'aiment, l'un fait souffrir l'autre par la torture pour lui prouver cet amour, l'autre se soumet et se laisse faire pour la même raison.
Même si les filles qui habitaient son Être l'aidaient à surmonter ces douloureuses épreuves, personne ne s'opposait. Alicia courbait l'échine et se laisser faire, incapable d'ouvrir la bouche. Rien qu'une simple caresse ou bien le souffle du Duc dans son cou la faisait frémir, elle perdait tout moyen, n'arrivait plus à bouger. Bonnie, elle, trouvait cette façon d'extérioriser l'amour très belle et elle allait même jusqu'à pousser le vice en réclamant la douleur, en réclamant la bestialité de cet amant particulier. Seule une d'entre elles  était révoltée comme à son habitude.
Lyzbeth était bien la seule à se dresser et à s'imposer sous les yeux du tyran : elle n'encaissait pas les coups, elle les donnait même en première lorsqu'elle sentait ses mains se refermer sur son frêle cou ou ses poignets de verre. Elle combattait l'aristocrate pour qu'il cesse de les faire souffrir.

« La thérapie que nous effectuons vise à cela. Je suis heureuse que vous ayez envie de collaborer. Je vais vous apprendre comment commencer à travailler lorsque que vous êtes seule, mais d'abord, nous devons faire les présentations, il me semble ? Grace Waterhouse, enchantée. »

Enfin quelqu'un allait lui dire et lui enseigner comment supprimer Barrow se leur vie, de SA vie ! C'était un réel soulagement d'apprendre ce fait et autant plus de savoir qu'elle allait y arriver finalement. La femme tendit sa main vers elle, alors elle la serra. Pas comme une poignée de main ordinaire pour saluer quelqu'un, non, un vrai contact qui voulait dire « marché conclu ». Sa poignée se fit ferme, comme si toute la force de la fluette duchesse s'était concentrée à l'intérieur. « Je suis Lyzbeth. » C'était simple et bref, Lyzbeth n'avait pas de nom de famille. Kathérina ne savait rien sur son enfance, ni sur le reste de sa vie avant leur rencontre. Lyzbeth était simplement une fille provocatrice qui aimait hurler ce qui lui semblait injuste, sans pour autant se satisfaire de ce qui faisait son bonheur. Elle était de ces personnes qui en réclamait toujours plus, elle voulait les feuilles des arbres toujours plus vertes, le coucher du soleil toujours aussi extraordinaire et coloré, les sentiments toujours plus décuplés. Pour elle, ce qui était triste était catastrophique, ce qui était injuste était intolérable, ce qui était amusant était hilarant. De même, Lyzbeth n'était pas capable d'apprécier, elle aimait à la folie, comme son amie Bonnie ou alors, elle haïssait. Pas de juste milieu, Lyzbeth était l'extrême.

« Travailler quand je suis seule ? Sauf votre respect ce n'est pas un peu stupide dans la mesure ou mon problème ce résume à une seule personne qui doit arrêter de nous harceler ? Je n'ai pas de.. travail individuel à faire sur moi même. Bon, j'avoue que je suis un peu impulsive mais je ne pense pas que cela puisse poser un problème. » UN PEU ?! s'esclaffa une voix moqueuse et enjouée qui aurait pu être reconnue entre mille. Bonnie était assise en tailleur sur le bureau, elle avait passé la séance à s'émerveiller des crayons, des feuilles annotées de façons différentes et avait certainement longuement feuilleté les pages du dossier de l'épouse Barrow. Lyzbeth esquissa un petit sourire en voyant la radieuse blonde rire à sa phrase. Il était vrai que Lyzbeth avait des tendances à la violence, mais ce n'était pas « qu'un peu ». Elle s'énervait pour tout, et surtout pour n'importe quoi elle pouvait s'indigner, crier au scandale. Bonnie la tempérait un peu parfois pour l'empêcher d'effrayer la si calme et douce Kath.

"Je sais bien que votre premier réflexe serait d'attaquer, mais croyez-moi, vous détendre sera bien plus efficace ! C'est comme ça que vous vous battrez le mieux. Et puis vous inquiéterez moins les agents de sécurité ! Je ne voudrais pas qu'ils se méprennent et vous placent en cellule d'isolement, ou ce genre de bêtise. »
Lyzbeth n'avait plus que ça pour s'imposer, pour faire comprendre à Andrew qu'elle en avait assez. Ce dernier ne comprenait pas ce comportement vulgaire, il ne croyait définitivement pas à elles, à Bonnie ou encore à Alicia. Pour lui, c'était certain, le diable avait prit sa femme pour les mettre à l'épreuve. Il lui fallait la dompter, l'exorciser à tout prix, et c'était sûrement ce qu'il prévoyait de faire si on lui « rendait » Kathérina. Il arracherait ses personnalités à son épouse, de gré ou de force.
« On est jamais seule en cellule d'isolement, j'ai toujours... de la charmante compagnie » ajouta la furie un sourire collé au visage en regardant Bonnie qui lui faisait quelques grimaces pour la détendre. La jolie nymphe l'amusait, elle était distraction et apaisait sa colère. Sa vivacité et sa soif de vie faisait oublier à Lyz ses mauvaises pulsions, elle aimait écouter l'autre fille parler, raconter. Bonnie avait la capacité de réparer les vivants, elle écoutait, elle soulageait. C'était elle la clef, c'était elle qui avait tué les amants rencontrés. Son sourire et ses étreintes mettaient en confiance, ils attisaient l'envie et le désir de la découvrir dans tous les sens du terme. Comme Dieu, elle se sentait puissante dans ces moments où le plaisir était Roi et lorsqu'un semblant de bonheur traversait le corps d'un partenaire, elle lui ôtait la vie. Alors, explose l'Homme, il s'ouvre sous ses dents affamées, elle plonge ses mains dans les plaies et les écarte, elle se nourrit de lui et Lyz rejoint. Alicia devra encore nettoyer la pièce avant que les filles ne se décident à partir.


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Kathérina Barrow


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Message envoyé le : Jeu 14 Juil - 10:41

Grace Waterhouse
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Lyzbeth. Cela faisait donc au moins trois personnalités : Lyzbeth, qui semblait plutôt emballée par l'idée de guérison et de mettre à distance son mari, Bonnie, qui avait un avis si particulier sur l'amour et les preuves dignes de ce nom à lui apporter, et Kathérina, la jeune femme si fragile qui se croyait morte sous les coups de Mr. Barrow et qui peinait à la fois à le couvrir et à ne pas souhaiter une relation dans de meilleures conditions.
Grace ajouta quelques notes au dossier, sans regarder sa main, ça faisait longtemps qu'elle avait appris à écrire à l'aveuglette pour ne pas avoir à quitter des yeux ses patients. Son regard était parfois la seule chose qui les soutenait et leur permettait de parler, et elle ne pouvait ni le leur enlever, ni s'autoriser à oublier le moindre détail de ce qu'ils lui confiaient.
Toutes les personnalités de la jeune femme semblaient la tirer dans des directions différentes, contradictoires. Il s'agissait bien sûr uniquement de désirs et de pulsions qui ne pouvaient pas coexister, et étaient pourtant si forts et si égaux qu'elle n'avait pu en abandonner certains pour se concentrer sur les autres. Cependant, il fallait rester attentive à ne pas favoriser certains aspects de ces désirs, puisqu'ils faisaient tous autant partie de la personne et ne pouvaient être étouffés ou même contrariés sans risque. Grace ne souhaitait pas briser la jeune femme encore plus qu'elle ne l'avait été par le passé et par ses choix de vie qui l'avaient menée, lentement mais sûrement, à cette situation si difficile qu'elle avait causé la folie chez sa patiente.
Proposer à Lyzbeth, et par son intermédiaire à Bonnie et à Kathérina de travailler à une méthode pour éloigner le duc Barrow qu'elles s'imaginaient était cependant un début qu'elles pouvaient sans doute toutes accepter pour peu qu'elle arrive à les convaincre de l'efficacité de la technique.

« Travailler quand je suis seule ? Sauf votre respect ce n'est pas un peu stupide dans la mesure ou mon problème ce résume à une seule personne qui doit arrêter de nous harceler ? Je n'ai pas de.. travail individuel à faire sur moi même. Bon, j'avoue que je suis un peu impulsive mais je ne pense pas que cela puisse poser un problème. »

Grace reprit ses notes. Cette personnalité-ci rejetait donc l'entière responsabilité sur Barrow, et n'était pas consciente des problèmes qu'elle-même avait développés à son contact. Les choses ne pouvaient pas être parfaites, après tout. C'était déjà beaucoup d'avoir obtenu un accord de principe à agir du côté de sa relation avec le duc. Mais sa patiente niait les soucis qu'elle posait au monde autour d'elle, comme Bonnie, comme Kathérina... Grace cilla. Elle avait trouvé un angle intéressant à explorer lors des prochaines séances. Elle s'empressa de le mettre sur papier de sa belle écriture fine et gracieuse, même lorsqu'elle écrivait dans la marge et rapidement, le temps de passer à une autre idée.

« On est jamais seule en cellule d'isolement, j'ai toujours... de la charmante compagnie »

« Eh bien, peut-être votre charmant compagnie peut-elle accomplir le même exercice. C'est assez simple, même si ça demande de la pratique pour agir vite ou en profondeur. C'est très agréable au bout d'un moment, vous verrez. »

Grace sourit à nouveau, comme pour donner plus de poids à ses mots. Elle-même utilisait régulièrement ces techniques apprises par William et par certains de ses professeurs de yoga les plus avancés. Elles étaient d'une redoutable efficacité sur les esprits troublés, et remettaient dans le droit chemin ceux qui s'efforçaient de le suivre.

« A propos... Ai-je rencontré tout le monde ? »

Il n'était pas certain que la réponse à cette question soit fiable. La plupart du temps, certaines personnalités n'étaient pas au courant de l'existence des autres, en particulier la personnalité « principale » qui avait justement rejeté ces parties d'elle-même. Ce pouvait être terrifiant pour celles qui ignoraient comment elles s'étaient retrouvées dans les situations où les autres les avaient mises. Mais visiblement, chez Kathérina Barrow, la communication passait plutôt bien, même si c'était à force d'hallucinations. C'était un point positif, puisqu'il y aurait moins de chemin à parcourir pour relier ces fragments entre eux, mais cela pouvait aussi causer des difficultés si les différentes personnalités avaient déjà formé leur opinion sur les autres et rejetaient l'idée même de leur ressembler, ce qui risquait fort d'être le cas.


[désolée pour l'atteeeeente, j'espère que ça te va @@]

Grace Waterhouse


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Message envoyé le : Sam 16 Juil - 22:28

Kathérina Barrow
L'Amante religieuse
Grace & Kathérina

       

Au sein du corps, Kathérina perdait sa place de propriétaire. On la rangeait souvent avec les autres personnalités, comme si elle n'était pas non plus réelle et que les autres alter-égos l'avaient supprimé. Mais il n'en était rien, Kathérina était elle, elle était toujours la même mais avait « simplement » dû se séparer de bouts d'elle même au fil des ans. A l'origine, elle était drôle et souriante comme Bonnie, vive et spontanée comme Lyzbeth, perfectionniste et pointilleuse comme Alicia. Mais elle avait, de nature, toujours été une fille renfermée et craintive, comme un petit animal sauvage et vulnérable à apprivoiser. Barrow avait profité de cet aspect si fragile de sa douce et fit en sorte de prendre le contrôle de ce corps pleins de vie, il l'avait dressé pour que la jeune femme reste à ses pieds quoi qu'il advienne. Il y avait en vérité quatre personnalités ou plutôt « personnes » qui interagissaient avec la Duchesse. Et toutes avaient en réalité de mauvaises intentions en dépit de leurs dires ; elles se disputaient le corps, l'enveloppe charnelle et voulaient l'enlever à Kathérina.
Si l'extérieur n'avait pas agit, si elle ne s'était pas retrouvée dans cette petite cellule à Arkham, l'une d'entre elle aurait gagné ; Bonnie ou Lyzbeth. En revanche, si, finalement, la justice c'était laissée corrompre et qu'Andrew avait récupéré sa douce épouse, Alicia se serait laissée dominée, Lyzbeth serait partie et Bonnie qui se serait finalement ennuyée aurait fait de même. Kathérina n'aurait alors plus que deux solutions imaginable à ses yeux ; Le suicide ou bien l'insensibilité ce qu'elle avait doucement commencé à développer malgré elle face à son tyran. Il était impossible d'envisager de quitter Andrew. Cependant, le Duc aussi devait se faire soigner et quelqu'un devait bien lui faire comprendre de quelque façon qu'il soit qu'il était malade, que la situation actuelle était terrible.
C'était ça le piège ; bien que ce soit difficile à envisager, Andrew n'avait pas un mauvais fond. Il n'était pas le plus honnête en affaire, il avait quelques penchants pour la drogue et la boisson, il était parfois méprisant et désagréable avec les gens qu'il côtoyait, voir même hautain, mais jamais il n'avait voulu rendre malheureuse Kathérina. Au contraire, il lui offrait tout ce dont une femme pouvait rêver, et si l'on occultait le sadisme du Duc, ses tendances à la violence et à la « punition », Kathérina aurait pu être la femme la plus heureuse au monde et lui, l'homme le plus heureux de la terre. Pourquoi il n'en était rien ? La relation que les époux entretiennent est simple et compliquée.

On dit souvent d'une passion qu'elle est bonne lorsqu'elle se montre raisonnable et limitée. Depuis le premier jour, Andrew s'est passionné de la jolie blonde, il en a fait le blason mille fois, l'a croqué, photographié, touché sans s'en lasser. Il peut la fixer des heures durant, mais aussi la battre tout autant de temps ; il la trouvera alors toujours plus somptueuse dans la douleur, maculée de sang et son corps rachitique couvert de bleus. Mais au commencement, il n'alliait pas douleur avec art ; il agissait ainsi étant jaloux, étant possessif. Alors, cette soudaine visée artistique était simplement une humiliation de plus pour la déshumaniser, lui faire comprendre qui était le Maître. Tu veux te donner en spectacle Kath ? Tu ne seras plus sur scène, tu seras sur mes toiles, tu seras ma muse, mon œuvre d'Art, mon seul mais précieux trophée.  Si seulement ils ne s'aimaient pas, cela serait mille fois plus simple pour eux de mettre un terme à cela. Cependant, Andrew n'osait même pas imaginer le reste de sa vie sans son aimée et cette dernière devait bien avouer qu'elle l'adorait au point où elle venait à excuser tout le mal qu'il pouvait bien lui faire.
Du renfort, c'était ça qu'il fallait à la danseuse ; il lui fallait d'autres vies, des échappatoires, des histoires différentes, des soucis différents ! Quelque chose de tout nouveau, des vies qui s'entremêlent et des gens soudés à observer, qui s'aiment et ne sont pas forcés de se déchirer et de se faire du mal comme elle avec l'amour de sa vie qui préférait la dévorer et l'attacher à lui plutôt que de la laisser respirer d'elle même. Bonnie et Lyzbeth étaient un exemple type d'une relation simple, sans encombre. Bonnie aimait Lyzbeth comme elle aimait chacune de ses victimes ; d'un amour profond ce qui était réciproque. C'était tout, c'était simple. Elles partageaient tout, elles se nourrissaient de chaire humaine à la bouche de l'une ou de l'autre, elles dormaient dans les draps vermeilles sans se soucier du lendemain, de la lourde conséquence de leurs actes. Lyzbeth était jalouse des hommes à qui Bonnie se vendait pour la nuit mais ce n'était pas grand chose, presque rien en comparaison avec la jalousie maladive d'Andrew. Bonnie était là pour apaiser Lyz' et ce n'était pas pour se faire pardonner de quelque chose. Elle était là parce qu'elle ne se sentait coupable de rien, elle était là, simplement. Elle était sur le bureau depuis le début de la séance à gigoter et s'agiter lorsqu'elle entendait la psychiatre parler à Kathérina. Elle avait lancé des sourires en même temps qu'elle pour rassurer la frêle aristocrate que les mains d'Andy tenaient fermement, lorsque ses mots venimeux vinrent caresser son cou. Alors, elle soutiendrait Lyzbeth en cellule d'isolement pour lui épargner la lourde solitude.

« Eh bien, peut-être votre charmante compagnie peut-elle accomplir le même exercice. C'est assez simple, même si ça demande de la pratique pour agir vite ou en profondeur. C'est très agréable au bout d'un moment, vous verrez. »

Bonnie ne put s'empêcher de rire à nouveau à ces mots. Je connais d'autres choses plus agréables, lâcha-t-elle crûment en fixant Lyzbeth qui se mit à rire à son tour. Cette dernière fit un signe de la main à la psychiatre pour qu'elle développe ses propos « Allez y, j'vous écoute, qu'est ce que c'est votre truc ? Pitié pas du Yoga, c'est tellement ridicule toute ces positions incompréhensibles et cette histoire de.. communion avec sois-même. » Bonnie fit la moue lorsqu'elle entendit sa partenaire tenir de tels propos et elle vérifia que Kathérina n'était pas sous le bureau ou sous le divan cachée. Bonnie savait que la danseuse aurait été offensé de ces paroles de part sa profession où les « positions incompréhensibles » étaient d'usages. Plus de Kath aux alentours, sous aucun meuble. La blondinette avait prit cette habitude très animale de se terrer, d'attendre. Cela avait en partie contribué à sa folie ; l'attente insupportable, le questionnement perpétuel :  « va-t-il me frapper aujourd'hui ? A quelle heure ? Pour quelle raison ? » « va-t-il au contraire être tendre ? Pour quelle raison ? Cela durera-t-il toute la journée ? ». Et finalement, Andrew était imprévisible et cela cultivait l'espoir qu'un jour, tout s'arrange. Cela lui arrivait de ne pas être violent pendant une semaine tout au plus, d'être parfait et il regagnait ainsi la confiance de son épouse, elle s'épanouissait lors de ces instants de tendresse puis... à nouveau une chute aux limbes lui fracturait le crâne. Ainsi Alicia se développa ; elle comptait les secondes, les minutes, orchestrait comme un chef ses journées, répétait les actions cent fois pour être certaine de n'avoir rien oublié, d'avoir à nouveau été irréprochable pour qu'Andrew n'ait plus aucune raison de lui faire du mal.

« A propos... Ai-je rencontré tout le monde ? »
Lyzbeth arrêta tout mouvement un instant puis questionna Bonnie du regard. La nymphette cherchait toujours Kathérina, alors l'Andromaque en fit autant et regarda sous le divan tout en réfléchissant à sa réponse.

« Vous avez papoté avec Kathérina qui à première vue s'est envolée, où bien elle s'est à nouveau cachée. Vous avez parlé avec Bonnie il y a quelque jours alors que vous étiez au téléphone avec une personne de votre entourage. Vous avez déjà du commencer à les cerner toutes les deux. Vous avez vu cette enflure de Duc Barrow qui s'acharne à vouloir récupérer sa teeendre duchesse aussi, alors ne vous laissez pas amadouer par ce type insupportable ; si il manque un diable en Enfer, sachez que c'est lui qui en est parti. Et il y a Alicia.. vous avez rencontré Alicia ? C'est... comment dire... vous avez lu « Les Précieuses Ridicules » ? Elle est très maniérée, très maniaque aussi et... Oh je sais ! C'est une sorte de Bree Van Dekamp dans « Desperate Housewive » vous voyez, la ménagère bloquée entre la fin du XIXème siècle et le milieu du Xxème siècle. Elle est facile à reconnaître, parfaite jusqu'au bout des ongles, il faut que tout soit irréprochable et... elle est mysophobe et hystérique. Alors vous comprenez, il ne faut pas la toucher, lui éternuer dessus, ou tout ce qui pourrait comporter un contact. Oh et si vous désirez lui parler ici... faites le ménage. Minutieusement, sinon elle le fera elle même pendant la séance ce qui risquera d'être une perte de temps dans sa thérapie et Dieu sait à quel point elle en a besoin » finit-elle en riant.


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(t'inquiète paaas, on a tous une vie, j'aurais pas pu te répondre avant aujourd'hui de toute façon, donc bon timing :DD Bien sûr que ça me convient, comme d'habitude ;p )

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Message envoyé le : Ven 22 Juil - 16:48

Grace Waterhouse
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« Allez y, j'vous écoute, qu'est ce que c'est votre truc ? Pitié pas du Yoga, c'est tellement ridicule toute ces positions incompréhensibles et cette histoire de.. communion avec sois-même. »

Grace ne put s'empêcher de rire devant la brusquerie sans méchanceté de cette réponse, et son honnêteté à toute épreuve.

« Ne vous inquiétez pas, ce n'est rien d'ésotérique. Toutes les méthodes de relaxation au monde se focalisent sur la respiration, c'est très efficace et totalement scientifique. », répondit-elle pendant que sa patiente inspectait la salle du regard comme si elle était à la recherche de quelque chose.

Elle hocha la tête en entendant la jeune femme lui décrire sa dernière personnalité. « maniaque », « maniérée »... Elle aussi contenait un fragment de la femme parfaite que recherchait sans doute le Duc, et qui avait dû l'attirer vers Kathérina... Il était sûrement sincère dans son admiration et son amour, et cela le rendait d'autant plus dangereux. Si seulement il pouvait prendre conscience de son comportement destructeur et accepter une thérapie pour le corriger... Mais c'était rarissime chez les pervers narcissiques, et même lorsqu'ils faisaient mine d'accepter les soins, ils tentaient de manipuler leurs thérapeutes.
Pour l'instant, de toute façon, elle n'avait que l'ex-danseuse sous la main.

« Faisons-le ensemble, d'accord ? Fermez les yeux, posez une main sur votre ventre... Essayez de sentir chaque partie de votre corps, une à une. Vous pouvez bouger, vous gratter si ça vous démange, aucun souci. »

Elle guida ainsi la jeune femme à travers quelques étapes d'une méditation rapide, trois minutes tout au plus, avec une ou deux autres pour les explications. C'était un mélange de respirations de yoga, de techniques d'auto-hypnose et de relaxation qu'elle avait assemblées à partir de toutes les pratiques qu'elle avait connues au fur et à mesure de sa formation et de son expérience personnelle en dehors. Testée sur plusieurs patients à Sydney et amendée en fonction des résultats, le tout était devenu très efficace, et assez court pour intéresser les patients les plus énergiques, comme Lyzbeth semblait l'être. Même Bonnie pourrait trouver le processus suffisamment agréable pour le faire d'elle-même.

« Et... Vous pouvez rouvrir les yeux. Souriez ! C'est important. Votre cerveau analyse vos expressions et en déduit que le petit entraînement que nous venons de faire vous a plu. C'est le cas ? »

Elle espérait bien sûr une réponse positive, mais elle était prête à trouver des solutions si jamais ça n'avait pas bien marché. Elle était très adaptable dans sa pratique, ayant étudié de nombreux aspects différents de la psychologie, autant la psychanalyse que les concepts asiatiques de l'esprit et du corps, et elle savait qu'elle finirait par trouver ce qui convenait à la jeune femme, et à chacune de ses personnalités, à travers leurs points communs.

« Veuillez présenter mes excuses à Alicia pour l'état de la salle... Je n'ai pas pu faire mieux. », dit-elle en se levant, et en s'approchant de sa patiente en tendant le bras pour lui indiquer de se lever. « Nous en avons fini pour aujourd'hui... Essayez de refaire l'exercice une ou deux fois par jour, si vous avez envie de changer certains points, n'hésitez pas à tester et dites-moi ce qui fonctionne pour vous. »

Elle mena l'internée jusqu'à la porte, sans la toucher, et ouvrit enfin au garde qui patientait, l'air revêche, de l'autre côté. Il était visiblement très vexé qu'on l'ait ainsi fait attendre alors que l'heure de la fin du rendez-vous était dépassée d'un bon quart d'heure. Grace lui adressa un petit sourire d'excuse, avant de se tourner à nouveau vers sa patiente.

« Nous nous reverrons dans quelques jours. Si vous avez besoin de parler, ou de quoi que ce soit, n'hésitez pas à me demander, je peux descendre vous voir à votre cellule, ou nous pourrons avoir un petit entretient en privé ici si vous en ressentez le besoin. C'est d'accord ? »

Elle offrit un dernier sourire chaleureux et plein d'espoir à la jeune femme qu'elle tentait de soigner. Si elle parvenait ne serait-ce qu'à la faire se sentir à l'aise, ce serait déjà un progrès. Mais elle avait confiance, Kathérina parviendrait, petit à petit, à se reconstruire en dehors de la relation qui l'avait brisée... Si on lui en laissait le temps, et qu'on la soutenait sans conditions dans cette voie.

[est-ce que ça te convieeeent ?]

Grace Waterhouse


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